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Abir Aramin, 10 ans, tuée à la sortie de son école à Anata. Palestine.








De YASSER AKAWI (AIC)


Ecole d’Anata.

Abir Aramin, âgée de 10 ans, qui a été blessée par un policier garde-frontière israélien mardi 16 a été déclarée en état de mort cérébrale ce matin (vendredi 19 janvier) à l’Hôpital Haddasa Ein Karem ; elle est actuellement examinée par une équipe médicale pour déterminer si l’on doit ou non la débrancher des machines qui la maintiennent en vie (elle est morte ce matin, samedi 20 janvier, ndt).

Bassam Aramin, le père de la fillette, est membre de Combatants for Peace, l’organisation pacifiste Israélo-Palestinienne. Des militants israéliens et internationaux se sont réunis à l’école de filles d’Anata pour exprimer leur solidarité et protéger les écoliers choqués par les menaces, qui continuent, des gardes frontières israéliens.

Hassan, un étudiant de 16 ans, a été témoin de l’agression contre Abir, il l’a ramenée à l’école et a déclaré « les élèves des deux écoles, de filles et de garçons, étaient tous en train de sortir d’un examen. Une jeep de gardes frontières s’est approchée du groupe de fillettes. Elles ont été effrayées et sont parties en courant. La jeep les a suivies dans la direction où elles s’enfuyaient. Abir a eu peur et s’est mise contre une boutique sur le bord de la route, je me tenais à côté d’elle. Le garde frontière a tiré à travers un trou spécial fait dans la vitre de la jeep qui était très près de nous. Abir est tombée par terre. Je l’ai prise et emmenée à l’école des filles. J’ai vu qu’elle saignait à la tête ».

Selon Avichai Sharon de Combattants for peace et ami de la famille « Les policiers garde frontière sont souvent entrés dans Anata quand les écoliers allaient et venaient de l’école pendant les 20 derniers mois. Ils avaient commencé à le faire avec la construction du Mur près d’Anata, soi disant avec l’ordre de protéger les ouvriers, qui travaillaient au chantier, des écoliers, mais la construction du Mur est terminée depuis plus d’un mois et demi ». Selon Wael Salameh, un ami proche de la famille et membre de Combatants for peace, « cette semaine, les garde frontières entraient dans le village deux fois par jour, quand les écoliers allaient à l’école et quand ils en revenaient ».

- Envoyé par Nurit Peled (Jérusalem) vendredi 19 janvier 2007.

- Traduit de l’anglais par Marie-Ange Patrizio (Palestine13)



L’universitaire et écrivain pacifiste israélienne Nurit Peled-Elhanan, (fille du général pacifiste M. Peled, fondateur du mouvement Gur Shalom) a perdu sa fille de 13 ans dans un attentat du Hamas. Hier (12 décembre 2001, ndt) le Parlement européen lui a remis, ainsi qu’à l’écrivain palestinien Izzat Ghassawi, le Prix Sakharov, pour son inlassable activité en faveur de la paix et de la réconciliation.


Du royaume des morts, par Nurit Peled.

Dylan Thomas a écrit un poème intitulé " Et la guerre n’aura pas de domaine ".

En Israël, elle l’a. Ici, c’est la guerre qui gouverne. Le gouvernement d’Israël règne sur un royaume de mort. A cause de cela, la chose la plus incroyable à propos des attentats terroristes de ces jours-ci, c’est l’incrédulité d’Israël. La propagande et l’endoctrinement en Israël sont tels qu’on arrive à maintenir les informations sur ces attentats totalement séparés de la réalité du pays. Dans les médias israéliens et américains l’Histoire est faite d’assassins arabes et de victimes israéliennes, dont la seule faute aurait été d’avoir réclamé 7 jours de trêve. Mais n’importe quelle personne dont l’esprit peut revenir même pas un an en arrière, mais ne serait-ce que une semaine ou quelques heures, sait que l’Histoire n’est pas cela. Que chaque attentat est un nouveau maillon d’une chaîne d’horribles " faits divers " de sang, qui ont marqué les 34 dernières années et n’ont qu’une cause : une occupation brutale.

Occupation qui humilie les gens, les affame, leur refuse le travail, démolit leurs maisons, détruit leurs récoltes, tue leurs enfants, emprisonne les mineurs sans procès dans des conditions terribles, tolère que des nouveau-nés meurent aux check points et répand le mensonge.

La semaine dernière (décembre 2001, ndt), après l’assassinat de Abu Hanoud une journaliste de Yadot Ahronot (quotidien israélien, ndt) m’a demandé si je ne me sentais pas soulagée. Non je ne me sens pas soulagée lui ai-je dit et je ne me sentirais pas soulagée tant que les assassins d’enfants palestiniens continueront à aller et venir librement. Les meurtres de ces enfants, comme le meurtre d’un suspect sans procès ou le meurtre d’un enfant de 10 ans, peu de temps avant l’attentat à Jérusalem, nous assurent qu’aucun enfant israélien ne pourra aller à l’école en se sentant en sécurité. Chaque enfant israélien paiera pour la mort de 5 enfants à Gaza, et les autres à Jenin, Ramallah, Betlehem, Hebron.

