Avec des périodes d’épidémie différentes, les municipalités comptant jusqu’à 20 000 habitants, initialement peu touchées par Covid-19, ont connu une explosion de cas au cours du second semestre et ont enregistré un pourcentage d’augmentation des décès plus élevé au cours de cette période.
Une enquête menée par le journal la Folha de São Paulo (datée du 9 anvier 2021) montre que si le pourcentage de décès au Brésil a augmenté de 227 % au cours du second semestre par rapport au premier, dans les 3 797 municipalités comptant jusqu’à 20 000 habitants, l’augmentation moyenne a été de 503 %.
Le nouveau coronavirus a déjà atteint toutes les municipalités brésiliennes et a fait plus de 200 000 morts dans le pays.
Les données révèlent également que plus la population de la municipalité est petite, plus cette croissance est importante. Dans les villes de moins de 5 000 habitants, l’augmentation a été de 850 %, dans celles de 5 à 10 000, de 603 %, et dans celles de 10 à 20 000, de 434 %.
Malgré cette augmentation, il reste 544 municipalités qui n’ont pas enregistré de décès. Elles ont toutes de moins de 30 000 habitants. Les cas de covid ont atteint toutes les régions du Brésil après que la ville de Cedro do Abaeté, dans le Minas Gerais, ait eu son premier cas en décembre.
Les experts associent cette plus grande croissance dans les villes moins peuplées à deux facteurs : l’internalisation de la maladie, qui a d’abord atteint les grands centres, et le manque de structure dans les petites villes pour s’occuper des patients graves.
Tarcísio Marciano da Rocha Filho, professeur à l’Institut de Physique de l’UNB (Université de Brasilia), évalue que cette croissance plus forte des décès dans les petites villes, au second semestre, est liée à l’internalisation de la maladie.
Le Covid-19 a commencé dans les grandes villes, puis le nouveau coronavirus est entré à l’intérieur du pays, et a progressé dans les villes plus petites.
"Plus la ville est petite, plus la tendance à retarder l’apparition de la maladie est grande car il y a moins d’étrangers qui circulent. Lorsqu’elle commence en ville, la population elle-même alimente cette augmentation. La façon dont le gestionnaire et la population vont traiter le virus va influencer la croissance des cas et, par conséquent, le nombre de décès", a-t-il déclaré.
Le ministère de la santé a indiqué dans une note qu’il est possible d’identifier une transition des cas et des décès de Covid-19 des régions métropolitaines vers l’intérieur du Brésil. Dans l’analyse du dossier, entre le 22 et le 28 mars, 87% des nouveaux cas ont été enregistrés dans les capitales et les régions métropolitaines.
Du 14 juin au 2 janvier, la plupart des nouveaux cas ont été enregistrés dans les villes de l’intérieur. Pendant cette période, le pourcentage de cas dans la région intérieure a varié de 51 à 65% selon la semaine épidémiologique.
Le dossier ajoute qu’en ce qui concerne les nouveaux décès, on observe un comportement similaire, puisque 89% des décès ont été enregistrés dans les régions métropolitaines entre le 22 et le 28 mars. Entre le 30 août et le 5 septembre, cette tendance s’est inversée, lorsque les régions intérieures ont atteint 53 % des nouveaux décès dans le pays.
"Il est important de préciser qu’il existe des variations dans le pourcentage de cas et de décès par Covid-19 qui se produisent dans les régions métropolitaines et intérieures qui sont constamment observées et analysées par le ministère de la Santé", a-t-il déclaré dans une note.
Água Branca, dans l’État du Piauí, compte 17 000 habitants et représente l’une des villes où le Covid-19 fait le plus de morts pour 100 000 habitants. Selon les données du ministère de la santé, il y a eu 47 décès, dont 34 au cours du second semestre.
Selon Amilton Feitosa, secrétaire municipal à la santé, la ville est une référence dans la région pour les cas de complexité moyenne et dessert 16 municipalités. Cependant, des cas graves ont dû être transportés vers la capitale Teresina, à 92 km de là.
En raison de l’augmentation du nombre de cas et de décès, plusieurs mesures ont été prises. Parmi eux, la recherche active et le programme "Selo Amigo do Idoso" "Patch Ami de nos Anciens, qui consiste à classer les ménages en vert, jaune et rouge. Le rouge, par exemple, représentait le logement des personnes âgées qui courent un risque grave pour le Covid-19.
"Les personnes qui se rendaient dans les maisons avec ce patch savaient déjà qu’elles devaient être plus prudentes. Nous avons pu réduire considérablement le nombre de décès, aujourd’hui nous en avons en moyenne un par mois", a-t-il déclaré.
Remarque de la traductrice : on entend (et on ré-entend) que le covid ne tue qu’un faible pourcentage de la population (1 million sur 8 milliards, une paille !) mais ce sont toujours les mêmes qui trinquent : les pauvres et les plus fragiles. Et le service public, au Brésil comme en France, que l’on démonte jour après jour...