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Lettre de la CTC cubaine à la CGT française

La Havane, le 8 mai 2003

M. Bernard Thà­bault

Secrétaire Général
CGT - France

Cher Thibault ;

Nous avons bien reçu la lettre signée par Joel Decaillon, adressée á la
Direction Nationale de la CTC, qui parlait des sanctions appliquées récemment á
un groupe de citoyens cubains.

Aussi nous avons appris que cette lettre a été envoyée aux différentes
Fédérations et aux Unions Départementales qui ont quand même annulé des visites
dans notre pays.

Nous sommes bien étonnés de la réaction des dirigeants de la CGT, organisation
avec laquelle nous avons une relation d ¨amitié et de solidarité depuis 40 ans.
Cependant, nous avons constaté pendant les dernières années une tendance au
refroidà­ssement des relations, notamment au niveau de la direction de la CGT.

Bien sûr, nous respectons profondément le droit de chaque organisation de
choisir son propre chemin, et nous ne serions pas capables de remettre en
question aucune décision que vous prenez concernant vos activités nationales ou
internationales. Sincèrement, nous croyons au droit á la libre détermination
des peuples, et par conséquent, des organisations qui représentent ces peuples.

Je me vois obligé de répondre á votre déclaration en tenant compte, d’ un côté,
que jamais la CGT avait été du coté des ennemis de la Révolution cubaine, et
d’un autre côté je pense que ce que dit votre déclaration ne refléte pas la
réalité de ce qui se passe chez nous et des milliers de dirigeants syndicaux et
de travailleurs français qui nous son rendus visite depuis plusieurs années
connaissent la véritable réalité.

Dans votre déclaration vous affirmez que nous avons condamné ce groupe de
personnes pour un delit d’opinion divergeant et pour avoir exercé leur droit á
la critique. C’est loin d’être la vérité. Ceux qui ont été jugés et condamnés,
comme il a été démontré pendant la tenue du jugement oral ; n’ont pas été
condamnés pour leurs idées politiques ni pour avoir exprimé leur opinion, mais
pour les délits de conspiration contre le pays ou service d’une puissance
étrangère, au siége diplomate de cette puissance
étrangère á Cuba, ils recevaient de l’argent et de l’équipement, ils
préparaient et promouvaient des campagnes pleines de calomnies et de mensonges
que - pour servir les intérêts et l’application de la loi Helms - Burton,
violent les lois cubaines.

Dans n’importe quel pays du monde ceux qui sont au service d’ une puissance
étrangère contre leur propre pays, sont considérés comme des traîtres, et si en
plus ils sont payés, alors ils sont considérés comme des mercenaires. Les
mercenaires et les traîtres sont jugés et condamnés dans n’importe quel code
pénal du monde.

Vous dites, et c’est vrai, que vous condamnez le blocus contre Cuba, Vous
l’avez toujours fait et nous vous en sommes reconnaissants. Vous devez
connaître l’énorme coût qui a eu pour notre peuple le blocus ainsi que
l’agression permanente des Etats-Unis, mais malgré tout cela nous avons réalisé
une oeuvre humaine sans précédents, en comparaison aux pays pauvres de la
planète. Peut-être qu’aucun pays, autant que Cuba a accompli les postulats d’EGALITE, LIBERTE, FRATERNITE, qui ont été arborés par la
Révolution française.

Voilà les résultats, reconnus par toutes les agences des Nations Unies : tous
les enfants comptent sur une école ; tous les cubains ont le droit réel et
effectif de se nourrir et aux meilleurs services de santé, il existe l’emploi
et la protection sociale pour tous les travailleurs et retraités ; il existe
l’accès au sport et á la culture, ainsi que beaucoup d’autres réalisations qui
constituent un rêve pour la grande majorité des peuples du monde.

Ce qu’a réussi notre pays ces dernières années en matière de justice sociale,
il l’a fait malgré les intentions du gouvernement des États-Unis et de ses
alliés intérieurs et extérieurs de détruire la Révolution Cubaine.

Le peuple cubain a pleuré la perte de plus de trois mille de ses enfants qui
ont été victimes des invasions, des attaques terroristes, des explosions
d’avions en plein vol, des guerres biologiques et bactériologiques.

Jamais une agression aussi longue et intense n’a été menée contre un si petit
pays. Seulement l’unité du peuple autour de sa Révolution a pu accomplir le
miracle de la résistance.

Peut-être que vous, de l’Europe, étant plongés dans la lutte pour l’Europe
sociale á laquelle vous aspirez légitimement, vous ne vous êtes pas rendus
compte de l’énorme danger qui pèse sur Cuba.

D’abord la guerre contre la Yougoslavie, ensuite contre l’Afghanistan et, á
l’heure actuelle, contre l’Irak, ces guerres devraient ouvrir les yeux á ceux
qui ne comprennent pas encore que la bête est libre et que si les peuples du
monde ne peuvent pas se défendre par soi même, rien ne restera des conceptions
de souveraineté et d’indépendance.

