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Le lobby cubain aux USA (2) : interview de Joe Garcia

Titre : "LE LOBBY CUBAIN AUX ETATS-UNIS DE 1959 A NOS JOURS" par Salim LAMRANI

- Travail effectué dans le cadre d’un DEA CIVILISATION NORD-AMERICAINE ET LITTERATURES POST-COLONIALES EN ANGLAIS.

Avec son autorisation, quelques extraits seront envoyés avant publication de l’intégrale sur le site de CSP.

Interview a été réalisée par Salim LAMRANI le 5 mai 2003, en espagnol, par voie téléphonique avec Joe Garcia, directeur exécutif de la CANF, qui représente l’une des lignes les plus dures de l’exil de cubain.

Il s’est notamment prononcé en faveur des sanctions économiques et contre le retour du petit Elian à son père.

Les rectifications entre crochets [ ] ne font pas partie de l’interview.

* * * *

INTERVIEW DE JOE GARCIA

1.. Quel est l’objectif de la CANF ?

Promouvoir de l’information et diffuser des connaissances sur la communauté cubano-américaine et la réalité que vit le peuple de Cuba.

2.. Pourquoi la CANF est-elle contre tout dialogue avec le gouvernement cubain ?

La CANF n’est pas contre tout dialogue. Elle est très disposée à dialoguer avec quiconque sauf Fidel et Raul pour résoudre les problèmes. Le fait est qu’il faut avoir un dialogue avec ceux qui disposent de la capacité à régler les problèmes. Simplement, ils n’en ont pas été capables durant plus de 44 ans. Ces personnes n’ont pas su diriger Cuba et à chaque fois qu’il y a eu une opportunité de suivre un chemin correct, elles ont systématiquement suivi le mauvais chemin. Donc il parait absurde de chercher un dialogue avec ceux qui n’ont jamais été disposé à dialoguer. Salim, je veux que vous compreniez que le dialogue ne dépend pas de nous. Le dialogue dépend de ceux qui disposent d’un pouvoir réel en ce moment à Cuba. Il y a des centaines de personnes à Cuba qui peuvent dialoguer avec Fidel Castro et qui sont leaders de l’opposition. Cependant, Fidel Castro n’a jamais rien fait de semblable. Tout ce qu’il a fait, c’est de les mettre en prison ou de les assassiner. La CANF est tout à fait prête au dialogue même avec le tyran mais vous ne pouvez pas vous asseoir et discuter avec le problème. Vous ne pouvez pas dialoguer avec la cause du problème, avec celui qui a été incapable de participer au dialogue.

3.. Pensez-vous que la CANF représente la majorité de la communauté cubaine aux Etats-Unis ou une partie de celle-ci.

La CANF représente la CANF. Le but de la CANF n’est pas d’être populaire et populiste. L’objectif de la CANF est de donner de la liberté et il en a toujours été ainsi comme le démontrent presque tous les sondages. La position de la CANF est de manière évidente la position de la majorité. Cela est clair et les sondages le démontrent. La CANF a donné un leadership qui a été la position majoritaire de l’exil. Cela est démontré.

4.. Pourquoi la CANF n’a-t-elle jamais condamnée les actes terroristes contre Cuba. Je me réfère aux bombes placées dans les hôtels et aux autres actes terroristes commis au cours des dernières décennies.

Je crois que nous avons été très clairs à ce sujet. La CANF recherche une transition pacifique. La position de la CANF est de diffuser des informations sur les événements. Nous avons toujours voulu un changement de régime et nous condamnons la violence mais je veux que tout soit clair à ce sujet : l’oppresseur s’appelle Castro et celui qui recherche la liberté a quand même le droit d’agir. Ce n’est pas notre rôle de les condamner. Notre travail consiste à parler de la réalité cubaine.

5.. Récemment, il y a eu une manifestation à Miami en faveur de la guerre en Irak demandant une intervention militaire à Cuba sous le slogan « Irak d’ abord, Cuba ensuite ». Pourquoi cela ?

