SAO PAULO.– Le Tribunal régional fédéral de la Troisième Région du Brésil, a ordonné le 29 mai dernier la restitution de ses droits d’ancien président au leader brésilien Luiz Inacio Da Silva, Lula, qui lui avaient été retirés le 17 mai.
La mesure a été émise par le juge André Nabarrete Neto, qui a indiqué dans sa décision que les anciens présidents brésiliens bénéficient « de droits et de prérogatives (et non d’avantages) découlant de l’exercice de la plus haute fonction à la tête de la République et qu’ils ne doivent faire l’objet d’aucune limitation légale ».
Rappelons que ces droits lui avaient été retirés par le juge Haroldo Nader sous prétexte qu’il était en prison et ne pouvait dont plus les exercer, a rapporté la chaîne TeleSur.
Or, la loi stipule que tous les anciens chefs d’État jouissent de certains droits, à vie, pour avoir occupé le poste le plus élevé de ce pays d’Amérique du Sud.
« Les textes normatifs cités garantissent aux anciens présidents non seulement la sécurité personnelle, mais aussi le soutien personnel et la sécurité patrimoniale, de sorte que leurs personnels de confiance sont nécessaires au maintien de leur dignité et de leur subsistance », a déclaré le juge dans sa décision.
Ainsi, le tribunal de deuxième instance a annulé la décision du juge Haroldo Nader qui, le 17 mai, avait ordonné le retrait immédiat des services auxquels Lula avait droit, estimant qu’il pourrait y avoir une « déviation de l’objectif ».
Il convient de souligner que tous les anciens présidents brésiliens ont droit, par la loi et à vie, à une équipe de huit personnes rémunérées sur le budget du cabinet de la présidence.
Lula est incarcéré depuis le 7 avril au siège de la police fédérale de Curitiba, où il purge une peine de 12 ans et un mois de prison pour de prétendus délits de corruption et blanchiment d’argent, alors qu’aucune preuve n’a été fournie.
Même s’il a recouvré ses droits, en vertu d’un simple exercice juridique, Lula, qui est le candidat du Parti des travailleurs aux élections générales d’octobre, dont il est le favori, est toujours en prison, résultat d’un procès truqué. (Rédaction internationale) •
QUEL EST LE CRIME COMMIS PAR LULA ?
- Contribuer à une plateforme qui a donné la parole aux mouvements syndicaux et à la lutte pour leurs droits.
- Remporter en 2002 les élections présidentielles en tant que représentant du PT, et devenir le président le mieux élu de l’histoire du Brésil.
- Son deuxième mandat a enregistré une approbation de 80 %, permis une croissance économique de 7,5 % et un salaire minimum de 54 % supérieur à celui de son premier gouvernement.
- Sortir plus de 30 millions de Brésiliens de la pauvreté, réduire le taux de chômage et placer son pays sur la carte des puissances émergentes.
- avoir inspiré le plus grand pays d’Amérique latine et projeté une image « d’ordre et de progrès », comme le veut la devise inscrite sur le drapeau national.
CHRONOLOGIE D’UNE CONDAMNATION INJUSTE
2014
- Début de l’affaire Petrobras.
- Arrestation de l’ancien ministre de Lula, José Dirceu.
- Ils impliquent Lula et Dilma Rousseff.
2016
- La police commence à enquêter sur Lula pour trafic d’influence.
- Da Silva soumet par écrit sa défense.
- Lula est accusé de s’enrichir par la corruption.
- Le Ministère public dénonce pour la première fois l’ancien président brésilien.
- Lula passe du statut de ministre à celui d’ancien ministre en une seule journée.
- Un juge de Brasilia accuse Lula d’avoir tenté de soudoyer un accusé de Petrobras.
- Une cinquième plainte contre Lula est acceptée.
2017
- Lula comparaît devant le juge Moro.
- Nouvelle plainte du Ministère public.
- Lula est condamné à neuf ans de prison.
2018
- Les juges du Tribunal de deuxième instance alourdissent sa peine.
- Feu vert à l’emprisonnement.
- Le Tribunal suprême rejette le dernier recours de Lula.
LE BRÉSIL PENDANT CETTE MÊME PÉRIODE
2016
- Destitution de Dilma Rousseff.
- Michel Temer est nommé président.
2017
- Lula ne renonce pas à se porter candidat aux élections de 2018.
- Explosion des sondages en faveur de l’ex-président au fur et à mesure que la campagne de disqualification progresse.
- Les tensions politiques provoquent une escalade de la violence dans les rues du pays.
2018
- La grève des camionneurs et des pétroliers paralyse le pays.
- Recrudescence de la violence et des crimes ciblés, comme celui qui a coûté la vie à Marielle Franco.
- L’ancien président est placé en isolement
- Refus des visites à Lula à la prison de Curitiba, notamment de Dilma Rousseff, Gleisi Hoffmann (présidente du PT), Carlos Lupi (président du Parti travailliste démocratique), Adolfo Pérez Esquivel, Prix Nobel de la paix, et l’intellectuel Leonardo Boff.
- Le député Paulo Pimenta a pu rendre visite à Lula, qui lui a dit être au courant de la situation.
- Pimenta a souligné que Lula sera inscrit le 15 août en tant que candidat du PT pour les prochaines élections et qu’il est le favori pour l’emporter.