RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Marina Petrella, justice ou vengeance ?

Dans les années 1970 en Italie, de très nombreux jeunes militants dont la révolte s’était radicalisée choisirent la lutte armée. Marine Petrella en faisait partie.
En 1982 elle est arrêtée, elle passe 8 ans dans les prisons spéciales italiennes avant d’être libérée pour expiration des délais de détention préventive.
En 1993, elle est condamnée à perpétuité dans le cadre de lois d’exception, pour des faits remontant aux années 79 à 82.
Elle vient en France, François Mitterrand, alors président de la République, avait accordé à quelques centaines d’Italiens - en pleine connaissance de la gravité des faits qui leur étaient reprochés et de façon indifférenciée les uns par rapport aux autres - un asile en France avec sa fille , ses avocats avertissent alors les autorités judiciaires françaises de sa présence.
Marina Petrella réside en France de façon continue, en situation régulière, elle dispose d’un titre de séjour, reprend ses études, passe des diplômes, est salariée de structure publique…
Le 21 août 2007, convoquée pour des formalités administratives, Marina est arrêtée au commissariat d’Argenteuil, à la suite d’une demande d’extradition du gouvernement italien.

La condamnation date d’une quinzaine d’années, les faits de plus de 25 ans. Quel serait donc le sens de cette incarcération aujourd’hui ?
SI la sanction pénale a pour objet d’aider à la réinsertion sociale du délinquant, elle serait ici sans objet Marina Petrella est parfaitement insérée/ré-insérée dans la société française où elle vit, travaille et a fondé une famille. La sanction n’aurait pas plus de sens s’il s’agissait de protéger la société de la dangerosité, Marina Petrella a tourné la page de la lutte armée il y a des années.

Par contre, de nombreuses interventions favorables à l’extradition évoquent pêle-mêle l’absence de repentir de Marina Petrella et les victimes qui n’ont pas pardonné.
Ces deux points semblent très liés et renvoient à une conception particulière de la sanction pénale.
Le pardon des victimes n’est pas une catégorie juridique, la justice s’est construite contre la notion de vengeance et la loi du talion. Même si les victimes crient vengeance la société, elle, doit se contenter de leur rendre justice ; aucun droit pénal ne reconnaît aujourd’hui la nécessité d’enfermer à vie tous les auteurs d’actes délictueux ayant entraîné la mort d’autrui, quelle que soit la douleur des proches des victimes. Et cela est aussi vrai pour les familles des 85 tués de l’attentat de la gare de Bologne, pour les familles des travailleurs de l’amiante et pour tant d’autres.
Quant au repentir, loin de la notion catholique de changement profond qui s’opère dans l’homme lorsqu’il reconnaît son péché devant Dieu, exprime le regret de sa faute et en demande pardon, il s’agit ici de la notion de repenti mise en oeuvre par la législation italienne. Le repenti n’est pas là celui qui regrette sa faute, mais celui qui dénonce ses anciens complices pour obtenir l’immunité.
Notion mise en oeuvre dans le cadre des lois d’exception mais notion déjà ancienne et crée à Rome avec la création de l’inquisition médiévale dans les années 1230 par le pape Grégoire IX. En effet la procédure utilisée par l’inquisition débutait par un délai de grâce au cours duquel ceux qui se présentaient et confessaient spontanément leurs fautes se voyaient imposer une pénitence religieuse mais échappaient aux sanctions du pouvoir civil, avec en contre partie l’obligation de dénoncer les hérétiques.
Outre l’aspect moralement douteux de s’appuyer sur une délation récompensée, cette procédure était aussi une incitation à dénoncer le premier, incitation recrée par la notion "moderne" de repenti.
Le parallèle que l’on pourrait poursuivre avec les procédures d’interrogatoire n’est pas anodin. L’inquisition ne pourchassait pas des criminels mais avait pour vocation d’éradiquer une hérésie et donc, les hérétiques qui contestaient l’ordre religieux et donc l’ordre social.
L’objectif serait il le même aujourd’hui ?
La sortie d’une période de violence ne peut pas se faire par la vengeance. Une amnistie sera nécessaire qui seule permettra d’écrire l’histoire de ces années de plomb et surtout d’essayer de les comprendre.
Mais hélas il ne semble pas que ce soit la voie emprunté par les gouvernements occidentaux. De la demande d’extradition de Marina Petrella à la criminalisation des acteurs sociaux la logique est la même, maintenir l’ordre établi et éradiquer la subversion.

Le 27 juillet 2008

Jean-Michel Arberet
Conseiller municipal d’Arcueil
Partenaire du groupe communiste
http://jm-arberet.over-blog.com/

URL de cet article 6945
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Google contre Wikileaks
Julian ASSANGE
En juin 2011, Julian Assange reçoit un visiteur inhabituel dans sa petite maison de campagne anglaise en résidence surveillée de Ellingham Hall : le président de Google en personne, Eric Schmidt, venu tout droit de la Silicon Valley. Le général assiégé de WikiLeaks, la plus audacieuse entreprise d’édition insurrectionnelle connue à ce jour, et l’empereur d’Internet vont croiser le fer : du Printemps arabe aux bitcoins, et des solutions technologiques aux problèmes politiques, tout les oppose. La (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

En Occident, la guerre deviendra la norme, la guerre constante. Les gens grandiront, atteindront la maturité, deviendront adultes, avec l’idée qu’il y a toujours une guerre. Alors la guerre ne sera plus une chose exceptionnelle, inhabituelle ou horrible. La guerre deviendra la nouvelle normalité.

Julian Assange

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.