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Le Sarkophage n° 6

Je ne regrette décidément pas de m’être abonné à ce journal d’analyse politique, bouffeur de Sarko.
Dans le n° 6, l’éditorial de Paul Ariès est un appel dramatique à tous les gens de gauche pour que la gauche ne disparaisse pas de notre paysage. L’exemple de l’étranger n’incite guère à l’optimisme : « Walter Veltroni, ex-dirigeant communiste et nouveau leader du Parti démocrate, a de ce point de vue totalement réussi son pari : éliminer la gauche de la vie politique italienne. On se souvient de son slogan de campagne : Nous sommes réformistes, non de gauche [ohé, Jospin, dont le projet n’était pas socialiste], et de sa volonté de se placer à équidistance entre les travailleurs et les entreprises. La situation en Espagne ne vaut guère mieux : le leader " socialiste " Zapatero a été réélu en mars au terme d’une campagne ouvertement orange qui ne lui a cependant pas permis de mobiliser l’électorat centriste. […] En France aussi, les gauches peuvent totalement disparaître de la scène politique. »
Ariès met en garde contre la « fausse gauche qui fait la politique de la mondialisation capitaliste avec simplement un zeste de compassion pour ceux qui ne savent pas s’adapter assez vite.

Danielle Mitterrand a offert au Sarkophage un article sur " l’eau, la richesse et les profits " . Un tiers de l’humanité, rappelle-t-elle, « ne dispose que de 8% de l’eau douce disponible : 500 millions à 1 milliards d’humains vont se trouver d’ici cinquante ans en état de pénurie, 2,5 milliards en situation critique. [ Alors que la population mondiale a triplé en un siècle, la consommation d’eau a été multipliée par sept. L’eau potable doit être reconnue comme bien commun de l’humanité. »

Dans les années trente, en période de très grave récession économique et sociale, les autorités britanniques avaient institué un système humiliant de calcul de ressources pour les chômeurs, afin de déterminer la (maigre) allocation à laquelle ils pouvaient prétendre. Le gouvernement de Sarkozy vient de s’inspirer de cette méthode odieuse de ce flicage anti-pauvres. Il l’a fait en mettant en exergue un ou deux réels fraudeurs au RMI, ce qu’explique Baptiste Mylondo dans " La chasse aux " fraudeurs ’ " . Mylondo cite, en se trompant d’identité, me semble-t-il, le cas de la fille du milliardaire François Pinault. Il s’agit en fait de Laurence Pineau-Valenciennes, condamnée à 8 mois de prison avec sursis et 25000 euros d’amende pour avoir touché 40000 euros de RMI pendant six ans. Ce cas est assurément aussi spectaculaire que marginal. Un gouvernement soucieux du bien public ferait mieux de se pencher sur les fraudes aux impôts et aux cotisations sociales. Alors que la fraude au RMI tournerait autour de 35 millions d’euros, l’évasion fiscale coûte mille fois plus aux Français.

Une réflexion très stimulante de Florence Jany-Catrice sur " Les nouveaux oxymores du travail " . Elle réfléchit sur ce qu’implique la création - qui nous vient des pays anglo-saxons comme tout ce qui pourrit nos vies de citoyens - de l’expression « travailleurs pauvres ». On en compte au moins deux millions dans notre pays, selon les critères officiels. Parmi ceux-ci, les salariés des " services à la personne " . Certains - il vaut mieux dire « certaines », et elles sont 160000 actuellement - gagnent moins de 141 euros annuels. Vous avez bien lu !

Philippe Godard (" Que proposer pour les banlieues ? " ) se demande s’il existe un rapport direct entre délinquance et chômage. Cette équation ne donne pas, selon lui, entière satisfaction, la délinquance ayant augmenté beaucoup plus que le chômage.

Fouquier-Tinville (il doit s’agir d’un pseudonyme...) propose une analyse cinglante des connivences idéologiques entre la droite et la gauche institutionnelles. La casse du service public, de l’État, de l’État-nation mise en place par la droite aujourd’hui, « était déjà développée dans un rapport élaboré dès 2005, à la demande de l’Institut Montaigne par Camille Putois. Cette énarque vaut le détour car, issue directement de l’état-major de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, elle fut qualifiée par la presse en 2007 de " personnalité la plus intrigante " de l’équipe de Ségolène Royal qui la débaucha pour en faire sa directrice de cabinet. L’ex-rapporteur de l’Institut Montaigne, militante de choc de " Désir d’avenir " sous le pseudo de Camille Céleste, est aujourd’hui directrice corporate du groupe Havas. […] pourquoi la gauche est-elle incapable de dénoncer les mauvais coups qui se préparent ? Parce qu’elle-même n’a rien fait lorsqu’elle était aux affaires pour valoriser l’esprit de service public, pour défendre le droit public, notamment administratif et, face à la généralisation du droit privé, parce que cette gauche est celle qui a légitimé l’idéologie managériale plus encore que la droite, celle qui a imposé les pratiques commerciales aux seins même des services publics comme La Poste. »

