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La victoire de Sarkozy est une défaite pour la classe ouvrière. Candidatures unitaires de partout pour les législatives.








Dimanche 6 mai 2007.


La victoire électorale de Nicolas Sarkozy est une défaite pour la classe ouvrière française. Ce n’est pas "la" défaite absolue, durable pour toute une période : celle-là , c’est celle pour laquelle Sarkozy est mandaté par le capital financier, il sait qu’il ne nous l’a pas infligée, il sait, comme il faudrait que le sachent et le comprennent un maximum de militants ouvriers, que l’affrontement principal est devant lui, devant nous. Il est donc nécessaire de ne pas nier la défaite, et de ne pas non plus la grossir démésurément.

La V° République a un président qui veut la remettre sur ses pieds, qui est mandaté par le capital financier et soutenu par de larges couches sociales pour frapper le salariat, la jeunesse, les immigrés, les fonctionnaires. Ne nous payons pas de mots, c’est une défaite ouvrière qui va peser à l’échelle européenne.

"Ni rire, ni pleurer, comprendre", disait Spinoza. Il est d’ailleurs permis de pleurer un peu avec les centaines de milliers de sans-papiers pour lesquels l’élection de Sarkozy est une menace physique immédiate, à condition de comprendre pour se préparer au combat.

Cette victoire, le capital ne la doit qu’aux directions des partis de gauche et des centrales syndicales, qui ont tout fait pour maintenir en place Chirac et son gouvernement dont Sarkozy était une pièce centrale, désavoués et battus à plusieurs reprises aux élections de 2004, lors du référendum de 2005 et dans la rue contre le Contrat Nouvelle Embauche en 2006. Par la synthèse au PS et la division orchestrée à la gauche du PS la négation de la représentation politique de ce mouvement social majoritaire a créé les conditions politiques de ce qui vient de se produire. L’orientation de Ségolène Royal, adaptée aux institutions de la V° République, tournée vers la négation des valeurs du socialisme et du mouvement ouvrier, a construit une confusion politique qui, en faisant reculer brutalement le total des candidats issus du PS, du PCF, de la LCR et de LO au premier tour au profit du candidat bourgeois François Bayrou, a du même coup construit les conditions politiques de la victoire de Nicolas Sarkozy au second tour.

Il faut prendre la mesure de ce qu’a été la résistance de la classe ouvrière, de l’électorat de gauche, de la jeunesse, à cette confusion. Les votes Royal et Besancenot au premier tour traduisaient (en dépit de l’orientation de Royal) la recherche du regroupement de classe sur le terrain électoral, malgré des conditions trés défavorables. Le rapport de force même électoral (et nous savons qu’un rapport de force électoral est déjà en lui-même l’expression déformée d’un rapport de force social) ne doit pas être résumé par la formule "53-47" . Il doit intégrer le fait que sans le vote des plus de 65 ans -une réalité dramatique- Nicolas Sarkozy serait battu, ainsi que le fait que des couches de la classe ouvrière qui lui sont trés hostiles, celles des immigrés, n’ont pas le droit de vote, et le fait que des couches militantes, démoralisées par la campagne de Royal et la division orchestrée à sa gauche, se sont abstenues. Il faut surtout prendre en compte le fait que la polariation sociale, malgré l’orientation de S.Royal, la "confrontation gauche-droite" comme disent les journaliste, l’opposition de classe, s’est imposée massivement dans ces élections faites pour la nier. Il est frappant que toutes les déclarations -de S.Royal elle-même et de l’ensemble des dirigeants du PS- donnent acte de sa victoire à N.Sarkozy sans en souligner ces limites objectives. Dans cette situation Sarkozy doit en fait, de son point de vue, à la fois aller tout de suite de l’avant et se montrer prudent.

