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Le Monde Diplomatique, novembre 2008

Cette livraison nous offre de stimulantes analyses de la crise financière et économique présente et à venir.
« Ainsi donc, tout était possible », remarque S. Halimi dans son éditorial (publié précédemment par Le Grand Soir (http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7345 : « une intervention financière massive de l’État, l’oubli des contraintes du pacte de stabilité européen, une capitulation des banques centrales devant l’urgence d’une relance, la mise à l’index des paradis fiscaux. Tout était possible ; car il fallait sauver les banques. »

Frédéric Lordon cingle " les disqualifiés " (Cohen, Baverez, Attali), leur constance dans l’erreur. Il rappelle, par exemple, que le rapport Attali plaidait « pour le passage à la capitalisation, la montée en puissance de l’épargne-retraite individuelle ou collective, au moment précis où les ménages américains voyaient leurs pensions partir en fumée. »

Dans le même esprit, François Ruffin fait le procès du Parti socialiste, de son divorce avec les classes populaires, un parti qui a oublié l’existence du mot " ouvrier " (ne parlons même pas de " prolétaire " , " pauvres " , " riches " ). En 72 discours de campagne, Royal n’a prononcé le mot "finance " que deux fois.

Martine Bulard évoque le « basculement du monde ». « C’est sur un coup de téléphone du président chinois à George Bush que Fanny Mae et Freddy Mac, les deux spécialistes du crédit hypothécaire, ont été sauvés de la faillite, en septembre 2008 : les autorités chinoises avaient menacé, dans le cas contraire, de ne plus acheter de bons du trésor américain. » Bulard résume la crise économique étatsunienne en ces termes : « C’est moins la consommation qui a grimpé trop haut que les salaires qui sont descendus trop bas, contraignant à emprunter pour se loger, éduquer les enfants ou soigner (les tarifs des assurances-santé, par exemple, ont flambé). De plus, les grosses fortunes et les grands groupes ont choisi d’investir ailleurs au détriment du potentiel industriel, obligeant à importer plus et à exporter moins - d’où les déficits. » Dans cette crise, l’Europe existe à peine : « contrairement à la fable médiatique, elle est restée hors du coup dans la crise. Certains de ses principes, présentés comme intangibles, sont même passés cul par-dessus bord, ce dont personne ne se plaindra. Adieu les critères de Maastricht qui devaient limiter les déficits publics. Exit le refus d’aides publics aux groupes nationaux. Pas de programme unique d’action. Chaque État a adopté, peu ou prou, le plan de nationalisation bancaire défini à l’origine par le Premier ministre travailliste Gordon Brown, le moins européen de tous, dirigeant d’un pays qui n’est même pas membre de la zone euro ! » Martine Bulard rappelle combien la finance joue contre les peuples : « les produits dérivés (produits de la spéculation qui servent à la spéculation), dont les stocks à l’échelle de la planète dépassent aujourd’hui le million de milliards de dollars, représentent vingt ans de production mondiale. » Conséquence : « La crise systémique qui frappe les Etats-Unis et les pays européens montre que l’on ne peut durablement désarticuler les services et la finance de la production matérielle. »

Dans " Ce qui se résolvait hier par la guerre " Philippe S. Golub prend le contre-pied de la prophétie de Hegel pour qui l’Asie représentait le commencement de l’histoire et l’Europe sa fin. Pour Golub, « le capitalisme tend par nature vers la globalité, et ses logiques transcendent la division du monde en États-nations. Dans le même temps, en investissant prioritairement certains territoires, il finit par construire des puissances nationales, parfois des hégémonies. » Le système est devenu monstrueux, quand on voit que les réserves monétaires des pays émergents sont estimées à plus de 3000 milliards de dollars (70% des réserves mondiales).

Pendant ce temps-là (" L’Inde éperdue de reconnaissance " ), New Delhi lance son premier vol inhabité vers la lune. Un exploit, selon Siddharth Varadarajan, « qui confirme sa volonté de rivaliser avec la Chine. L’auteur rappelle que le 6 septembre 2008, le Groupe des Fournisseurs Nucléaires, qui contrôle le commerce mondial des équipements atomiques « a décidé de modifier ses directives et de permettre à l’Inde d’accéder aux technologies sensibles. Et ce bien que New Delhi reste en dehors du Traité de non prolifération et refuse l’inspection internationale de tous ses sites nucléaires. »

Dans " Du déclin des Empires " , Eric Hobsbawn rappelle que »les victoires militaires n’ont jamais suffi à assurer la pérennité des empires. » La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont bénéficié de leur domination sur l’industrie mondiale. L’historien conclut sur un constat et une question : « Quand l’ère des empires maritimes arriva à sa fin, la Grande-Bretagne sentit le vent tourner avant les autres puissance coloniales. Son pouvoir économique ne dépendait pas de sa puissance militaire mais du commerce. Les États-Unis comprendront-ils cette leçon ? Ou chercheront-ils à maintenir une domination globale par la seule puissance politique et militaire, engendrant ainsi toujours plus de désordre, de conflits et de barbarie ? »

Article théorique très intéressant de Jean-Marie Harribey : " Les vertus oubliées de l’activité non marchande " A contre-courant de la plupart des économistes, Harribey explique que « les travailleurs des services non marchands produisent les services qui les rémunèrent. La valeur monétaire de ces services n’est pas ponctionnée et détournée ; elle est produite. Prétendre que les salaires des fonctionnaires sont payés grâce à une ponction sur les revenus tirés de la seule activité privée n’a pas plus de portée que si l’on affirmait que les salaires du secteur privé sont payés grâce à une ponction sur les consommateurs. » Harribey dénonce, une fois encore, le rôle de la BCE et de l’Europe dans ce système : les traités interdisent aux États d’emprunter auprès d’elle pour financer les dépenses publiques. La politique monétaire de la BCE, placée hors contrôle politique, ne consiste plus qu’à surveiller le taux d’inflation : non seulement, la préservation de la rente foncière est cruciale pour les détenteurs de titres financiers, mais il s’agit de favoriser une production non marchande de valeur d’usage inaccessibles au capital. »

Dans " Le fantôme de la Potsdamer Platz " , Bernard Umbrecht, ancien correspondant de L’Humanité à Berlin, revient sur les destins et la postérité de Liebknecht (un révolutionnaire qui s’appelait " valet d’amour " !) et de Luxemburg, dont l’assassinat marqua une « brutalisation de la vie politique qui affectera profondément et durablement » le XXe siècle.

Tassadit Imache évoque très pertinemment les " protocoles de l’expulsion " en France, avec des décors inimaginables jusqu’alors : des centres, des locaux où sont enfermés des individus, des familles, des enfants. Cette nouvelle rationalité a beaucoup à nous apprendre sur « ce que nous risquons d’être demain. Étrangers à nous-mêmes ? »

On connaît de mieux en mieux les méthodes, souvent douteuses, des instituts de sondages. On connaît un peu mieux, grâce à Rémy Caveng, les conditions de travail de plus en plus précaires, souvent honteuses qui y prévalent (" Êtes-vous heureux, ravi ou enchanté de travailler dans un institut de sondages ? " ).

Fort utile plaidoyer de Marc Laimé en faveur de " L’eau publique " , la France étant la championne du monde de la privatisation de ce bien. Il semble même qu’il soit plus rentable de vendre de l’eau que des frégates (" Le second scandale des frégates de Taïwan " par Roland-Pierre Paringaux).

Le Diplo se clôt sur un très intéressant dossier sur Olympes de Gouges, hostile à la peine de mort (même pour Louis XVI), avocate de la cause des Noirs, et surtout de celle des droits des femmes.

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