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Au sujet du Venezuela et d’une déclaration de la CGT.

Depuis plusieurs jours on était en droit d’attendre une ferme condamnation par la CGT de la tentative de putsch au Venezuela ! Il n’en sera rien !

En fait sans aller aussi loin que leurs compères de la CFDT dans leur soutien à Macron et Guaido, la direction de la CGT et Philippe Martinez cherchent dans leur déclaration à renvoyer tout le monde dos à dos. 

* Cette prise de position ne condamne pas clairement le leader fascisant Juan Guaido dans sa tentative de coup d’état perpétré avec l’appui des USA, de leurs vassaux Latinos américains, de l’UE et de la France.

Aux côtés de ces gouvernements, les médias présentent scandaleusement cet usurpateur comme un jeune démocrate épris de liberté, quand à l’instar de Macron il est un falsificateur. En fait il est un libéral à tout crin, représentant presque caricatural de cette bourgeoisie Vénézuélienne arrogante et féodale d’Altamira ce quartier hyper résidentiel de Caracas.

* Cette déclaration de la CGT interprète celle du secrétaire général de l’ONU qui non seulement refuse d’admettre les prétentions illégitimes de Juan Guaido, mais reconnait Nicolas Maduro comme seul et unique Président du Venezuela, démocratiquement élu. Faut il rappeler que l’immense majorité des pays membres de l’Assemblée Générale de l’ONU soutiennent Maduro, y compris la majorité de l’Organisation des Etats Américains (OEA) pourtant sous influence directe de Washington.

* Par ailleurs, le département international de la CGT condamne « les atteintes aux droits humains » et « une situation économique et sociale épouvantable », laissant entendre hypocritement qu’elles sont le fait du gouvernement Bolivarien du Venezuela. Mais, elle se garde bien de stigmatiser la subversion depuis plusieurs années de l’extrême droite, les ingérences militaires de la Colombie avec l’appui des Etats Unis, les tentatives d’assassinat de Nicolas Maduro, les menaces successives d’intervention armée des USA comme celles du nouveau président fasciste Brésilien, le rôle des services secrets Etatsuniens des multinationales et de certaines ONG pour déstabiliser un gouvernement légitime comme elles l’on fait et continuent à le faire en Bolivie, au Nicaragua, à Cuba et partout ou les peuples défendent leur souveraineté face aux ingérences, aux sanctions économiques et financières .

* Dans sa déclaration la CGT se déclare « prête à oeuvrer aux côtés de la CSA »( Confédération syndicale des Amériques ou TUCA) structure régionale de la CSI qui a condamner à plusieurs reprises le régime de Nicolas Maduro. Elle souhaite apporter son concours aux affiliés vénézuéliens de la CSI : l’ASI, et la CTV (Confédération des travailleurs vénézuéliens) cette Centrale est connue particulièrement pour sa corruption. Elle est en effet, la partenaire privilégiée de l’AFL-CIO qui la finance comme ce fut le cas à l’occasion du coup d’état de 2002 contre Hugo Chavez ou elle reçu officiellement à cette occasion la somme de 159 000 dollars US pour se retrouver aux côtés du patronat putschiste, finalement mis en échec par la mobilisation populaire.

* Une fois encore la direction de la CGT se trompe de camp et se retrouve du mauvais côté de la barricade, c’est à dire celui ou campe la CFDT et particulièrement la CSI à laquelle il y a des années, elle a fait le choix de s’affilier et dont il faut rappeler qu’elle est l’héritière de la CISL(Confédération internationale des syndicats libres). Cette organisation dont la structure sud américaine fut l’ORIT(ex TUCA-CSA) instrument volontaire dans la répression sanguinaire et de masse des progressistes et syndicalistes d’Amérique Latine qui luttaient contre les dictatures de Pinochet, Videla et autres régimes dictatoriaux, les mêmes dont l’extrême droite vénézuélienne et brésilienne se déclare nostalgique. 

