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CANAL + : “Dirty Wars”, la sale guerre d’Obama - Chien Guevara (qui vient de le voir)

Pour une fois que la télévision dit autre chose ...

Documentaire | En Irak, au Yémen ou au Pakistan, les Etats-Unis ont recours aux assassinats ciblés au nom de la lutte contre le terrorisme. Enquête en première ligne d’un journaliste qui frappe fort, Jeremy Scahill.

« Ils les ont tous tués en un seul jour. » Jeremy Scahill revient sur un massacre commis à Gardêz, en Afghanistan.

Voilà un film qui porte des accusations extrêmement graves : l’Amérique d’Obama a enfanté une machine folle, meurtrière. Chaque jour, au nom de la lutte contre le terrorisme, des commandos des forces spéciales US et des drones armés de missiles traquent leurs « cibles ». En Irak, en Afghanistan, en Somalie, mais aussi hors les zones de guerre, comme au Pakistan ou au Yémen, ils tuent des cadres d’al-Qaida... mais aussi des militants présumés, voire en devenir. Ils donnent la mort de façon préventive, donc. Et ils tirent parfois « dans le tas », massacrant l’entourage de la cible, femmes, enfants, bétail, voisins, vieillards...

D’accord, ce n’est pas tout à fait un scoop. Le programme d’assassinats ciblés de la Maison-Blanche a fait l’objet d’enquêtes et d’articles – y compris dans Télérama. Les fameuses kill lists, et l’implication personnelle de Barack Obama dans l’établissement de ces « listes des hommes à abattre », ont été révélées par le New York Times en mai 2012. Les « domma­ges collatéraux » de ces missions secrètes sont régulièrement dénoncés par Amnesty International et par Human Rights Watch.

N’empêche, Dirty Wars fait l’effet d’un électrochoc. Ce n’est pas un rapport distancié, froid et détaché, mais une plongée dans le vif du sujet, auprès de familles anéanties, qui hésitent entre le deuil passif et le djihad contre l’Amérique sanguinaire. Et c’est un coup de projecteur sur les activités effrayantes du Joint Special Operations Command (JSOC), ce corps d’armée aux ordres directs de la Maison-Blanche, détenteur du permis de tuer en toute impunité et pour qui le monde entier est un champ de bataille.

Le réquisitoire est d’autant plus saisissant qu’il prend la forme d’un thriller. Une investigation fiévreuse menée tambour battant par Jeremy Scahill, journaliste d’investigation américain que la caméra du réalisateur Rick Rowley suit à la trace, risquant sa vie dans des régions hostiles d’Asie centrale ou obtenant les confidences d’agents de la CIA et de membres du JSOC. Jeremy Scahill surjoue le reporter de guerre qui, enquêtant sur les circonstances d’un bain de sang dans un coin d’Afghanistan (plusieurs villageois abattus, dont deux femmes enceintes), découvre peu à peu le pot aux roses, un programme d’assassinats à grande échelle et en roue libre.

Il « surjoue » car cette histoire de journaliste démasquant sous nos yeux une vérité qui l’horrifie, c’est du flan. En réalité, Jeremy Scahill, 39 ans, connaît le sujet par cœur. Longtemps spécialiste du contre-terrorisme américain (notamment pour l’hebdomadaire The Nation et l’émission Democracy now !), auteur en 2008 d’un livre-enquête retentissant sur la société militaire privée Blackwater, Scahill s’est illustré le 10 février dernier en lançant The In­tercept – avec les journalistes Glenn Greenwald et Laura Poitras. Un magazine en ligne qui ambitionne de mener un journalisme de combat, en particulier dans les domaines de la corruption et des dérives sécuritaires, et entend publier les fameux documents ultra secrets sur les programmes de surveillance de la NSA (le renseignement américain) fournis par Edward Snowden.

Jeremy Scahill se complaît-il dans la posture du journaliste seul contre tous, ultime rempart contre la barbarie ? Peu importe. Dirty Wars est un pavé jeté dans la mare, façon drone Predator. Ce film est taillé pour faire du bruit – en sus du prix du documentaire au Festival du film de Sundance, il a été nominé aux Oscars. Et même si on ne se fait guère d’illusions sur son impact réel auprès d’une opinion politique, médiatique et publique étonnamment amorphe, c’est un gros caillou dans l’engrenage de cette machine folle, qui nourrit le terrorisme plus qu’elle ne le combat. Comme le dit un membre masqué du JSOC, « c’est comme si on avait créé un énorme marteau qui cherche frénétiquement des clous à enfoncer ». Gare à l’effet boomerang.

SYNOPSIS

En enquêtant sur une bavure de l’armée américaine en Afghanistan, Jeremy Scahill, journaliste d’investigation, se retrouve plongé dans la campagne secrète antiterroriste menée par la Maison-Blanche. Depuis un point reculé d’Afghanistan jusqu’au Yémen, il enquête sur les raids nocturnes menés par l’armée américaine et sur les frappes ratées, qui ont coûté la vie à plusieurs innocents. Dans sa ligne de mire également, l’assassinat d’un citoyen américain, Anwar al-Awlaki, placé sur liste noire, et de son fils de 16 ans. Des agents de la CIA, des forces spéciales, des généraux de l’armée et des proches des civils tués par des tirs hasardeux apportent leur témoignage...

LA CRITIQUE TV DE TELERAMA

Février 2010, province de Zaboul, sud-est de l’Afghanistan. Trois femmes (dont deux enceintes) et deux hommes sont tués en pleine nuit. Officiellement, c’est un crime d’honneur, une tragique histoire de famille. Mais les autorités américaines ne peuvent réfuter très longtemps que ce bain de sang est la conséquence d’un raid nocturne foireux des forces spéciales US chargées de « neutraliser » les talibans.

De cette bavure, qu’il ausculte sur place en interrogeant les témoins, le journaliste d’investigation Jeremy Scahill (1) tire un long fil dans les arcanes du contre-terrorisme américain. Il dévoile peu à peu les activités secrètes du Joint Special Operations Command (JSOP), une armée d’élite qui a pour mission d’accomplir le programme d’assassinats ciblés d’Obama. Et il donne à mesurer les proportions folles, incontrôlées, monstrueuses de cette guerre cachée qui tue sans discernement.

Jeremy Scahill a choisi le ton de la chronique intimiste dopée au thriller. Il livre ses états d’âme en voix off tandis que la caméra le colle : on le voit courir les zones de conflits, cogiter intensément, épingler au mur les éléments de son enquête... On peut s’agacer du procédé, mais, ainsi « fictionnée », la démonstration s’avère diablement efficace. Dirty Wars est un film indigné, outré, qui dénonce avec force une dérive morale (des innocents sont tués) et stratégique (cet antiterrorisme est contre-productif).

PROCHAINES DIFFUSIONS TV de Dirty Wars

Vendredi 21/03/2014 à 10:21 sur Canal+ Polynésie VOST

Vendredi 21/03/2014 à 10:31 sur Canal+ Afrique Ouest VOST

Vendredi 21/03/2014 à 10:55 sur Canal+ VOST Sous titrage malentendant (Antiope)

Mardi 25/03/2014 à 01:42 sur Canal+ Polynésie VOST

Mardi 25/03/2014 à 02:06 sur Canal+ Afrique Ouest VOST

Mardi 25/03/2014 à 03:00 sur Canal+ VOST Sous titrage malentendant (Antiope)

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