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Le Sarkophage n° 11

Ce numéro du Sarkophage est moins tonique que les précédents, plus flou idéologiquement (il en appelle ainsi à Michel Rocard, le nouvel ambassadeur sarkozyste auprès des ours blancs !).

Dans son éditorial, Paul Ariès dénonce une fois encore la « fausse gauche, celle qui a conçu en 1985 la grande dérégulation des marchés financier et bancaire, celle qui a privatisé beaucoup plus que les gouvernements Balladur et Juppé réunis, celle qui a banalisé l’introduction de la publicité dans les écoles, celle qui a bradé le pouvoir d’émettre et de contrôler la monnaie et soutenu le TCE, celle qui a été incapable de proposer son propre mariage de la justice sociale et de l’écologie et qui s’est ralliée au " capitalisme vert " propulsé par le sarkozyste Grenelle de l’environnement. […] Le peuple de gauche n’en peut plus de se faire voler ses victoires par ceux qui le représentent, par des partis qui refusent de s’entendre lorsque l’élection ne leur impose pas ce choix.

Michel Desmurget s’interroge sur ce que l’obamania cache aux États-Unis. Les résultats sont loin d’être acquis. « Pour les classes moyennes et modestes, ce qui est gagné en réductions d’impôt ne couvre jamais ce qui est perdu en coûts additionnels. » 37 millions d’États-Uniens (12,5% de la population) « ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté (630 euros par mois pour une personne seule). Pour 16 millions d’individus, on est même sous la moitié du seuil ! » On ne sait pas toujours que les Etats-Unis sont, de tous les pays développés, celui qui offre la plus faible mobilité intergénérationnelle.

Très intéressante interview d’Armand Mattelart sur la « globalisation de la surveillance ». « La dynamique d’innovation technologique va dans le sens du perfectionnement des outils du pistage des individus et des foules. […] L’hystérie sécuritaire a bouleversé les préséances et mis la sécurité aux postes de commande.

Denis Vernant recadre le « débat démocratique ». « La sociologie est bien, comme disait Bourdieu, un sport de combat. Quels statuts accorder alors aux faux-débats à la mode : pas seulement ceux télégéniques, mais ceux des grands forums qu’organisent gauche municipale et presse assagie. […] Toute chose naît dans la lutte. »

Faut-il mieux partager un gâteau immangeable, se demande Camille Sardon ? « Nous ne luttons pas pour consommer plus de merde, pour fabriquer plus de produits superflus et plus d’armes . Nous luttons pour vivre mieux, dans un monde aux limites non extensibles, aux ressources finies, où l’objectif n’est pas de travailler plus et de produire sans limites, mais de vivre en société. »

Le Sarkophage rend hommage à Georges Labica, décédé en février 2009. Il laisse la parole à l’auteur du Dictionnaire critique du marxisme : « Nous nous trouvons en présence de la situation la plus paradoxale qui soit. D’un côté, la crise démasque les rouages de la domination qui l’ont provoquée, qu’il s’agisse des actions criminelles des bourgeoisies au pouvoir ou de la gouvernance mondiale que représentent ces véritables associations de malfaiteurs que sont le FMI, l’OMC ou la BM. D’un autre côté, les masses souffrent encore de leur impuissance à s’emparer de l’opportunité qui leur est offerte de " changer le monde " . »
Le site de Labica était une mine inépuisable (http://labica.lahaine.org/).

Paul Ariès dépeint l’entreprise comme une « mauvaise mère » qui harcèle pour exclure. Le néo-capitalisme ne peut « exister sans un harcèlement dont le but est d’assimiler le personnel, car il constitue la fausse bonne solution inventée pour concilier l’inconciliable : la précarité avec l’implication au travail. » L’objectif du patronat est de « casser les identités », de « violer l’intimité » (voir le développement de logiciels espions ou de télésurveillance).
Jusqu’où faut-il aller dans l’identification à sa boîte, demande Ariès ? « Faudra-t-il vivre son entreprise jusqu’à en dépendre essentiellement ? »
Le système vise au final à « fermer des entreprises rentables, dégrader les emplois, généraliser le dégoût face au travail, démotiver les salariés, détruire la planète. »

Le Sarkophage revient sur la mise en examen récente de Gérard Filoche. Il rappelle que trois procès-verbaux de l’inspection du travail sur quatre sont classés sans suite.
Cette fois-ci, Filoche est mis en examen pour un prétendu chantage vis-à -vis d’un patron qui refusait la réintégration dans son poste antérieur d’une salariée (déléguée syndicale) de retour de congé de maternité.