* Cette déclaration tortueuse du département international de la CGT montre une forme de duplicité car en réalité, elle cherche à se camoufler en donnant l’impression de ne prendre aucunement partie entre le gouvernement de Nicolas Maduro et les factieux de Juan Guaido. En fait elle manque de courage et se refuse à témoigner la plus élémentaire des solidarités aux travailleurs, à la majorité des citoyens Vénézuéliens à leurs authentiques forces syndicales et populaires qui résistent depuis longtemps à l’extrême droite.

* Elle n’apporte aucun soutien aux importantes réformes sociales engagées par Hugo Chavez puis Nicolas Maduro, malgré l’hostilité déclarée de la réaction vénézuélienne et des Etats-Unis avides de mettre la main sur les ressources pétrolières du Venezuela, dont Juan Guaido souhaite la privatisation de cette industrie au plus vite.

Comme hier en faveur de la République Espagnole, la CGT dont de nombreux militants s’engagèrent dans les brigades internationales pour barrer la route au fascisme, s’honorerait en prenant partie pour le pouvoir populaire et démocratique du présent légitime Nicolas Maduro. Elle devrait organiser partout dans les entreprises la solidarité pour faire barrage à la tentative de coup d’état fasciste au Venezuela, à la menace de guerre voulue par les Etats Unis avec le soutien de l’Union Européenne, et de Macron, l’homme de la violence et de la répression contre le mouvement populaire des gilets jaunes.

Jean-Pierre Page

Déclaration de la CGT

La CGT exprime sa profonde inquiétude face à l’escalade des tensions au Vénézuéla.
Elle condamne fermement l’ingérence étrangère, incarnée en premier lieu par les États-Unis, qui ont reconnu Juan Guaidó comme « président par intérim » alors même qu’il n’y a pas de vacance du pouvoir. Cet « adoubement » par le président Trump porte la signature de John Bolton, son secrétaire à la sécurité nationale, qui s’est juré de faire tomber les pays de la « tyrannie de la troïka », à savoir le Vénézuéla, Cuba et le Nicaragua. Mais, cet acharnement politique ne saurait masquer la convoitise économique des États-Unis pour le pétrole vénézuélien.

À cette ingérence, s’ajoute maintenant celle de plusieurs pays de l’Union européenne dont la France qui vient, aujourd’hui, de reconnaître la légitimité de Juan Guaidó, au mépris du processus démocratique légitime au Vénézuéla.

Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a refusé d’accéder à la demande de Guaidó de reconnaître sa légitimité, indiquant que là n’était pas le rôle des Nations Unies. Il a, en revanche, proposé ses bons offices pour tenter de résoudre cette crise. De leur côté, les présidents du Mexique et de l’Uruguay ont convoqué, le 7 février, une conférence internationale, dans le but de trouver une issue raisonnable et pacifique à la situation actuelle. Le président Maduro a annoncé sa participation à cette conférence et s’est déjà engagé à la tenue d’élections législatives au cours du premier trimestre.

Nul ne saurait nier la situation économique et sociale épouvantable du Vénézuéla, pas plus que le manque de respect des droits humains. Mais, la CGT reste convaincue que c’est par un dialogue apaisé entre toutes les parties prenantes que pourra se dessiner une sortie démocratique et souveraine de cette crise.

Il faut substituer à l’ingérence extérieure la coopération internationale. La CGT se déclare prête à œuvrer aux côtés de la Confédération syndicale des Amériques (CSA) afin de coopérer avec les travailleurs et les organisations syndicales du Venezuela.
 
Montreuil, le 4 février 2019

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COMMENTAIRES  

05/02/2019 21:25 par François de Marseille

Et nul ne saurait nier que les gilets jaunes sont le fn.
Oh pardon, finalement il semblerait que Philippe Martinez, lui-même, aurait finalement réussi, à le nier.

06/02/2019 05:01 par alain harrison

Bonjour.
Philippe Martinez, candidat à sa propre succession à la tête de la CGT
L’actuel secrétaire général est pour l’instant le seul candidat déclaré aux élections prévues du 13 au 17 mai à Dijon.

Voilà une belle occasion pour les syndiqués.
Une Constituante Syndicale pour rendre le syndicat aux syndiqués ?