Son discours de ce soir est un discours bonapartiste classique, qui tend la main à "tous les français" tout en rappelant qu’il est là pour promouvoir le "travail", c’est-à -dire l’exploitation capitaliste, et rétablir l’ "autorité", c’est-à -dire la répression, et tout en comportant un message d’alliance à mots couverts en direction de Georges Bush, qui l’a félicité dans l’heure, en prévision d’une guerre contre l’Iran. Ce soir, la foule bourgeoise et petite-bourgeoise va tenir le pavé à Paris, ce qui arrive rarement, chantant ce chant qui n’est plus depuis longtemps une "Marseillaise", mais une Versaillaise - c’était arrivé le 30 mai 1968 et lors des manifestations pour défendre le détournement des fonds publics vers les écoles catholiques, en 1984, cependant que dans la police, même les fonctionnaires en congé parternité sont réquisitionnés ce soir. Il est possible que Sarkozy doive "calmer ses troupes" -et sa flicaille qui sera tentée de cogner- pour tenir compte du rapport de force réel, qui n’est pas pour lui celui d’une victoire large et massive.

En clair, pour continuer d’avancer sur la voie qu’il a commencé à tracer -celle de la construction d’une droite française organisée, avec une base populaire, intégrant l’extrême-droite sur le modèle de Berlusconi- Sarkozy doit encore compter sur l’organisation de la confusion dans la "gauche", dans le mouvement ouvrier. Ou si l’on veut : en France, Thatcher a besoin de Blair tout de suite. Il a déjà autour de lui une nuée de "petits Blairs" qui ne sauraient lui être d’une grande utilité, les Besson, les Allègre, les Tapie ... mais ceux-là n’inspirent que mépris à la population à droite comme à gauche d’ailleurs. Alors il faut aller plus loin : il faut que dans le PS le concert redouble pour la rupture avec les origines socialistes de ce parti, il faut achever, comme l’a expliqué Dominique Strauss-Kahn, la "rénovation" que S.Royal est censée avoir commencée, en évitant autant que possible un débat réel prenant en compte la réalité, à savoir que la première conséquence de cette "rénovation" a été de faire élire Sarkozy.

Mais oui, il faut "refonder toute la gauche" mais pas comme le disent DSK ou Chevènement en faisant table rase de son contenu social pour jouer la partition du "rassemblement des françaises et des français", car cette partition, c’est celle qui a fait gagner Sarkozy et dans laquelle il est d’ailleurs un meilleur bonimenteur. Il faut construire, pour la majorité sociale de ce pays, parce que c’est une question vitale, un parti qui la représente réellement.

Dans cette voie, les trois taches immédiates qui nécessitent discussion et organisation sont les suivantes :

1. L’unité ouvrière, l’unité syndicale pour ne pas collaborer avec le gouvernement Sarkozy, pour monter la garde auprés des sans-papiers, pour défendre le code du travail et le contrat à durée indéterminée, la Sécurité sociale et les régimes de retraite par répartition, les services publics, la laïcité, la fonction publique et l’Hôpital public.

2. Le regroupement pour défaire le plus possible de candidats sortants ou non de l’UMP, de l’UDF et du FN aux législatives. Le rapport de force induit par la victoire de Sarkozy, renforcé par l’inversion du calendrier entre présidentielles et législatives opérée par L.Jospin, rend difficile une défaite de ces partis aux législatives de juin. Ce serait là une mise en cause immédiate et de l’élection de Sarkozy et du régime de la V° République. Est-ce possible ? A une condition : des candidatures unitaires partout contre Sarkozy, autrement dit, exactement le contraire de la démarche d’"ouverture au centre" qui a engendré sa victoire.

3. Le débat sur les mesures d’urgence et le programme à plus long terme, rompant avec le capitalisme, réalisant la démocratie, se tournant vers les travailleurs et les peuples du monde, qui devrait être celui d’un gouvernement qui nous représente réellement.

Des milliers de jeunes sont ce soir inquiets et déçus, disponibles pour le combat et l’organisation.

Ce n’est qu’un début, le combat continue !

Vincent Présumey, Club Liaisons Socialisme Révolution Démocratie.








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