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Beaucoup de Roumains émigrent dans l’UE sans leurs enfants, par Justyna Pawlak.



Emigrante, AlexFalco Chang






Reuters}, Balaciu, Roumanie, lundi 24 décembre 2007.


De nombreux parents, désespérés, quittent la pauvreté des campagnes roumaines en quête de travail en Europe occidentale, laissant derrière eux leurs enfants, qui sont élevés par d’autres.



Depuis que la Roumanie a adhéré à l’Union européenne début 2007, des milliers d’enfants ont été confiés à leurs grands-parents, à des voisins ou aux autorités locales tandis que leurs parents cherchaient du travail, souvent illégalement, sur des chantiers en Italie ou dans des vergers en Espagne.

"Le phénomène s’est accentué depuis que la Roumanie a rejoint l’UE, ce qui a permis la libre circulation à travers les frontières en Europe occidentale", explique Mariela Neagu, qui dirige l’organisme chargé de la protection des enfants.

"Les parents voient cela comme un sacrifice pour leurs enfants, pour leur donner un avenir meilleur."

Dans certaines écoles, plus de la moitié des élèves vivent sans l’un de leurs parents, voire les deux. De nombreux villages du nord et de l’est de la Roumanie ne semblent habités que par des enfants et leurs grands-parents.

Selon des chiffres officiels, 80.000 des quatre millions d’enfants environ que compte le pays ont un parent, ou les deux, qui travaillent à l’étranger. Des travailleurs sociaux et des bénévoles évoquent quant à eux des chiffres bien plus élevés.

Bogdan Lacatus avait sept ans quand son père est parti en Espagne pour trouver du travail, et onze ans quand sa mère a quitté leur village du sud de la Roumanie pour suivre son mari.


"Je crois qu’ ils vont revenir"

Ce garçon frêle aux grands yeux bruns et à la voix douce vit à présent dans une structure d’Etat, en attendant que ses parents viennent le chercher ou que les services sociaux lui trouvent une famille d’accueil.

"Je crois qu’ils vont revenir", dit-il.

Il pourrait attendre longtemps, si l’on en croit les travailleurs sociaux, qui n’ont pu localiser aucun de ses parents. La mère de Bogdan, revenue en Roumanie brièvement, est repartie au bout de quelques jours.

Des parents éloignés ont tenté d’obtenir la garde de Bogdan et de ses frère et soeur, plus jeunes que lui, depuis que leur mère a quitté le pays, il y a des mois. Les services sociaux les jugent plus en sécurité sous la garde de l’Etat, à l’abri des mauvais traitements et de la pauvreté.

"Les parents doivent nous informer quand ils laissent des enfants derrière eux pour que les autorités locales les surveillent", explique Nicolae Badea, qui travaille pour l’organisme de protection sociale chargé du dossier de Bogdan. "S’il y a des problèmes, nous les prenons en charge."

D’une certaine façon, Bogdan a de la chance. Il va sans doute éviter l’un des grands orphelinats devenus tristement célèbres au début des années 1990 pour les terribles conditions dans lesquelles les enfants y étaient accueillis, et qui ont quasiment disparu depuis.

Mais l’Etat roumain, pauvre, vient de commencer à rénover son système de prise en charge des enfants, corrompu par des années de dictature. L’accueil y est sans doute meilleur maintenant, mais certains déplorent que la bureaucratie, la corruption et l’incompétence entravent les réformes, et que de nombreux enfants ne bénéficient d’aucune protection.


Enfants des rues

Les enfants, parfois très jeunes, sont omniprésents aux carrefours les plus fréquentés de Bucarest où ils se faufilent entre les voitures à l’arrêt pour mendier. D’autres hantent les passages souterrains, où ils reniflent de la colle.

Ce problème n’est pas exclusivement roumain. Plusieurs autres pays d’Europe orientale sont eux aussi concernés.

La Roumanie a demandé à l’Espagne et à l’Italie, principales destinations de l’émigration économique roumaine, de mettre en place des programmes-pilote d’apprentissage de la langue locale dans les écoles, afin de faciliter l’intégration des enfants et d’encourager les parents à les emmener avec eux.

Dans la petite école de Bogdan, située au bord d’un chemin de terre et entourée d’arbres fruitiers dont s’occupent les enfants, on apprend le français et l’anglais.

"Ces enfants ne sont pas nourris et habillés comme il faut. Ils sont intelligents et gentils mais ce serait mieux que leurs parents soient là ", estime Mariana Mirea, son institutrice.

L’émigration économique est un pilier de l’économie roumaine. Deux millions de Roumains, soit un habitant sur dix, vivent à l’étranger depuis la chute du communisme, en 1989.

Selon des chercheurs, une génération entière d’enfants grandit sans un environnement familial approprié. Le nombre d’années que les enfants roumains passent à l’école est déjà l’un des plus faibles de l’UE, selon des chiffres Eurostat.

Filanda, mère de trois enfants, vit de petits boulots à Milan avec son mari. Elle dit n’avoir pas pu emmener ses enfants quand elle est partie en Italie en janvier. "Ce sont mes enfants, et je suis triste", dit-elle, refusant de donner son nom complet. "Il n’y avait aucun espoir en Roumanie. Ici, il y en a un peu."

Justyna Pawlak
Avec Iulia Rosca à Bucarest et Marie-Louise Gumuchian à Milan

- Version française : Natacha Crnjanski pour Reuters.




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