Une intéressante analyse de Jacques Cossart sur « Productivisme et socialisme ». « Gagner en productivité n’est en rien condamnable, si les gains réalisés ne le sont ni au détriment de l’homme ni à celui de l’environnement. » « Le productivisme est consubstantiel au système capitaliste dans la mesure où celui-ci a pour moteur essentiel la compétition qui exige des " meilleurs " de passer devant les autres. »
Résultats du productivisme en Argentine : « déforestation, élimination des cultures paysannes, augmentation continue de la consommation de l’herbicide Monsanto, propagation des semences brevetées sur l’ensemble des terres etc. On voit parfaitement ici l’objet du productivisme : étendre indéfiniment les moyens de générer des profits. »

Jacques Testart (dont les travaux ont permis la naissance du premier bébé-éprouvette) se demande si l’on peut « modifier l’humanité sans modifier l’homme ». « La génétique est surtout une science policière ». On pourrait modifier l’humanité « en triant les humains selon la vieille recette eugénique qui a enfin trouvé les moyens de ses ambitions. »

Article indispensable de Philippe Godard et Catherine Gentile : " Pourquoi ils détruisent l’école " . Ce qui est visé à court terme, c’est la destruction du service public. Il faut que l’élève produise vite, pas qu’il apprenne, « ou qu’il apprenne à penser, ou qu’il utopise. » En France, le budget de l’Éducation nationale est en baisse absolue et proportionnelle : moins de 6% du PIB contre 7% en 1989. 8100 $ dépensés par élève par an contre 13000 aux Etats-Unis.

« Noter, c’est classer », rappelle Laurent Paillard. « La note ne se contente pas de constater le niveau de réussite à l’exercice, elle inflige à l’enfant une conscience de lui-même construite à partir d’une grille hiérarchique. Il suffit alors de faire des piqûres de rappel tout au long de la scolarité pour produire des sujets ayant intériorisé l’idée qu’ils ont une valeur plus ou moins grande. Ce qui ruine la dignité humaine. […] Les agences de notation ont une responsabilité écrasante dans la constitution des bulles financières : elles notent la confiance que l’on peut accorder à un placement, or la confiance dépend elle-même de la notation du placement. Les agences produisent elles-mêmes ce qu’elles notent. Elles notent du néant. »

Article novateur de Xavier Bonnaud sur la télé-réalité. « Chaque été, de nouvelles émissions de télé-réalité scénarisent des aventures humaines ensoleillées. Ces programmes nous transportent dans des décors tropicaux qui incarnent idéalement l’insouciance banalisée d’un quotidien délocalisé. Toutefois, même au soleil, se tient une compétition implacable dont l’exclusion est le moteur principal, mettant en résonance le risque de zapping existentiel qui pend au nez de chacun, au moindre oubli des obligations de performance. »

La bio européenne est-elle dénaturée, demande Nelly Pégeault ? « Le nouveau règlement européen de l’agriculture biologique est entré en vigueur le 1er janvier 2009. Dans les milieux français de la bio, la tendance est plutôt à chercher les moyens d’échapper à sa logique de nivellement par le bas. Au lieu d’incarner une alternative au modèle productiviste, l’agriculture biologique va-t-elle en devenir l’une des composantes prometteuses ? »

Le Sarkophage revient sur Bernard Kouchner et son « aveu » sur la politique morale dont il est le porte-parole. Plus de transformation des rapports sociaux, plus de lutte des classes : la lutte contre les discriminations.

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