J’ai lu avec beaucoup d’attention et de bonne volonté les propos de Éliane Assassi et de André Chassaigne. (*)
Ils montrent l’énorme travail que les parlementaires de gauche effectuent pour amender les textes nocifs du gouvernement dans tous les domaines : réforme des retraites, réforme des collectivités territoriales avec la création des métropoles, le budget inacceptable en l’état, etc.
La question de la pertinence de leurs critiques (gravissimes) de la politique de F. Hollande et JM Ayrault, et leur bonne volonté pour limiter les dégâts n’est pas en cause. Non.
J’ai voulu essayer de comprendre ce qui les porte à être « dans un état d’esprit très offensif ». À avoir « des ambitions pour notre pays ».
Pêle-mêle, j’ai trouvé ceci.
Nous ne mettons pas sur le même plan les choix faits sous Sarkozy et ceux du gouvernement Ayrault...
Nous faisons tout pour montrer à quel point ce gouvernement fait fausse route, combien cette politique est contraire au changement voulu par les Français...
Nous ne sommes pas enfermés dans des postures. Nous ne sommes pas dans l’opposition, mais nous pensons qu’il est possible de mettre en œuvre dans notre pays une réelle politique de gauche. Tout notre engagement de parlementaires vise à faire vivre cette alternative, cette ambition...
Notre responsabilité n’est pas de passer notre temps à dire que ce que fait le gouvernement socialiste n’est pas bien, mais de faire la démonstration que d’autres choix à gauche sont possibles. Et c’est ce que nous faisons...
Dans ce cas, nous rejetterions ce texte. Nous n’en sommes pas là, nous ferons, y compris sur le financement, des propositions...
Toutes ces questions montrent aussi l’urgence de mettre en débat et en perspective l’avènement de la VIe République...
Nous ne sommes pas dans une posture politicienne. Nous entendons nourrir nos réflexions, nos choix et nos propositions du débat avec les élus sur le terrain, avec les citoyens et le mouvement social et syndical. Avec un objectif : gagner des avancées...
Mener le débat public sur les choix du gouvernement et leurs impasses, redonner de l’espoir en montrant que d’autres voies peuvent être ouvertes à gauche constituent notre ligne de conduite pour faire bouger les choses dans notre pays...
Il ne faut pas perdre notre boussole. Nous ne voulons pas du retour de la droite et nous ne voulons pas que l’extrême droite s’installe en force dans notre pays. C’est pourquoi nous faisons attention à ne pas nous situer dans l’opposition, mais à être la force qui porte l’idée qu’une autre politique de gauche est possible...
Il y a une grande colère. À un niveau rarement atteint. Nous ne sommes pas de ceux qui entendent mettre un couvercle sur cette colère. Celle-ci a besoin de s’exprimer. Il faut essayer de lui donner une direction en lui ouvrant le chemin de l’exigence d’une autre politique. La colère populaire doit être une colère constructive. C’est la force des communistes de travailler à cela, de voir la situation dans son mouvement avec toutes ses contradictions et ses possibilités. C’est difficile, mais il n’y a pas d’autre choix...
Et je suis revenu à mon interrogation initiale : qu’est-ce qui les porte ces braves parlementaires ?
Il y a bien sûr « la grande colère. À un niveau rarement atteint. »
C’est bien possible, mais les signes extérieurs de manifestation d’une colère de masse font à mon avis défaut.
Moins tonitruant, plus modeste, il y a aussi : « gagner des avancées... » par des débats sur le terrain. « Faire bouger les choses dans notre pays... »
Le lecteur attentif des extraits ci-dessus trouvera peut-être d’autres éléments qui lui permettront de comprendre la combativité des représentants de la gauche au parlement.
Pour ma part, je pense que ce qui leur donne tant de fougue c’est qu’ils sont portés non pas de façon concrète par ce qu’il faut bien appeler l’atonie de la population mais, de façon compensatoire et idéologique par un courant qui leur est invisible et qui est pourtant bien réel : la toute puissance des socialistes, leur règne au Parlement et à l’exécutif.
Je veux dire que s’ils se défendent d’être dans l’opposition, et c’est bien naturel puisque l’opposition en ce moment est la droite, c’est parce qu’ils sont cependant fondamentalement dans l’opposition mais, par nécessité, par fatalité, seulement de sa majesté.
Le constater, ce n’est pas une accusation, or : « C’est difficile [à dire], mais il n’y a pas d’autre choix. »
(*)http://www.humanite.fr/politique/eliane-assassi-andre-chassaigne-l-irruption-citoye-549625