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La Gauche contre la Droite : enfin !








Lundi 23 avril 2007.


Pendant toute la campagne du 1er tour, la Droite, Bayrou, les grands médias, les instituts de sondage ont fait en sorte que passe à la trappe le clivage Gauche-Droite, ce clivage fondamental qui traverse toute notre société.

Sarkozy s’est réclamé de Jaurès et de Blum.

Bayrou s’est présenté, avec la complicité de tous les grands médias, comme un homme du « centre », qui n’avait rien à voir avec le bilan de la majorité UMP-UDF entre 2002 et 2007. Sarkozy lui-même l’a dénoncé comme étant un « homme de gauche ».

Les instituts de sondage, les principaux médias ont présenté la candidature de Bayrou comme celle du « vote utile ». Le vote pour le seul candidat capable de battre Sarkozy. Ils ont utilisé à cette fin des sondages de second tour qui n’ont aucune valeur quand le 1er tour n’a pas eu lieu. La preuve vient d’ailleurs d’en être une nouvelle fois apportée. Cette campagne éhontée explique pourquoi Bayrou est passé de 6,84 % des suffrages en 2002 à 18,55 % en 2007.

Mais tout cela, les grands médias l’ont oublié dés le soir du 1er tour. Il suffisait d’écouter la façon dont leurs porte-paroles animaient les débats, dimanche soir, pour s’en convaincre.

Au mieux, ces porte-paroles n’avaient plus le moindre souvenir de leur campagne pour le vote utile en faveur de Bayrou. Campagne sans laquelle ce personnage en serait resté à ces 6,8 % de 2002. Aucun de ces porte-paroles ne soulignait le fait que, sans cette campagne de tous les grands médias pour Bayrou, c’est la gauche qui aurait bénéficié des 2,3 millions de voix supplémentaires qui se sont portées sur Bayrou. Ségolène Royal aurait, vraisemblablement, été la grande bénéficiaire du « vote utile » (45 % des voix de Bayrou selon les derniers sondages, soit 8,5 % du total des suffrages). Elle aurait alors obtenu de 34 à 35 % des voix dès le 1er tour. A moins qu’une partie de ces voix, en raison d’une pression moins forte pour le « vote utile » en faveur de Ségolène Royal, ne se soit allée aux candidats de la « gauche de la gauche ». Mais, dans tous les cas, le total des voix de gauche aurait avoisiné les 45 % ce qui aurait été beaucoup plus conforme à la réalité du rapport de forces.

Au pire, ces porte-paroles comptabilisent carrément les voix de Bayrou comme étant des voix de droite, oubliant ce qu’ils clamaient la veille : à quel point cet homme-là était en dehors de toute classification et planait au-dessus du clivage Gauche-Droite !


La réalité est à l’opposé de ces commentaires intéressés.

L’opération Bayrou a totalement échoué. De la « révolution orange », il ne reste plus que la pelure. A peine de quoi mijoter un peu de confiture d’orange amère pour tenir pendant les cinq années à venir.

Contrairement à ce qu’affirment, là encore, les commentateurs politiques, Bayrou ne détient aucune clé du second tour. Contrairement à ce qu’affirment aussi bien Libération que le Figaro ni Bayrou, ni l’UDF ne seront les arbitres du second tour. Les électeurs de Bayrou se soucient comme d’une guigne des éventuelles consignes de vote qu’il pourrait donner. Ceux qui ont voté pour lui parce qu’ils le savaient à droite voteront pour Sarkozy. Ceux (la majorité) qui avaient voté pour lui parce que les médias les présentaient comme le seul capable de battre Sarkozy reporteront leurs votes sur Ségolène Royale : ils n’avaient fait qu’instrumentaliser Bayrou sans s’intéresser pour autant à son projet politique.

Dans son discours du 22 avril, Ségolène Royal a donc eu parfaitement raison de ne pas s’adresser à Bayrou et de ne pas même prononcer son nom. Il n’existe plus. Seuls existent ses électeurs et seuls nous intéressent ceux d’entre eux qui ont voté pour lui parce qu’ils voyaient là le meilleur moyen de refuser le monde brutal que nous prépare Sarkozy.