06/02/2019 09:57 par Assimbonanga

On s’interroge, en effet. Les cadres de la CGT se conforment-ils aux informations de la radio France Inter ?
Font-ils le choix de l’opinion publique majoritaire au détriment de la vérité ?
Sont-ils en pleine décrépitude intellectuelle ?
Ont-ils laissé tombé l’internationalisme, les contacts avec les camarades des autres pays ?
Sont-ils encore capables d’être dissidents ?
Le niveau de pensée et la capacité à élargir le regard semblent totalement dégradés.
Depuis le mandat Obama, les USA ont classifié le Venezuela comme dangereux pour la sécurité des Etats-Unis et personne n’a rien remarqué. Pas un cri de révolte. On a laissé démarrer la propagande qui aboutit aujourd’hui à ce simulacre de fausse révolte populaire sténographiée face caméras. Je ne suis jamais allée à la fête de l’Huma, mais n’est-ce pas le lieu précisément où ce cri aurait dû être poussé ? Les contacts internationaux ? Le ferment intellectuel ? J’y comprends plus rien !

06/02/2019 16:04 par chb

La C’jet certes embourbée embourgeoisée condamne quand même (enfin) l’ingérence, au contraire de France Inter et du choeur médiatique. C’est net dans le communiqué, et c’est mieux que ce qu’elle a commis à l’égard de la Syrie et d’autres cibles récentes de l’impérialisme, je trouve. La conf’ a aussi aligné (un peu de) ses troupes aux côtés des Jojos qui réclament la tête de Jupiter : sauf à constater plus tard que ce rapprochement dévoie ou plombe la résistance, c’est bienvenu.
Et puis, c’est ça qui nous reste de moins pire parmi les partenaires intermédiaires connus.
Vive la FSM, tiens.

06/02/2019 17:41 par robess73

comme d habitude .la cgt hors du coup !l

07/02/2019 07:04 par François de Marseille

C’est malheureux à dire mais j’aime pas du tout les voir a côté des gilets jaunes. Ils vont tout pourrir. C’est d’ailleurs peut être leur but.

07/02/2019 11:34 par Jean-Yves LEBLANC

La CGT n’est pas simplement hors du coup.
Ces derniers temps, les preuves de l’orientation collabo de la confédé s’accumulent à cadence accélérée. En plus de cette position foireuse sur le Vénézuela, citons :
 La première puis, maintenant, la deuxième série d’attaques contre l’historienne Annie Lacroix-Riz. Cette affaire n’est pas du tout anecdotique car elle révèle que toute la formation syndicale interne de la CGT vise à convertir tout l’appareil à la collaboration de classes.
 Les prises de positions initales totalement hostiles au Gilets Jaunes.

 La lamentable démarche du 6 décembre (en commun avec les autres syndicats CES) déplorant la violence des gilets jaunes et venant au secours de Macron en lui offrant de mettre un terme au mouvement à coups de "dialogue social".

 Les 12 semaines de refus de convergence avec le Gilets envers et contre la pression des bases syndicales. On a ainsi volontairement perdu l’occasion historique qu’offrait la convergence de trois ’pics’ : celui de la mobilisation des GJ, celui du soutien au sein de la population et celui du désarroi du gouvernement.

 La journée du 5 février qui n’avait rien d’une "grève générale", encore moins du point de départ de la grève illimitée réclamée en bas mais qui avait tout du contre-feu. La confédé, autosatisfaite, annonce dans son communiqué du 5 février les ’suites’(?!) qu’elle envisage : "D’ores et déjà, la CGT est force de propositions à travers l’organisation des mardis de « l’urgence sociale », les cahiers d’expressions populaires et des débats publics et le 8 mars." Avec ça, Macron va trembler !

 Ajoutons, pour l’anecdote, la conversion totale et ridiculement ostentatoire de tous les textes CGT au charabia de "l’écriture inclusive", oriflamme du néo-féminisme commun aux ’macronettes’ (genre Schiappa) et à la fausse gauche ...

Pour moi, ces indices laissent clairement apparaître la volonté confédérale de faire de la CGT (aux côtés d’autres forces de ’gauche’) un fer de lance de l’européisme et de la collaboration de classes.

