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72% !

L’on me dira qu’il est des titres plus annonciateurs de contenu !

Oui, il en est qui disent tout, il n’est même plus besoin de lire l’article !

Mes plus anciens lecteurs se souviendront certainement, car j’en ai fait un long usage tant je la pensais significative, de cette étude d’opinion de l’automne 2005 qui exprimait le fait que 61% des Français considéraient le capitalisme comme négatif.

J’avais considéré et dit que c’était sûrement une « première » dans l’histoire de ce système !

CE N’EST PLUS 61%

Je le disais avec d’autant plus d’assurance que quelques mois plus tôt, fin mai 2005, le peuple français recalait le projet de traité constitutionnel visant à faire vraiment de l’Union européenne un Etat avec toutes ses prérogatives.

Je répète « à tout jamais », parce que le peuple français ne s’est pas prononcé à nouveau et qu’il n’y a que lui qui peut remettre en cause une décision prise par lui-même !

Et que violer une telle décision prise par lui ne peut-être qu’un coup d’Etat, et en conséquence inacceptable par tout républicain qui se respecte …

Mais quand l’objectif est de « désespérer Billancourt », d’établir le fait que la classe ouvrière aurait disparu, qu’en conséquence il n’est plus possible de « faire la révolution », que le communisme s’est éteint quelque part au pied d’un mur démoli à Berlin, l’on n’est plus à quelque lâcheté près …

Las, les réalités ont la vie dure, les spéculations s’y cassent la tête et l’histoire poursuit son mouvement...

DU BOYCOTT DE JUIN AUX 72%

Ainsi, par exemple, le 7 juin dernier, le boycott massif du vote a fait la preuve immense de la persistance et même de l’accroissement du rejet de cet Etat européen et de son Parlement, au grand dam des violeurs et de ceux qui les cautionnent.

Mais, c’est établi, le ridicule ne tue plus, ni l’infamie... au moins sur le moment, et il était certain, au moins jusqu’à Waterloo, que le culot, même en politique, pouvait gagner toutes les batailles.

Et c’est là qu’on en vient, ou revient, aux 72%, lesquels ne viennent pas de rien mais s’inscrivent tout naturellement au contraire dans la montée en puissance des luttes économiques, sociales et politiques, c’est-à -dire dans l’évolution des réalités qui est également celle des consciences.

Las, en effet, une enquête d’opinion - je dis bien enquête - vient d’établir qu’ils ne sont plus seulement 61% à considérer le capitalisme comme négatif mais 72% !

Et 73% pensent de même de la mondialisation !

Sans doute s’agit-il de la mondialisation capitaliste, le rapprochement des deux affirmations n’est pas fortuit.

Bien évidemment, ces 72 et 73% sont le résultat de réponses partielles contradictoires. Aussi, j’invite chacun à se reporter à la totalité de l’enquête TNS-SOFRES réalisée du 14 au 23 octobre dernier par l’interview de 1005 salariés d’un échantillon représentatif.

Mais afin qu’il n’y ait pas de doutes, je précise qu’ils sont :

- 83% à penser que la politique menée par le gouvernement est plutôt favorable aux entreprises qu’aux salariés ;

- et 84% à dire que les intérêts des dirigeants d’entreprises et des salariés ne vont pas dans le même sens.

CE N’EST PAS LA RESIGNATION QUI DOMINE

Au total, on vérifie bien que ce n’est pas la résignation qui domine, comme on s’efforce de le faire accroire pour baisser le niveau des exigences, mais plutôt la difficulté qu’éprouvent les différentes forces politiques à mettre leurs objectifs sociétaux, et même leurs objectifs de transformation sociale, au niveau des aspirations de ce qui constitue la très grande majorité des salariés de notre pays, lesquels, je le rappelle, constituent 92% de la population active.

Dans ce contexte, on comprend aussi pourquoi il est consenti d’aussi énormes efforts de « communication », plutôt de « pilonnage » politique et idéologique pour affirmer que le « spectre du communisme » qui hantait l’Europe au temps de Marx se serait entièrement dématérialisé, que ce soit au pied du « mur » ou dans les honteuses et trébuchantes tractations conduites par les dirigeants de la RDA et Gorbatchev avec ceux de l’Occident pour jeter à bas le partage précédemment établi à Yalta, comme si ce n’était pas en ce lieu que le « mur » avait été conçu, à l’image des réalités militaires, et sans que les peuples, ni à l’Ouest ni à l’Est, n’aient eu leur mot à dire...sinon pour entériner !

Et c’est pourquoi les 72% d’aujourd’hui qu’établit l’enquête et le boycott du 7 juin détonnent d’avec ces choix jadis imposés aux peuples, mais n’en sont pas plus respectés !

N’empêche !

LE COMMUNISME, UNE HISTOIRE FRANCAISE

Parce ce n’est pas tout à fait le hasard qui a fait qu’un ami m’a communiqué cette enquête et que mon attention a été attirée dans un kiosque par un Hors-série de MARIANNE qui, au-dessous de la « faucille et du marteau » titrait : « Le communisme, une histoire française. »

Je l’ai acheté et lu.

