Comme on s’y attendait, le secrétaire d’État nord-américain, Colin Powell, a lancé le 5 février une avalanche d’accusations contre l’Irak pour essayer de justifier la guerre contre ce pays arabe.
Sans apporter de preuve vérifiable parce que « nous ne pouvons pas tout dire », s’est-il excusé, Powell a imputé aux autorités de Bagdad depuis cacher des armes chimiques et biologiques et continuer de les produire jusqu’à espionner et manipuler les inspecteurs de l’ONU.
Dans son intervention d’une heure et demie devant le Conseil de sécurité de l’ONU, il a aussi accusé l’Irak de ne pas avoir interrompu son programme nucléaire et même de donner du financement, de l’hébergement et des moyens d’entraînement à des membres de l’organisation al-Qaeda.
Powell a dit que la présentation que Washington a préparé, soutenue par des moyens audio-visuels, était basée sur des rapports d’espions et de déserteurs irakiens. Le chef de la diplomatie étasunienne a commencé son exposé en prenant pour acquis que l’Irak n’a pas respecté les résolutions de l’ONU et doit donc faire face aux conséquences.
Sa comparution s’est avérée une compilation de pièces détachées des mêmes accusations de Washington contre Bagdad.
Pour les étayer, Powell a fait écouter deux enregistrements de personnes parlant arabe et qui semblent transmettre des instructions pour tromper l’expertise des inspections mais sans que l’on puisse vérifier leur authenticité ni leur origine.
Il a aussi présenté des photos de satellites qui, a-t-il admis, était difficile à interpréter même pour lui, ainsi que des graphiques de prétendus laboratoires mobiles producteurs d’agents biologiques.
Plusieurs diplomates qui ont eu une connaissance anticipée du rapport, ont qualifié les imputations de non substantielles et ne permettant pas de tirer de conclusions.
A la fin de cette présentation, le ministre chinois des Affaires étrangères, Tang Jixuan, a considéré insuffisant ce qui a été exposé par les Etats-Unis et a plaidé pour prolonger les inspections qui, à son avis, peuvent résoudre le problème.
Le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Igor Ivanov, s’est exprimé dans le même sens, en disant que la crise à propos de l’Irak doit être résolue par des moyens politiques et non par la guerre.
La France et le Cameroun, également, ont demandé que soit évité une conflagration aux conséquences imprévisibles et qu’on donne une chance aux inspections. Tandis que Powell se préparait à parler à l’ONU, le président George W. Bush s’est réuni à la Maison Blanche avec plus d’une douzaine de législateurs républicains et démocrates pour leur présenter lui-même les prétendues preuves contre l’Irak.
Le président français Jacques Chirac avait averti la veille le premier ministre britannique, Tony Blair, qu’il pourrait en arriver à utiliser son pouvoir de veto à l’ONU pour rejeter une attaque.
Enfin, le sénateur démocrate Joseph Biden a commenté que Powell aurait un jury très difficile pour ce qui est d’accepter sa proposition puisqu’il existe beaucoup de scepticisme dans la communauté internationale.
Source : Granma