07/02/2019 22:44 par mediacideur

A noter qu’en face, chez Sud Solidaires c’est... pire. On sait vraiment plus de quel côté se tourner. Voyez plutôt :

"Le régime de Maduro nie les libertés les plus élémentaires ; il réprime et tue celles et ceux qui résistent et, plus largement, la population la plus pauvre. Le clan au pouvoir a détourné à son profit les richesses du pays."

Et c’est bonnet blanc et blanc bonnet :

"Pour les travailleurs et travailleuses du Venezuela, pour le peuple vénézuélien, ni Maduro, ni Guaidó ne représentent « la voie de la démocratie et du progrès social »

Source

08/02/2019 01:02 par juan

je crois que les choses sont plus simple , pour le second tour des élections présidentielles il y a eu un appel à faire barrage ’ la direction de la CGT) quand il n’ y avait que 2 candidats il ne faut pas être agrégé en mathématique pour comprendre ce que ça veut dire
combien de secrétaires de fédérations ont appelé à Voter Macron au nom de la CGT ? au second tour , beaucoup !
il y avait pourtant une troisième solution c’était ne rien appeler , Macron passait avec 50,30 % philippe Martinez le savait aussi !
à l’arrivée Macron est passé avec 66%
alors brave gens les directions de la CGT ont ressenti la peur , les blonds allaient arriver , plus de liberté ect..
maintenant les mêmes crient au loup !
c’est la même chose pour le Venezuela ! on est solidaire mais du bout des lèvres , c’est encore tout frais l’URSS est tombé ! chut
soyons réalistes cama rrades !
mon impression est d’entendre la chanson de Jacques Brel Vesoul non je n’y pas plus loin avec l’accordéon de Marcel Azzola
et pourtant on va plus loin ... mais pas de l’avant en arrière
crois t’on encore qu’un autre monde est possible ? des cadres gèrent , dirigent , effectuent la communication ; les militants eux battent le pavé

09/02/2019 11:40 par dan

La CGT, que dire, me déçoit, et le mot est faible. Il y a bien le prochain congrès, il y aura sans doute des râles et des pleurs sur cette orientation calquée sur celle du "Parti" mais tout le monde sait que la direction du syndicat a déjà tout prévu et tout verrouillé d’avance car cela a toujours été comme ça à la CGT. Donc le syndicat va continuer, tout doucement, imperceptiblement, à péricliter au cours des élections professionnelles, le sang neuf va vite repartir d’où il est venu et la vielle garde des militants usés va continuer à régner et à mener son petit train train habituel de journées d’action en journées d’action.
Mais bon, ce que j’en dis....

09/02/2019 14:44 par Assimbonanga

Les gens de Sud écoutent C dans l’Air  ! C’est grave, quand même... Bien leur faire circuler ce NOTA BENE de Romain MIGUS :

"Notons au passage, que le « chavisme critique » soutient cette tentative de coup d’Etat institutionnel. Ce mouvement politique est un regroupement d’universitaires dont les voix sont abondamment relayées par leurs pairs européens malgré leur manque absolu de responsabilités politiques et de légitimité démocratique. Lorsqu’ils décident de soutenir électoralement un candidat, celui-ci peine à arriver à 0,5% des voix. Le 5 février, les représentants les plus éminents de l’extrême gauche intellectuelle vénézuélienne ont rencontré Guaido pour ne pas être exclus de la partie si jamais le coup d’Etat réussissait. Cette réunion met un terme définitif à la fable d’un « chavisme critique », censé représenter un courant politique indépendant. Imagine-t-on un « gaullisme critique » négocier avec Pétain leur participation au régime de Vichy ? Cette « troisième voie » imaginaire tant promue hors du pays (encore une fois) a désormais choisi son coté de la tranchée. Le slogan « Ni Maduro Ni Guaido », scandé par leurs réseaux internationaux vient de voler en éclats. Il serait donc judicieux que les soutiens étrangers de ce courant de l’opposition adoptent la position de leurs mentors vénézuéliens et s’alignent ouvertement sur les positions de Trump, de Bolsonaro, d’Uribe, de Macron."

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