Les palestiniens ont appris d’Israël que chaque victime doit être vengée dix fois, cent fois. Ils ont dit, en écho, que tant qu’il n’y aura pas de paix à Ramallah, à Jenin, il n’y aura pas de paix à Jérusalem ni à Tel Aviv. Et par conséquent ça n’est pas aux palestiniens qu’il revient de respecter 7 jours de trêve, mais aux forces d’occupation israéliennes.

Vendredi, on a appris que des politiciens des deux camps avaient établi un accord, à Jérusalem, pour permettre la réouverture du casino dont dépendent leurs moyens d’existence. Ils l’ont fait sans intervention américaine, sans commission de haut niveau ; seulement avec l’assistance de juristes et d’hommes d’affaires qui ont apporté aux parties en présence ce qui leur était nécessaire. Ceci démontre qu’il n’y a pas de conflit entre les leaders : quand une question les concerne directement (à la différence de la mort de nos enfants) ; pour ça, ils sont très prompts à trouver une solution. Ceci confirme ma conviction que nous tous, israéliens et palestiniens, sommes victimes des politiciens qui jouent au hasard la vie de nos enfants, à la table de l’honneur et du prestige. Pour eux, les enfants valent moins que les jetons de la roulette. Mais ces attentats servent les intérêts de la classe politique israélienne - politique dont l’objectif est de nous faire oublier que la guerre d’aujourd’hui concerne d’abord la protection des implantations et la continuité de l’occupation, une politique qui pousse les jeunes palestiniens au suicide, emportant avec eux les enfants israéliens, animés par l’invocation de Samson " Meure mon être avec tous les philistins ! [1]. Politique étudiée pour nous faire croire qu’ " ils veulent même Tel-Aviv et Jaffa ! " et qu’ " il n’y a personne avec qui parler "au moment même où on liquide tous les interlocuteurs possibles.

Maintenant que nous savons que nos leaders sont capables de faire la paix pour des motifs économiques nous devons leur demander qu’ils fassent aussi la paix quand sont en jeu des causes d’importance " mineure ", comme la vie de nos enfants. Tant que tous les parents d’Israël et de Palestine ne se lèveront pas contre les politiciens et ne leur demanderont pas de freiner leurs envies de conquêtes sanguinaires, le royaume souterrain des enfants ensevelis continuera à s’étendre. Depuis le commencement des temps, les mères ont élevé leur voix avec clarté pour la vie, contre la mort. Aujourd’hui, levons-nous pour qu’on ne transforme plus les enfants en tueurs et tués, pour leur apprendre à ne pas soutenir de cruelles machinations. Levons-nous pour obliger les politiciens, qui disent, comme Abner et Joab " Que les adolescents se lèvent et joutent devant nous " [2] , à donner une place à ceux qui peuvent s’asseoir à une table de négociation pour accepter une paix vraie et juste : une place pour ceux qui sont prêts à faire avancer le dialogue, non pas dans un but de tromperie ou de manipulation, ni pour humilier l’autre et le mettre à genoux, mais pour arriver à une solution, exempte de racisme et de mensonge, et qui considère les raisons de l’autre.

Autrement la mort continuera à étendre son domaine sur nous. Je propose que les parents qui n’ont pas encore perdu leurs enfants regardent à leurs pieds et prêtent attention aux voix qui montent du royaume des morts, sur lequel nous cheminons jour après jour, heure après heure. Parce que c’est là seulement que nous comprendrons, tous, qu’il n’y a pas de différence entre une vie et une autre, que peu importe la couleur de notre peau et de notre carte d’identité , quel drapeau flotte sur quelle colline et dans quelle direction nous nous tournons pour prier.


Au royaume de la mort, les enfants israéliens gisent à côté des enfants palestiniens, les soldats de l’armée d’occupation à côté des commandos-suicide. Et personne ne sait plus qui était David et qui était Goliath parce qu’ils ont tous vu la vérité en face : ils ont compris qu’ils avaient été floués et trompés par des politiciens dépourvus de sentiments et de conscience qui ont sacrifié ces vies au jeu et qui continuent à jouer au hasard la vie de chacun de nous.

Dans des élections démocratiques nous leur avons donné le pouvoir de faire de nos maisons l’arène d’homicides sans fin. Ce n’est qu’en les arrêtant que nous pourrons revenir à une vie normale en ces lieux et alors la mort n’aura plus de domaine.

Nurit Peled-Elhanan

- Edition du 13 XII 2001 de il manifesto

- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio




Palestine : les escadrons des gardes frontière israéliens reçus et honorés a Paris, UJFP.



Mais un état palestinien est-il encore possible ? par Danilo Zolo.

Israël, l’ethnocentrisme colonise, interview de Michel Warschavsky, par Thomas Schaffroth.






[1Livre des Juges, 16 : L’énigme de Samson

[2Samuel, 2 : L’affrontement.


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