Ce problème était connu des écologistes des années 60. Le problème est qu’avec le mouvement anti-nucléaire des années 60-70, le mouvement écologique, en devenant un mouvement de masse, s’est complètement fait récupérer par les élites qui tirent profit de la gabegie induite par notre mode de vie, la civilisation industrielle de consommation de masse.
Un autre élément du problème, pas le moindre, est de savoir ce que nous voulons, alors que la révolution industrielle a permis de réaliser ce que des siècles de dictatures religieuses n’avaient pas réussi à faire, à savoir que le peuple, les opprimés, celles et ceux que les marxistes appellent les prolétaires, ont adopté la morale bourgeoise ainsi que les attentes des bourgeois.
Imagines un politicien dont le programme soit de développer une société basée sur le local, de développer l’autosuffisance dans tous les domaines et pour cela, de fermer tous les secteurs qui concurrence cette autosuffisance comme les mines, les hauts-fourneaux et les sociétés faisant de l’import-export, de fermer les centres commerciaux et de dire aux électeurs qu’ils doivent cultiver leur nourriture dans leurs jardins ou dans des jardins communaux, et comme il n’y a pas de gisement d’uranium et de pétrole en France ou en Suisse pour produire de l’électricité et de l’essence en masse, de se passer des voitures et d’utiliser des signaux de fumée, des tam-tams et des pigeons voyageurs en guise d’internet (rien que pour les gros serveurs d’internet, le calcul a été fait, c’est 2 centrales nucléaires de belle taille ; il faudrait rajouter encore la consommation de toutes les autres machines branchées…), etc. Combien de gens voteraient pour lui ?
Je ne suis même pas sur qu’il obtienne 0,1 % des voix. Et que s’il obtiendrait plus de 1% des voix, il serait condamné à mort... un accident est si vite arrivé...
Dans un pays comme le Venezuela où les peuples indigènes représentent 5% de la population, je ne suis même pas sur qu’il obtienne 5% des voix.
Mais malheureusement que l’on ne vienne pas me parler de voter communiste pour ça. Si les gouvernements de gauche sont effectivement plus sociaux que ceux de droite, ils ont exactement le même programme industriel forcené à base d’extractivisme autoritaire que la droite, ceci car ils sont autant progressistes (Vive le progrès et son scientisme !) et productivistes (Vive le travail obligatoire et son aliénation !) que les capitalistes. Cet extractivisme fait disparaître les conditions écologiques nécessaires aux seuls modes de vies durables qui existent sur cette planète, les modes de vie des peuples indigènes.
La bonne question est donc que faire pour que les opprimés se débarrassent de la morale bourgeoise et des fausses attentes des bourgeois, pour qu’ils redeviennes des prolétaires, des gens du peuple ?
Et là je n’ai aucune réponse. Tout au plus je comprends pourquoi certains écolos des années 60, avant que ce mouvement ne soit récupéré, disaient déjà que c’était trop tard. Tout ce qui se passe aujourd’hui leur donne raison. W. Reich parlait d’éduquer le peuple, malheureusement le système éducatif ne sert pas à éduquer les gens mais à les transformer en moutons soumis et castrés.
Ce qui m’amène à penser que ceux qui sont dans le vrai aujourd’hui sont des mouvements comme DGR (Deep Green Resistance) qui partent du constat qu’arrêter la civilisation industrielle fera toujours moins de dégâts que continuer à la laisser faire. Pour cela, ils prônent "guerre écologique décisive" basée sur deux axes : 1) arrêter la civilisation industrielle en lui coupant les veines (faire sauter pylônes électriques et oléoducs - la capitalisme ne survivra pas à l’effondrement de la civilisation industrielle) ; 2) développer des alternatives locales basées sur l’auto-suffisance dans tous les domaines. DGR s’occupe du développement des alternatives durables.