15 août 2007.
C’est avec beaucoup d’émotion que je vous écris ces lignes. Toute ma vie, j’ai payé cash le prix de mes choix. Il en est allé ainsi, une fois encore, lorsque j’ai pris la décision de soutenir la candidature de José Bové.
Je suis sans emploi et sans ressources. Depuis des mois, je cherche. En dépit d’un curriculum vitae bien fourni, qui, ailleurs, m’aurait très vite ouvert de nombreuses portes, notamment à l’Université, en France, mon pays d’adoption, je n’ai trouvé ni soutien sérieux, ni proposition crédible.
Au Cambodge, où on n’a pas oublié le rôle que j’y ai joué pendant douze ans pour l’aider à sortir des séquelles d’une des plus grandes tragédies du XXe siècle, certains ont appris ma situation. Ils ont considéré que ce n’était pas acceptable. Une offre m’est faite de travailler comme expert-consultant auprès du gouvernement cambodgien sur certains dossiers où je peux apporter quelque chose à ce pays. Je l’ai acceptée. Comme j’ai accepté une autre offre sur le Liban. Je vais partager les quatre années qui me séparent de la retraite entre ces deux pays.
Depuis sept ans, je me suis impliqué, avec toute la force de mes convictions, dans l’action citoyenne. Comme militant altermondialiste d’abord, au nom d’une certaine idée de l’Europe ensuite, dans la recherche d’une gauche de gauche enfin. Je l’ai fait en toute liberté, sans souci de carrière. En restant fidèle à mes convictions et en n’obéissant qu’à ma conscience.
Ce qui me peine le plus au moment de me retirer de l’action militante, c’est de laisser derrière moi un champ de ruines où gisent toutes les gauches. Dans les gravas, on ne trouve que sauve-qui-peut carriériste ou sectarisme. Le socialisme a contribué de manière décisive à la mondialisation néolibérale et à son extension aux champs européen et français. Les disciples de Lénine, quelle que soit la secte qu’ils dirigent, ont tué l’espérance née le 29 mai 2005. Les militants altermondialistes sont repliés sur des combats certes essentiels, mais dans une approche trop sectorielle.
Le mot « gauche » ne porte plus aucune espérance. Il demeure néanmoins, pour ceux qui entendent mettre leurs actes en cohérence avec leurs convictions, une certaine manière de penser et d’agir qui allie liberté, égalité et fraternité, qui recherche le beau et le bien, qui ne renonce jamais à l’engagement. C’est à cela que j’entends rester fidèle, plus que jamais disciple des Lumières et attaché aux idéaux de Mai 68.
Je ne serai pas là pour participer à la création d’une gauche nouvelle fondée sur des valeurs et une pratique où la fin se trouve déjà dans les moyens. Je le regrette profondément. Je ne serai cependant pas absent du débat européen grâce à un livre que je termine ces jours-ci.
Je souhaite à chacune et à chacun du bonheur dans vos vies et vos combats.
Raoul
Raoul Marc JENNAR
consultant - questions internationales
7, place du Château, 66500 Mosset
raoul.jennar@wanadoo.fr...
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