Vous vous trompez complètement et si vous me montrez la moindre preuve de cela je vous expliquerai. Soyons clairs, je n’ai pas participé à cette manifestation et la CANF non plus.

6.. Je crois savoir que la congressiste Ileana Ros-Lehtinen a participé et que...

Elle y a participé et le représentant Lincoln Diaz-Balart aussi. Mais le slogan de cette manifestation n’était pas celui que vous avez mentionné [Le slogan était bel est bien « Irak d’abord, Cuba demain ensuite » prononcé en espagnol : « Irak hoy, Cuba mañana »]. La manifestation avait treize ou quatorze mots d’ordre, je ne me souviens plus combien il y en avait. Je n’ai pas participé à cette marche et la CANF non plus. Notre position a été claire.

7.. Le gouvernement cubain accuse la CANF d’organiser et de financer des actions terroristes contre Cuba. Que répondez-vous à cela ?

Complètement et totalement faux !

8.. Et en ce qui concerne l’interview de Luis Posada Carriles qui...

Le New York Times s’est rétracté et a démenti ces déclarations de façon claire. [Le New York Times a publié le démenti de la CANF mais a refusé de retirer l’interview malgré les menaces de poursuites judiciaires émanant de la CANF].

9.. Donc la CANF n’a...

(Le ton monte) Salim, donc cette interview concerne la CANF comme étant un groupe terroriste et non pas les actes de Fidel Castro ?

10.. Non, non, nous allons...

Notre position a été très claire. La CANF a nié avoir eu affaire à Luis Posada Carriles et le New York Times est revenu sur ses propos. Il n’y a donc rien à ajouter à ce sujet.

11.. Pourquoi la CANF soutient les sanctions économiques sachant que la première victime est le peuple de Cuba ?

Ca, c’est vous qui le dites.

12.. Pardon ?

C’est vous qui le dites que la première victime est le peuple de Cuba. C’est un argument absurde. C’est un argument complètement absurde. La victime des sanctions, c’est uniquement le gouvernement de Cuba car les Cubain-américains peuvent envoyer de l’argent à leurs parents. Les sanctions qui existent en ce moment permettent aux Cubains de se rendre à Cuba. Tout ce que font les sanctions actuellement, c’est d’empêcher Fidel Castro d’obtenir des crédits auprès des Etats-Unis ou sur les marchés de prêts internationaux car un pays comme la France qui a prêté des centaines de millions de dollars ne va jamais être remboursé. En réalité, la dette qui existe entre Cuba et la France avoisine les 300 millions de dollars et la France ne va jamais être remboursée. Et aujourd’hui la France utilise cette dette pour vendre ses produits à Cuba. Elle octroie des prêts pour vendre ses produits à des prix gonflés et avec un taux d’intérêt très élevé mais en réalité ces prêts ne seront jamais remboursés. Cuba n’a pas remboursé les prêts et ses obligations depuis 1986. C’est un pays dont la capacité financière est l’ante antépénultième du monde selon les études réalisées. C’ est un pays au bord de la faillite, si ce n’est pas en faillite totale. Donc mettons-nous d’un point de vue américain : un pays en banqueroute, qui viole les droits de l’homme peut-il recevoir des prêts ? Figurez-vous que de manière privée les Cubains peuvent acheter ce qu’ils veulent aux Etats-Unis.

13.. Selon vous, quel est l’objectif des Etats-Unis en ce qui concerne Cuba ?

