Allez les bleus
HéHé Yen a des cons,
Yavait eu antan lontan les violets du Heysel .
https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/sports/article/quand-le-football-tourne-au-28272
C’est vrai qu’ils sont plaisants, tous ces petits villages,
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages,
Ils n’ont qu’un seul point faible et c’est d’être habités.
Et c’est d’être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts,
La race des chauvins, des porteurs de cocardes,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part.
Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
Empalés une fois pour tout’s sur leur clocher,
Qui vous montrent leurs tours, leurs musé’s, leur mairie,
Vous font voir du pays natal jusqu’à loucher.
Qu’ils sortent de Paris, ou de Rome, ou de Sète,
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar,
Ou même de Montcuq, ils s’en flattent mazette,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part.
Le sable dans lequel, douillettes, leurs autruches
Enfouissent la tête, on trouve pas plus fin,
Quant à l’air qu’ils emploient pour gonfler leurs baudruches,
Leurs bulles de savon, c’est du souffle divin.
Et, petit à petit, les voilà qui se montent
Le cou jusqu’à penser que le crottin fait par
Leurs chevaux, même en bois, rend jaloux tout le monde,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part.
C’est pas un lieu commun celui de leur naissance,
Ils plaignent de tout cœur les pauvres malchanceux,
Les petits maladroits qui n’eur’nt pas la présence,
La présence d’esprit de voir le jour chez eux.
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire,
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares,
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part.
Mon dieu, qu’il ferait bon sur la terre des hommes
Si on n’y rencontrait cette race incongru’,
Cette race importune et qui partout foisonne :
La race des gens du terroir, des gens du cru.
Que la vi’ serait belle en toutes circonstances
Si vous n’aviez tiré du néant tous ces jobards,
Preuve, peut-être bien, de votre inexistence :
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part.
1981
Les immigrés clandestins, au nombre d’environ 300 000, sont autorisés à régulariser leur situation. À Lunel, entre Nîmes et Montpellier, 25 000 habitants, apparaît sur la place du marché un grand graffiti : Mort aux Arabes. Personne ne se soucie de le faire effacer. Deux ans plus tard, deux élus du Front National entreront au Conseil Municipal. Onze ans plus tard, 15 Lunellois partiront faire le Djihad chez Daech en Syrie, où mourront huit d’entre eux. Aux élections régionales de décembre 2015, le Front National fera 47 %. La ville compte 37 policiers municipaux, 50 gendarmes, 2 membres des Renseignements territoriaux et Pierre de Bousquet, préfet, enfonce des portes ouvertes en déclarant : C’est un échec collectif de notre société. Si, en 1981, un autre graffiti avait été mis sur la place du marché : Mort aux Juifs, il n’aurait pas tenu plus d’une demi-journée, et l’ordre de l’effacer serait même peut-être venu de Matignon. Mais Mort aux Arabes, si personne ne se soucie de l’enlever c’est que cela convient à une majorité. Si le maire avait fait son boulot, et à défaut, le préfet, en ordonnant de l’effacer sans délai, peut-être que onze ans plus tard, il n’y aurait pas eu quinze jeunes qui aient envie de répondre à cet appel à la haine par une autre haine. Mais le courage, – et il en aurait fallu dans cet environnement – c’est bien ce qui manque le plus dans la classe politique.
https://www.unjournaldumonde.org/2008/08/24/4-novembre-1979-au-25-mai-1985-seville-demi-finale-danthologie-drame-du-heysel-les-russes-en-afghanistan-22043/