Pour René Naba (" Le ralliement aux thèses des néo-conservateurs américains " ), « la France est utilitairement pro-arabe mais substantiellement pro-israélienne. […] La nouvelle diplomatie Sarkozy-Kouchner marque bien l’importance en France du point de vue néo-conservateur américain. »
Ce que dénoncent également Guy Bachelier et Claude Beaulieu (" Pas de troupes françaises en Afghanistan " ), Sarkozy ayant décidé, à la demande de Bush, d’envoyer 1000 militaires français en Afghanistan. Au mépris des principes gaullistes selon lesquels la France se doit de refuser toute participation à une guerre engagée par une autre puissance.

Dans " La lutte pour la reconnaissance " , Paul Ariès exhorte la gauche à retrouver le chemin des milieux populaires, à reprendre le contact avec les " sans " (emploi, logement, papiers), à redécouvrir la société réelle qu’elle a perdue en chemin au non d’un « économisme étroit réduisant le capitalisme à sa rationalité instrumentale et à sa seule extorsion de survaleur. » La gauche est « dans le mur », ajoute Roger Martelli. « Toute stratégie de renoncement est vouée à l’enlisement et à l’échec. » Il faudrait « reproduire en France, sous des formes adaptées, le mouvement qui, en Allemagne, conduit Die Linke à bousculer la donne à gauche et à faire vaciller le bipartisme. » Il n’est plus possible d’être " de gauche " à l’heure de la bipolarisation politique. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Italie, la bipolarisation a tiré tous les partis vers la droite. Ce qu’explique Jacques Bidet (" Repenser une alternative au capitalisme " ).

Charlotte Belge réfléchit sur le style Sarkozy (" Décadence ! " ), exposant, ce que le peuple a compris, que la « mise en signe de pouvoir » sarkozienne n’est en rien anecdotique, mais politique, qu’elle est la façon dont ce pouvoir entend se mettre en scène et communiquer sa vérité.

Guy Dreux nous remet en mémoire " Le socialisme de Jaurès " . il prend le contre-pied de Rocard qui faisait récemment de Jaurès un allié objectif de l’économie de marché, « le point d’ancrage », selon Rocard, « et la garantie de la liberté de notre civilisation ». Guy Dreux nous rappelle que Jaurès n’a cessé d’affirmer que le socialisme repose sur « la socialisation de la propriété capitaliste ».

Jean-Luc Débry instruit le procès des « Humanitaires photogéniques ». Au XIXe siècle, la bourgeoisie catholique soignait les blessures qu’elle avait causées. Aujourd’hui, « la posture de l’amateur de rallye égaré sur une piste poussiéreuse du Tchad dispense la société d’où est issu le bénévole de faire de la politique. »

Danielle Charest, avec " De l’hygiène à l’hygiénisme " fait peut-être dans le politiquement incorrect, mais ce qu’elle écrit est très correctement politique : « Qui peut croire qu’en interdisant de fumer dans les entreprises, les lieux publics et les commerces conviviaux, le gouvernement obéisse à un impératif de santé publique, alors qu’il s’emploie à démembrer le système de l’assistance maladie ? Quel rapport entre son hygiénisme rampant et l’explosion des maladies qui résultent de l’aggravation des contraintes assénées aux travailleurs ? »
La lutte contre la dégradation de l’environnement, ajoute l’auteur, « cible les gestes individuels plutôt que les pratiques éminemment plus néfastes des Monsanto et consorts. »

Enfin, Olivier Le Cour-Grandmaison aborde la question de la "Xénophobie d’État" . Il dénonce la double politique de la peur : « il ne s’agit pas seulement de la susciter et de l’entretenir chez les nationaux, mais d’en faire aussi un instrument tourné cette fois contre les étrangers, à qui il faut faire peur et rendre la vie aussi précaire et aussi pénible que possible, pour mieux endiguer les flux migratoires », ce en se permettant même de violer gravement une convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant.

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