Il me semble que l’objectif des Etats-Unis pour ce qui est de Cuba, l’objectif de la CANF - bien sûr nous n’avons pas pu fixer un objectif aux Etats-Unis - c’est la recherche d’un pays démocratique. C’est la dernière dictature de l’hémisphère et ce nous voulons faire, c’est promouvoir la démocratie et, ces dernières années, notre travail a consisté à appuyer et renforcer la structure de la société civile et cela me semble être un grand succès et c’est pour cela que le gouvernement de Cuba réagit de la sorte, à cause de ce succès. Je veux que vous sachiez que la structure de cette société civile a toujours été ouverte et claire. Si vous avez l’occasion, allez jeter un coup d’oil sur le site de la CANF, il y a un discours sur l’ aide à la société civile et cela a été le rôle des Etats-Unis d’appuyer la société civile partout dans le monde et ils continuent à le faire pour réaliser la transition à une société civile en lieu et place d’une société militariste. Cela a été le rôle des Etats-Unis.

14.. Vous dites que Cuba est la dernière dictature de l’hémisphère. Pourriez-vous dire que la Colombie est une démocratie ?

Je ne sais pas. Moi je suis le directeur exécutif de la CANF. Si vous voulez avoir un débat sur la Colombie, très bien ! Mais je parle en tant que directeur exécutif de la CANF. Si vous voulez avoir mon analyse à ce sujet, appelez-moi et nous parlerons avec plaisir de la démocratie. Ce qui est sûr, c’est qu’en Colombie et dans toutes les autres parties de l’Amérique latine, il y a des élections. A Cuba, il n’y a pas d’élections.

15.. Je crois savoir que des élections ont lieu à Cuba également, ils viennent justement de réélire en janvier 2002.

Non, non, s’il y a des élections, elles concernent les personnes qui n’aspirent à aucun statut et elles sont toutes du Parti Communiste. On élit une assemblée nationale qui a plus de 500 membres qui se réunissent une ou deux fois par an pour ratifier les décisions prises par le Conseil d’Etat.

16.. Comment voyez-vous les conquêtes sociales de Cuba ? Sont-elles réelles ou exagérées ?

Bon, je crois que Cuba a réussi en ce qui concerne l’éducation universelle et la santé publique universelle. Les conquêtes sociales sont là mais le coût social a aussi été conséquent. Il se peut que Cuba soit le pays d’Amérique latine avec le taux d’alphabétisation le plus élevé mais cependant c’est un pays qui n’a pas de livres pour lire. Récemment, nous avons envoyé des livres mais ils ont été confisqués et de nombreux livres comme ceux d’ Orwell sont interdits. Donc même si les conquêtes sociales en terme d’ éducation et de santé sont là , il y a aussi un énorme coût social et donc ces supposées avancées sociales ne produisent aucun bénéfice à la nation. Ils produisent tant de médecins qu’ils sont obligés de les exporter comme esclaves vers des pays tiers. Ils exercent dans des autres pays et ces pays paient le gouvernement cubain 2 000 dollars par mois alors que le médecin ne reçoit que 200 à 350 dollars mensuellement pour ses services. Il est vendu comme produit de la nation cubaine.

17.. Ah bon ? Je pensais qu’il s’agissait de travailleurs bénévoles ?

Non, ce ne sont pas des volontaires, ce sont des produits que le gouvernement cubain vend et exporte comme ressources de l’économie nationale et si vous voulez en savoir plus, appelez donc l’Afrique du Sud où 1 000 médecins cubains ont demandé à rester car ils ne veulent pas retourner à Cuba. [Il s’agit bien de volontaires qui réalisent des missions internationalistes dans les régions rurales les plus pauvres de la planète et les pays d’accueil ne paient strictement rien à l’Etat cubain].

18.. Quelle est l’opinion de la CANF en ce qui concerne les récents événements de l’île [à propos des 78 « dissidents » arrêtés pour « atteinte à la sécurité de l’Etat »] ?