Lionel Jospin l’avait déjà constaté : "Le centre, c’est comme le triangle des Bermudes, quand on l’atteint, on disparaît". Une fois de plus, la démonstration vient d’en être faite. Kouchner, Rocard et Cohn-Bendit seront, sans doute, les derniers à ne pas vouloir le comprendre.

Bayrou est dans une impasse : soit il appelle à voter Sarkozy et tout le monde comprendra qu’il n’a jamais cessé d’être à droite, soit il appelle à voter Ségolène Royal et il n’aura plus aucun élu aux législatives, tant ses élus sont tributaires de leurs alliances avec l’UMP.

Le plus probable est donc qu’il disparaîtra de la scène politique (en espérant renaître de ses cendres en 2012...), après un double saut périlleux arrière et l’affirmation qu’il n’est pas propriétaire de ses voix. Ce qui, dans son cas, est particulièrement vrai. Ses électeurs n’ont strictement rien à faire de ce qu’il dira ou ne dira pas.


La France n’est pas de droite.

Cette vision d’une France de droite est en complète contradiction avec ce que nous avons vécu au cours de ces dernières années. Les énormes mobilisations sociales de 2003 et 2006 (appuyées par une large majorité de la population). Les raclées électorales de la droite aux Régionales et aux Européennes de 2004. La victoire du « non » au référendum sur la Constitution européenne en 2005.

Sarkozy a fait le plein de l’essentiel des voix de droite au 1er tour. Il peut encore espérer gagner les voix qui se sont portées sur de Villers, Nihous et une minorité des voix de Bayrou.

Il a également gagné un million de voix aux dépens de Le Pen. Ce n’est pas pour autant que les voix qui se sont portées sur Le Pen au 1er tour lui sont acquises. Une partie (1/3 de ceux qui ne s’abstiendront pas, selon les derniers sondages) se reporteraient sur Ségolène Royal au second tour. Quant aux 2/3 des voix restantes, il est évident que Le Pen fera tout son possible pour qu’elles ne se reportent pas sur Sarkozy.

A l’inverse, aussi bien Marie-Georges Buffet, Dominique Voynet, Olivier Besancenot qu’Arlette Laguiller et José Bové ont appelé à battre Sarkozy et à voter pour Ségolène Royal au second tour. Le danger de ce côté-là est l’abstention.

Selon le dernier sondage CSA, 59 % seulement des électeurs d’Olivier Besancenot voteraient Ségolène Royal alors que 37 % choisiraient de s’abstenir. Il en va certainement de même pour les électeurs d’Arlette Laguiller, de José Bové, voire de Marie-Georges Buffet. Ce sont ces électeurs là  qu’il faudra convaincre en tout premier lieu et comprendre que toute complaisance envers Bayrou et l’UDF amplifierait le nombre d’abstentionnistes, non seulement à la « gauche de la gauche » mais aussi à gauche.
De ce point de vue, il est positif que Ségolène Royal ait demandé à rencontrer chacun de ces candidats de la « gauche de la gauche ».

Quant aux 10 à 12 % des voix qui se sont portés sur Bayrou parce que les grands médias l’avaient présenté comme étant le mieux placé pour battre Sarkozy, elles devraient, sans difficulté, se reporter sur Ségolène Royal.

Nous sommes aujourd’hui face au clivage essentiel qui traverse notre pays : le clivage Gauche-Droite. Nous avions été volés en 2002 du débat de fond sur l’avenir de notre société. Le 22 avril 2007 a, enfin, effacé le 21 avril 2002 !

Aujourd’hui, nous pouvons mener ce débat, le seul vrai débat. Et nous pouvons le gagner.

Pour cela, il nous faudra d’abord convaincre que Sarkozy est l’un des tous premiers responsables de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les salariés de notre pays.

Il nous faudra convaincre, ensuite, que Sarkozy, loin d’être en rupture avec Chirac, Raffarin, de Villepin est leur continuité en pire, en plus brutal.

Il nous faudra convaincre, enfin, que les propositions de Ségolène Royal et de Sarkozy s’opposent, point par point. (cf prochain tableau comparatif de D&S sur son site)

Jean-Jacques Chavigné, pour Démocratie & Socialisme
www.democratie-socialisme.org




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