Le monde a été mis en état de guerre et Cuba - qui a été mise par M. Bush sur
la liste des pays qui soutiennent et protégent le terrorisme - agressé depuis
40 ans, est considéré comme une menace pour la sécurité nationale des États-Unis. Contre Cuba se préparent d’importants plans d’agressions et nous avons le
droit, et encore plus, le devoir de nous défendre, puisque se défendre est
légitime dans une situation de danger extrême.

Il est vrai qu’on a appliqué des mesures très dures. L’histoire des révolutions
démontre combien de violence fût exercée contre elles et combien de violence
fût nécessaire pour les défendre. La Révolution française en est un exemple.
Pourtant nous pouvons affirmer avec fierté que la Révolution cubaine a été la
plus claire, la plus transparente de toutes. La torture, l’assassinat
extrajudiciaire ou la violence physique n’ont été jamais appliques contre
personne. En plus de 40 ans, pas une seule personne
n’est disparue, pas une seule personne ne fût condamnée sans avoir eu le droit
d’être jugée selon les lois en vigueur.

Quiconque possédant un minimum d’information sur la guerre menée contre l’Irak
par la grande puissance de l’Histoire, comprendrait que l’existence des lois
qui protégent la souveraineté et l’indépendance contre la nation ennemie - qui
dédie tout son pouvoir á la détruire - est nécessaire.

Ce que nous voulons éviter aujourd’hui, c’est d’avoir, dans l’avenir, á
regretter un massacre de notre peuple, alors qu’aux Etats-Unis se préparent
des plans urgente de déstabilisation et on y cherche un prétexte pour agresser
directement notre pays.

Ce n’est pas Cuba, bien que quelques uns l’affirment de manière cynique qui, a
cause des mesures prises, a donné un prétexte aux Etats-Unis pour intervenir
dans son pays. Il existait déjà des plans comprenant une agression, et tout
cela bien que Cuba ne prenne ces mesures. Comment comprendre qu’ils aient mis
Cuba sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme ?

Je suppose que la presse française, qui a pris beaucoup d’informations liées á
ces évènements á Cuba, a aussi divulgué les déclarations des hauts
fonctionnaires du gouvernement des États-Unis qui, comme Colin Powell, par
exemple, expriment le droit de leur pays, par le biais de ce qu’ils appellent
leur lutte contre le terrorisme, d’abattre le gouvernement cubain.

Finalement, je voudrais faire référence á une affirmation contenue dans votre
déclaration, qui dit que, parmi les sanctionnés, il existe des dirigeants
syndicaux appartenant á une supposée organisation syndicale indépendante. Cette
affirmation est très éloignée de la vérité et pourtant de nombreux dirigeants
de la CGT la connaissent.

Les syndicats ne trouvent leur raison d’être que dans les centres de travail En
dehors des centres de travail, ils sont n’importe quoi sauf un syndicat. Un
syndicat ne peut pas exister s’il nés pas élu par les travailleurs et s’il n’a
pas d’affiliés.

Vous, du moins ceux parmi vous ayant visité Cuba, savez que les élections
syndicales aux centres de travail de notre pays sont faites de manière libre et
ouverte. Ce sont les travailleurs qui proposent et élisent d’après leur volonté
et a maintenant, et je suis sure qu’a toujours, ils ont élu et vont élire ceux
qui se mettront á la défense de leurs intérêts et de leurs droits et qui sont
liés intimement á l’existence - même de la Révolution cubaine.

Ceux que vous appelez dirigeants syndicaux, nos travailleurs á nous, ceux qui
ont rempli des Plaza au côté de leurs familles lors de la fête du 1er Mai (plus
de 7 millions), appellent les sanctionnés des traîtres ainsi que des
mercenaires, parce qu’ils reçoivent des fonds considérables des agences nord -
américaines et d’autres organisations qui, comme la CNV d’Hollande ou la CMT,
ont mis leurs ressources et leurs énergies á se créer á Cuba des alliés dans
l’objectif de détruire l’oeuvre de la Révolution.

Il a été prouvé en court que ceux que vous appelés des dirigeants syndicaux,
ainsi que le reste des sanctionnés, conspirait au Bureau des Intérêts des Etats
Unis a Cuba pour écraser la Révolution et ça, c’est un délit contenu sur nous
lois.

Nous sommes toujours fiers de la solidarité et de l’amitié des travailleurs
français. Aux côtés de la CGT nous avons lutté, depuis plusieurs années, pour
améliorer la cause des travailleurs du monde. En ce qui nous concerne, nous
continuerons á travailler en ce sens. Nous attendons la même chose de la part
des dirigeants de la CGT.

Fraternellement,

Pedro Ross Leal

Secrétaire Général
Centrale des Travailleurs de Cuba

Source : CUBA SOLIDARITY PROJECT
"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher Cuba,
nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Cubains."

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