C’est la réaction d’un régime qui se trouve dans un moment historique très difficile. La situation économique est au plus mal et se trouve au bord de l’effondrement. Cuba essaie de faire croire qu’il s’agit d’un problème entre les Etats-Unis et La Havane mais en réalité, il s’agit d’un problème entre La Havane et sa nation. Ils ont arrêtés 75 dissidents qui étaient pour la plupart des journalistes indépendants et militants des droits de l’homme, des personnes comme Rafael [Raoul] Rivero qui ont des positions très claires contre le gouvernement mais qui sont non-violents. Ces personnes n’ont fait aucun mal à personne et n’ont pas porté préjudice à la nation. Ce qu’elles veulent, c’est un changement politique et elles ont été condamnées à plus de 1454 années de prison. En ce qui concerne les trois personnes assassinées [allusion aux trois terroristes exécutés pour avoir pris en otage cinquante personnes avec l’intention de se rendre aux Etats-Unis], il s’agit là d’une tentative de Cuba de chercher un nouveau conflit avec les Etats-Unis. Figurez-vous que durant ces trois jours où il y a eu quatre prises d’otages, les seuls qui ont été assassinés furent ceux que les Etats-Unis ont remis au gouvernement de Cuba. Les trois travaillaient dans différents ministères cubains à des postes importants, pas à un haut niveau mais il s’agissait d’importants ministères. Ils furent néanmoins exécutés après des procès sommaires et les familles n’eurent connaissance des verdicts qu’après les exécutions.

19.. Je crois savoir qu’ils furent arrêtés par les autorités cubaines après être tombés en panne d’essence à quelques kilomètres des côtes cubaines. Je ne crois pas que les Etats-Unis aient remis les criminels aux autorités cubaines.

Non, mais les Etats-Unis auraient pu les secourir après qu’ils soient tombés en panne d’essence. Mais imaginons que nous soyons en conflit vous et moi, si quelqu’un s’enfuie de votre côté et que je vous retourne ces personnes et que vous les assassiniez, j’aurais d’une certaine forme participé à l’ assassinat. Cela créerait une situation précaire en cas de récidive. Je crois que ce que cherchait Fidel Castro, c’est un conflit de ce type.

20.. Il me semble que les premiers pirates de l’air ne furent pas remis aux autorités cubaines.

Non, non. Vous prenez le problème à l’envers. Le premier qui a commencé à prendre des avions en otage, c’était Fidel Castro. De nombreuses personnes se trouvent actuellement à Cuba après avoir volé un avion.

21.. Mais Cuba a toujours condamné les pirates et rendu les avions non ?

Non, non, non. Ils ne furent pas condamnés, Cuba a gardé les avions et les pirates sont aujourd’hui en liberté. [Toutes les personnes qui se sont emparées d’avions aux Etats-Unis pour se rendre à Cuba furent condamnées sans aucune exception et les avions ont tous été retournés aux autorités étasuniennes].

22.. Ah Bon ? Et pour ce qui est des 78 dissidents arrêtés, je crois savoir que seulement quatre d’entre eux avaient une formation de journalistes et un seul seulement se trouvait encore en activité.

Comment ça un seul en activité ? Ces personnes participaient... euh... Raoul Rivero, journaliste et poète distingué publie ses livres à l’étranger. Plusieurs autres participaient à des publications à l’étranger. La revue de Raoul Rivero s’appelle De Cuba et l’éditorialiste de cette revue est en prison.

23.. Il me semble également que seulement quatorze des dissidents arrêtés avaient un niveau universitaire. Comment peut-on être journaliste sans avoir un niveau universitaire ?

Il n’est pas nécessaire d’avoir un niveau universitaire pour être journaliste et en plus Cuba est une société où un menuisier peut être en même temps aussi médecin. Il y a également des prostituées qui ont un diplôme universitaire. Ce n’est pas typique de tous les pays. Cependant, pour Fidel Castro, c’est une fierté que des médecins se prostituent.

24.. Il me semble aussi que les dissidents recevaient de l’argent de la part des Etats-Unis qui est par définition une nation hostile à Cuba. Peut-on considérer comme dissident quelqu’un qui reçoit de l’argent de la part d’une nation ennemie contre laquelle Cuba est en guerre ?

Ah, donc si quelqu’un travaille pour UPI en France, un journaliste qui travaille pour UPI peut être arrêté par les Français parce qu’il reçoit de l ’argent de l’étranger ?

