RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Palestine - Gaza : une feuille de route vers l’enfer, par Angela Pascuci.








Il manifesto, éditorial, mercredi 13 juin 2007.


Palestine ne devait pas exister, et Palestine n’existera pas, parce que l’identité palestinienne a finalement été détruite, massacrée dans les corps et humiliée dans l’esprit. Peut-être que, pour elle aussi, on parlera d’une épave du 20ème siècle, et comme telle, à juste titre, balayée.

Le feu dévorant fait rage à Gaza, nourri par de l’essence d’importation que la direction palestinienne, dans son ensemble, a bue avec avidité, parce que on ne lui a aussi jamais vraiment offert d’autres aliments alternatifs, plus propres, plus sains et justes, et que, dans le désert créé par l’injustice et l’isolement, ceux qui apportent des secours méritent gratitude et écoute. Même si tôt ou tard, ils demanderont des comptes. Même si tôt ou tard arrivera, inévitable, l’effondrement de ce sens du « nous » qui avait permis à tout un peuple de se reconnaître dans « sa » diversité. Une altérité qui, si elle l’a condamné dans le monde arabe, lui a toujours permis de sauver son âme, dans les défaites infligées par une Histoire bâtie par d’autres où, depuis une certaine date, un peuple entier n’a plus été prévu. D’autre part, comment ne pas qualifier de plaisanterie grotesque de l’Histoire, l’appel du « pharaon » égyptien Hosni Moubarak au peuple palestinien, pour qu’il descende dans la rue et demande la fin du massacre. Lui, président à vie d’une nation tenue sous le fouet, lui qui n’a certainement gagné honnêtement aucune élection, lui qui a fait des souffrances du peuple palestinien une marchandise d’échange avec Israël.

« C’est la guerre civile », « Vous voyez ? Les Palestiniens se massacrent entre eux ». Des gradins du cirque arrivent les commentaires de ceux qui ont soigneusement cultivé cette lacération, une feuille de route vers l’enfer bâtie au chevet de l’adversaire, une fresque de guerre trempée dans le désespoir et dans l’injustice. Et quelle satisfaction quand les Palestiniens, une fois de plus, ont montré qu’ils n"étaient dignes d’aucune justice et quand, dans l’atmosphère empoisonnée des lieux sans issue, ils ont choisi, par voie démocratique, un parti aussi mal vu par leurs ennemis que par leurs généreux donateurs.

Voilà , ont dit les belles âmes, eux aussi dans le tas du rebut intégriste. Un affront, une ingratitude à punir durement, sans aucune pitié. Et sans aucune conscience de l’impressionnante similitude étalée désormais par tous les conflits que l’Occident a « pris à sa charge ». Vous parlez d’une exaltation et exaspération des identités... Dans cette boucherie de champ de bataille qu’est devenu le « Grand Moyen-Orient » rêvé par les Etats-Unis, et désormais amas de ruines, on en arrive à ne plus rien distinguer de projets, avenir, espoir, horizon partagé. Ce qui se déploie est un domaine barbare, un Grand Jeu de contrôle du territoire et de négation de l’autre.

Un châtiment grotesque de l’histoire est en cours dans cette réplique à l’infini du conflit originel, israélo-palestinien, plaie infectée qui ne pouvait générer que des mutilations irrécupérables à une capacité de cohabitation.

Mais ce qui fait le plus mal dans l’affrontement fratricide qui se consume dans les Territoires martyrisés par l’occupation israélienne, c’est la confirmation qu’on finit toujours, et en plusieurs manières, par ressembler à son propre ennemi, surtout quand celui-ci n’entend assumer aucune autre identité, car même ne serait-ce que la cohabitation, lui paraît être une défaite et une menace.

S’affronter avec un ennemi qui de jour en jour érode la terre où tu vis, menace ta survie, vit de ta peur, ne se sent rassuré que par ta faiblesse, ne peut qu’induire un bouleversement intérieur, une paralysie de l’âme.

A la fin, n’importe quelle altercation, n’importe quel conflit, même celui avec ton frère, se transformera en défi mortel pour le contrôle de cette terre sur laquelle tu crois vouloir vivre et pour laquelle tu es prêt à tuer.

Aux chefs palestiniens ce qui leur échoit, quant aux responsabilités de cette guerre intestine, dernier clou au cercueil de l’état palestinien. Mais que personne ne se sente soulagé, parce que ce cercueil était prêt depuis longtemps.

Angela Pascuci


- Source : il manifesto www.ilmanifesto.it

- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio




Palestine : diviser pour mieux régner, par Michel Warschawski.


Israël : voyage en terre promise. Promise pour qui ? par Pierre Stambul.


Rapport ONU - Israël / Palestine (The Guardian) : le soutien des Usa à Tel Aviv dévastateur pour les Palestiniens. Et pour l’Onu, par S.D.R.






- Dessin : Alex Falco Chang


URL de cet article 5159
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
PALESTINE
Noam CHOMSKY, Ilan PAPPE
La question palestinienne est représentative de ce qui ne tourne pas rond dans le monde. Le rôle des États occidentaux et l’accord tacite de diverses institutions en font un cas très particulier de la politique actuelle. Les trois dernières offensives militaires d’envergure menées par Israël contre Gaza, entre 2008 et 2014, ont fait des milliers de morts du côté palestinien et donné lieu à de nouvelles expropriations de terres en Cisjordanie. Ces guerres de conquête israélienne ont ravivé, chez les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Le fait de se définir Blanc ne s’est pas construit à travers des séances d’œnologie ou de dégustations de glaces entre amis, mais sur le saccage de la vie, de la liberté, du travail et des terres ; sur la lacération des dos ; l’enchaînement des membres ; l’étranglement des dissidents ; la destruction des familles ; le viol des mères ; la vente des enfants ; et tant d’autres actions destinées avant tout à nous refuser à toi et moi le droit de protéger et de disposer de nos propres corps. »

Ta-Nehisi Coates

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.