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Etats-Unis Désinformation

La Maison Blanche a manipulé les analystes militaires selon le New York Times

Publié 22 Avril 2008 Etats-Unis

L’administration du président George W. Bush a exploité la loyauté idéologique et militaire de ces analystes, et a utilisé les liens que ces analystes entretiennent avec les entreprises militaires impliquées dans le conflit en Irak.

L’administration du président étasunien George W. Bush a organisé une vaste entreprise de manipulation des analystes militaires travaillant à la télévision pour obtenir une couverture favorable de la guerre en Irak, affirme dimanche 20 avril le New York Times.

Dans cette entreprise, l’administration a exploité d’une part la loyauté idéologique et militaire de ces analystes, qui sont souvent des gradés de l’armée à la retraite, affirme le quotidien dans une longue enquête.

Elle a d’autre part utilisé un puissant levier financier, à savoir les liens que ces analystes entretiennent avec les entreprises militaires impliquées dans les politiques militaires qu’ils sont chargés d’évaluer à la télévision.

Ces commentateurs, qui apparaissent régulièrement sur les grandes chaînes étasuniennes pour analyser les guerre en Irak et en Afghanistan, représentent aussi quelque 150 entreprises militaires, que ce soit en tant que lobbyistes, consultants ou membres du conseil d’administration, ce que les téléspectateurs ignorent totalement.

Façonner de l’intérieur la couverture du terrorisme

Ces entreprises comprennent des poids-lourds du secteur, mais aussi une myriade de sous-traitants, qui cherchent tous à obtenir une part des centaines de milliards de dollars de contrats générés par la guerre contre le terrorisme, ajoute le quotidien.

Dans cette course aux contrats, l’accès à l’information et aux décideurs gouvernementaux est hautement prisé, souligne le New York Times.

Et l’administration Bush a utilisé cette situation pour transformer les analystes en instruments capables de façonner de l’intérieur la couverture du terrorisme par les grands réseaux de télévision et de radio.

Les analystes ont ainsi été invités à des centaines de briefings privés avec des dirigeants militaires, ont été emmenés en Irak, ont eu accès à des renseignements confidentiels et ont eu des briefings avec de hauts responsables de la Maison Blanche, du département d’Etat et du département de la Justice, selon le New York Times. En retour, ils se sont faits la caisse de résonance des points de vue de l’administration, même lorsqu’ils soupçonnaient parfois que l’information était fausse ou exagérée.

8.000 pages de messages électroniques

Le New York Times est arrivé à cette conclusion après avoir examiné quelque 8.000 pages de messages électroniques, de transcriptions et d’enregistrements décrivant plusieurs années de briefings et de voyages en Irak ou à Guantanamo obtenus par le quotidien après avoir remporté un procès contre le Pentagone, dont les responsables n’avaient pu être joints dimanche. Ces dossiers révèlent une relation symbiotique où la ligne de partage habituelle entre gouvernement et journaliste est brouillée, souligne le quotidien.

Des documents internes du Pentagone parlent régulièrement des analystes militaires comme des "multiplicateurs de force du message" ou de "substituts" sur qui compter pour transmettre "les thèmes et le message" du gouvernement à des millions d’étasuniens "sous la forme de leurs propres opinions" .

Même si les analystes sont des consultants payés par les télévisions, qui gagnent entre 500 et 1.000 dollars par apparition à l’écran, certains ont donné au Pentagone des "trucs" pour contourner les télévisions et d’autres l’ont tenu alerté des reportages en préparation, selon le quotidien.

"Bon travail" , aurait affirmé Thomas McInerney, général à la retraite de l’armée de l’air et analyste pour Fox news, dans une note écrite au Pentagone après un briefing fin 2006.

L’article du New York Times "Behind Military Analysts, the Pentagon’s Hidden Hand"

http://socio13.wordpress.com/2008/0...

URL de cet article 6523
   
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Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme. Elle veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats. L’histoire du terrorisme est écrite par l’État ; elle est donc éducative. Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique.

Guy DEBORD

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