L’administration américaine a successivement développé plusieurs arguments pour justifier la guerre contre l’Irak. Le dernier d’entre eux est le plus significatif.
Tout d’abord, oublions les insanités qui sont proférées ça et là . Les Etats unis n’attaquent pas l’Irak parce que ce pays serait en aucune manière complice des attentats à l’anthrax qui ont bouleversé l’Amérique.
Cette hypothèse examinée par un faucon de l’administration américaine, James Woolsey directeur de la CIA de 1993 à 1995, et chargé par le Secretaire d’état à la Défense Paul Wolfowitz d’enquêter sur une éventuelle participation de l’Irak aux attentats du 11 septembre n’a pas tenu la route très longtemps.
Il est maintenant avéré que les terroristes qui ont commis ces crimes viennent du coeur de l’appareil militaro-industriel du pays. Ils sont sans aucun doute liés aux centres de recherches bactériologiques et chimiques les plus secrets du Pentagone et de la CIA. Les écrits arabes qui accompagnaient les enveloppes pleines d’anthrax n’étaient qu’une manoeuvre de diversion destinée à orienter l’attention des média sur les coupables désignés : Les arabes et l’Irak.
Par ailleurs, l’Irak n’est pas non plus menacé de bombardements imminents et d’une occupation indéterminée parce qu’il disposerait de stocks d’armes chimiques ou parce que « sa capacité à fabriquer des armes chimiques et biologiques se serait améliorée durant les années d’embargo »( Dr Gary Samore, ancien directeur du National Security Council).
Scott Ritter, l’un des inspecteurs de l’Unscom les plus agressifs du temps où celle ci était présente en Irak, ne cesse de le répeter depuis des années : les irakiens n’ont plus aucune capacité à fabriquer des armes chimiques, biologiques ou nucléaires. Ils n’ont pas d’appareil de production pour le faire pas plus qu’il ne disposent d’industries qui pourraient être reliées aux armes chimiques ou biologiques : pas d’industrie alimentaire, par de fabriques de lait en poudre, pas d’industrie pharmaceutique, pas de vaccin pour animaux… rien de tout cela. Tout a été détruit.
Enfin, depuis que les Etats unis ont été mis au défi de présenter les preuves qui permettraient une décision claire et sans ambiguïté du conseil de sécurité, ils ont modifié leur doctrine : ils expliquent maintenant que l’objectif essentiel est de déposer Saddam.. « Entendons nous bien. Si nous insistons sur le retour des inspecteurs, notre politique prône aussi un changement de régime à Baghdad. » a dit le sous secrétaire d’état John Bolton sur les ondes de la BBC. « Notre politique ne sera pas altérée par le départ ou pas des inspecteurs » .
Les Etats Unis ne cherchent donc pas en priorité à protéger le monde de la menace des armes chimiques irakienne ? Mr John Bolton, à sa manière franche et directe n’a fait que rappeler l’essentiel. L’engagement des Etats unis à lutter contre la prolifération des armes biochimiques en Irak était de toute les façons sujet à caution depuis que ce pays a littéralement déposé, le 22 avril dernier, Mr José Bustani, directeur de l’organisation chargé de cette tâche.
Mr Bustani dont les compétences n’avaient jamais été remises en cause avait eu le tort de proposer que les contrôles en Irak soient faits par les inspecteurs notoirement neutres de ses services. Il lui en a coûté un poste. C’est un fait connu dont l’importance et l’exemplarité ne sont pas assez souvent rappelés.
Mais pourquoi les Etats unis veulent-ils alors déposer Saddam à tous prix ? cet homme est-il plus dangereux maintenant qu’il y a dix ans ? ou ne s’agit-il que de la traduction d’un agenda politique qui remonte à l’accession au retour des républicains à la Maison Blanche ?