25.. Mais la France n’est pas en guerre contre les Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne sont pas en guerre contre Cuba.

26.. Mais les sanctions économiques, les...

Il y a un consulat américain à Cuba. Cette guerre n’existe pas. Tout se fait de manière très claire. Il n’y a pas de secret. Les dissidents communiquent avec l’étranger et ils sont payés quand il le faut mais je peux vous dire que la majorité de ces personnes ne reçoivent rien. Du papier, des stylos, peut-être de quoi communiquer pour que ce qui se passe puisse être raconté. Mais il n’y a aucun mystère, ces personnes participent à la tentative de créer une société civile.

27.. Je crois savoir également qu’ils se réunissaient avec James Cason, le chef de la Section des Intérêts Nord-américains ?

Oui bien sûr !

28.. Dans des interviews qu’il a donné, il a affirmé qu’il était en faveur.

D’une transition démocratique et pacifique à Cuba. Je crois que tout le monde devrait aspirer à cela.

29.. Je vais prendre l’exemple de la France. Il ne serait pas possible à un diplomate étranger, de surcroît ennemi, de financer un parti politique. Cela va à l’encontre de la...

Bien sûr mais les Etats-Unis ne financent aucun parti politique.

30.. Mais James Cason leur a permis d’utiliser sa maison et...

C’est vrai.

31.. Mais cela ne serait-ce pas...

Un journaliste a simplement demandé à utiliser la maison pour réaliser une discussion et un atelier sur le journalisme et il lui a prêté sa maison. Est-ce un pêché qui nécessite une condamnation ?

32.. Dans un autre pays non mais dans une nation en guerre oui.

Je vous répète encore une fois que nous ne sommes pas en guerre. C’est vous qui dites qu’ils sont en guerre.

33.. D’ici, cela est perçu comme étant une.

Donc c’est vous qui représentez la position du gouvernement français. Vous êtes maintenant en train de justifier les actions d’une dictature de 44 ans.

34.. Non, non, non. Je ne justifie rien du tout.

Si ! Vous êtes en train de justifier. Vous dites qu’il s’agit d’un état de guerre donc ceux qui reçoivent de l’argent des Etats-Unis sont des traîtres qui doivent être jugés.

35.. Pas du tout. Je me demandais simplement, pour prendre l’exemple du conflit irakien, que se passerait-il si un journaliste étasunien recevait de l’argent de Saddam Hussein et écrivait des articles hostiles au gouvernement ?

Appelez les Etats-Unis. Appelez le Département d’Etat et demandez leur ! Mais je vous le répète pour la quatrième fois au moins qu’aucun ne recevait de l’argent sauf pour leurs publications.

36.. Que pensez-vous de la déclaration du ministre cubain des affaires étrangères, Felipe Perez Roque, qui lors d’une conférence de presse, a montré les preuves de la culpabilité des dissidents. De plus, le président...

Vous les avez vues les preuves ?

37.. J’ai lu le compte rendu de la conférence.

Et que disait Felipe Perez Roque ?

38.. Il a démontré l’implication des Etats-Unis dans la...

Moi, je n’ai vu aucune preuve. Il s’agissait de promouvoir la société civile et rien de plus. Il n’y avait rien de secret. Il faut faire circuler l’information comme le fait Journalistes Sans Frontières.

39.. Reporters Sans Frontières.

Exact, c’est un groupe qui fait connaître la réalité à propos de Cuba.

40.. La CANF a-t-elle des relations avec des journalistes français ?

Malheureusement non. Simplement quand ils nous appellent.

41.. Même pas avec Reporters Sans Frontières ?

Même pas avec Reporters Sans Frontières.

42.. Pour ce qui est de la promotion de la démocratie dans le monde, les Etats-Unis ont aussi promu des régimes dictatoriaux comme ceux de Pinochet, de Videla, de Somoza ou de Suharto.

Vous êtes en train de m’interviewer ou de me donner un cours d’Histoire ?