D’autres aussi.

Ainsi, Yvan Levaï conclut son « Kiosque » par : « Lisez aussi le Hors série de MARIANNE sur le communisme, une histoire française... de Marcel Cachin à Georges Marchais, et des Mutins de la Mer noire aux doriotistes de sinistre mémoire. Hors-série qui passe par la presse du PCF, de L’HUMANITE à Pif-le-Chien. Et des Lettres françaises à La Marseillaise. »

Pour sa part, Pierre Feydel, qui signe l’éditorial, sous le titre : « Esprit es-tu là  ? » considère qu’une telle entreprise ne s’oublie pas facilement :

« Vaincu politiquement, le communisme semble, comme spirituellement, toujours bien vivant. Les idées d’égalité, de justice, de solidarité qu’il a prônées sont toujours dans les têtes. Des bouts de communisme survivent ici ou là , plus ou moins organisés politiquement. La lettre est morte mais l’esprit perdure dans l’imaginaire national, charpente l’exception française si décriée et tellement défendue. La nostalgie est parfois si forte que l’on entendrait murmurer : « Le communisme est mort, vivent les communistes ! »

L’ESPRIT CHARPENTE L’EXCEPTION FRANCAISE

Et Renaud Dely poursuit citant Guy Mollet : « Les communistes ne sont pas à gauche, ils sont à l’Est » et le critiquant :

« L’accusation du naufrageur de la SFIO est aussi injuste que réductrice.

« Car, pendant que leurs chefs allaient quémander leurs ordres à Moscou, les communistes furent ( aussi ) bel et bien de France.

« Le communisme fut, certes, une foi sanglante dont La Mecque était en URSS, mais c’est aussi une histoire bien française, une histoire de Révolution et de Résistance, bâtie à coup de mythes ( « le parti des 75000 fusillés ! » ) de grandes figures historiques ( Baboeuf, Cachin, Thorez ), de martyrs ( la Commune, Guy Môquet, les fusillés de Chateaubriand, etc... ) et de figures anonymes et rassembleuses érigées en symboles ( l’instit « bouffeur de curés », l’ouvrier de Billancourt, le paysan limousin... ).

LA PASSION DE L’EGALITE

« C’est sans doute d’abord ce que l’historien Marc Lazar a qualifié de « passion de l’égalité », un élixir éminemment tricolore au regard des traditions anglo-saxonnes qui mettent l’accent, elles, sur l’étendard de la liberté, qui explique que la greffe communiste ait si bien pris dans l’Hexagone.

« C’est en 1789, dans le prolongement de la philosophie rousseauiste, que la France érigea l’égalité en totem indéboulonnable. Et que la France devint cet étrange pays de la Révolution.

« On y coupe la tête des rois et même des reines, on y chante « La Carmagnolle », rien d’étonnant à ce que la France devienne une terre d’asile attentive, au fil du 19eme siècle, à la lecture marxiste des ressorts du capitalisme, à la dialectique de la lutte des classes, puis aux prémices du communisme. »

Tout est presque dit.

CE N’EST QUE PAR UN RETOUR A MARX

Laissons une conclusion à Jean-Paul Scot, historien qui, dans l’Humanité, fournit une contribution à l’histoire du communisme :

« Bref, le PCF ne s’est pas assez vite débarrassé de la vulgate stalinienne et social-démocrate concernant le communisme comme une société idéale, débarrassée de toutes formes d’exploitations et d’aliénation, une fois achevée la phase plus ou moins durable de la « transition socialiste » caractérisée par un pouvoir de « dictature du prolétariat » dans les pays arriérés et, plus ou moins, par un « socialisme démocratique » dans les pays développés.

« Ce n’est que par un retour à Marx que nous pouvons comprendre que le communisme n’est pas une société idéale, mais le mouvement réel de lutte contre le capitalisme de notre temps afin de l’abolir à l’échelle mondiale.

« Mais le PCF est-il capable aujourd’hui d’articuler de façon précise et cohérente ses analyses de la crise globale de la société française et des contradictions nouvelles de la globalisation et de la financiarisation capitaliste à l’échelle internationale ?

« Et d’en déduire une stratégie transformatrice à long terme ?

« Encore faut-il le faire par des actes, par des luttes, pas seulement par des analyses ou des paroles. »

Je laisse évidemment la responsabilité de ce qu’il dit à Jean-Paul Scot en soulignant que le retour à Marx doit être aussi un retour « aux masses qui font l’histoire », ce qui ne supporte pas les « prêt-à -porter », et implique plutôt les « réponses concrètes aux situations concrètes », et donc à la capacité de co-élaboration de réponses et d’organisation, rien ne pouvant, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, être amené de l’extérieur de la société elle-même et de ses contradictions, sauf à concevoir l’existence d’un « Créateur » extérieur à cette société et à ce qu’elle porte de longtemps...pour lui donner une suite dans des « retrouvailles » de notre temps.

Michel PEYRET

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