43.. Non, c’est pour que...

Voilà que vous me faîtes une leçon d’histoire des Etats-Unis maintenant. Si vous voulez parler de cela, appelez-moi en dehors de mon travail et nous aurons une discussion sur cela. Pour l’heure, nous allons nous limiter à ce thème. Je suis d’accord que les Etats-Unis ont commis de nombreuses erreurs mais ce n’est pas le sujet de la discussion. Il s’agit d’un gouvernement qui a maintenu une dictature sur Cuba pendant 44 ans. Et cela est injustifiable.

44.. Quels sont les plans de la CANF pour un Cuba post-castriste ?

Je crois que nous aspirons tous à une démocratie, à une société qui respecte les droits de l’homme, les droits civils. Nous aspirons à une nation avec un futur prospère qui apporte des bénéfices à la nation toute entière. Quand le slogan d’une nation est « le socialisme ou la mort », vous avez le choix entre l’épée et le mur, et le gouvernement actuel n’offre pas d’alternative au peuple de Cuba à part le soumettre à une philosophie et à un modèle qui ont échoué dans le monde entier.

45.. Quel type de système la CANF mettrait-elle en place à Cuba ?

La CANF n’est pas intéressé par la promotion de quelconque système. Elle favorise une société démocratique et pluraliste dans laquelle le peuple de Cuba pourrait décider de son propre destin. Le pouvoir n’est pas important. Ce qui est important est que les Cubains participent à leur futur.

46.. Est-ce que vous garantiriez les conquêtes sociales dont dispose aujourd’hui le peuple de Cuba ?

Je crois que c’est au peuple de Cuba de garantir cela.

47.. La CANF a accusé le gouvernement de Cuba d’assassiner et de torturer les dissidents. Pourquoi la CANF n’a-t-elle jamais publié une sorte de Livre Blanc sur les assassinats et sur la torture à Cuba ? J’entends par là un recueil transparent et crédible, avec les noms et prénoms des personnes des victimes comme il en existe à l’encontre de nombreux pays.

Les victimes existent. Elles existent et vous pouvez le vérifier dans plusieurs livres. Évidemment, nous ne pouvons pas publier tous les livres car nous ne disposons pas des ressources nécessaires. Et pourquoi la France ne l’a-t-elle pas fait ? Pourquoi ne parle-t-elle pas de réalité des Cubains ? Je vous dis qu’il y a des livres comme celui de Armando Valladares Contra toda esperanza. Ce n’est pas à nous de tout publier, nous en avons publié certains qui traitent de ce sujet. Ce n’est pas parce que nous ne publions pas un ouvrage de ce genre que les victimes n’existent pas.

48.. Une dernière question, comment voyez-vous les relations entre Cuba et les Etats-Unis à court et moyen terme ?

Il me semble qu’à court terme, le gouvernement de Cuba tentera de justifier sa dictature. A long terme, il me semble qu’il y a des milliers de Cubains à l’étranger qui disposent de moyens. Aux Etats-Unis, un cinquième de la population cubaine est présente dans le pays le plus riche du monde et cela ne peut être que positif pour Cuba. Ces personnes peuvent apporter la liberté au peuple de Cuba et garantir certains acquis.

49.. Dernière question cette fois. Pensez-vous que le gouvernement cubain dispose d’un appui populaire ?

Il dispose du même appui populaire que Saddam Hussein.

50.. Merci beaucoup M. Joe Garcia. Un dernier message peut-être ?

Nous devons dessiner une perspective historique sur ce qui est en train de se passer. Il s’agit d’une dictature qui s’est maintenu de manière féroce qui n’a rien fait pour son peuple. Voilà la réalité cubaine. Justifier Fidel Castro parce qu’il y a eu Fulgencio Batista est aussi absurde que le fait de justifier n’importe quelle autre dictature. Batista comme Castro sont des dictateurs et aucune raison ne peut justifier une dictature. Merci beaucoup Salim.

51.. Merci à vous.

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