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Venezuela : Les USA accusés de vouloir renverser Chavez avec des fonds secrets

- Des millions de dollars distribués à l’opposition, selon les critiques.
- Les détails de certains groupes bénéficiaires sont cachés.

The Guardian, 30 Aout 2006.

Le gouvernement des Etats-Unis a été accuse de tenter de déstabiliser le gouvernement Chavez au Venezuela par le financement de groupes anonymes par le biais de sa principale agence d’aide internationale.

Des millions de dollars ont été attribués à un "programme pro démocratie" qui, selon les partisans de Chavez, est une tentative de financer l’opposition pour renverser le gouvernement.

L’argent est fourni par l’Agence US pour le Développement International (USAID) à travers son bureau " Office of Transition Initiatives" (Bureau des Transitions - tout un poème. Ndt). La controverse a surgi après l’annonce récente que les Etats-Unis avaient mis 80 millions de dollars à disposition des groupes cherchant à provoquer un changement à Cuba dont le dirigeant, Fidel Castro, est un proche allié de Chavez.

Les informations sur ces dons ont été obtenues grâce à la loi de Liberté d’Accès à l’Information (Freedom of Information Act) et par l’agence Associated Press (Voir ci-dessous). USAID a publié des copies de 132 contrats mais a occulté les noms et d’autres détails permettant d’identifier près de la moitié des organisation bénéficiaires.

Le Bureau des Transitions, qui travaille aussi dans des pays "à priorité" tels que l’Irak, l’Afghanistan, la Bolivie et Haïti, a effectué depuis 2002 plus de 26 millions de dollars de dons à des groupes au Venezuela.

Parmi les dons mentionnés on trouve : 47.459 dollars pour une "campagne pour un leadership démocratique" ; 37.614 dollars pour des réunions de citoyens afin d’aborder leur "vision commune" de la société, et 56.124 dollars pour analyser la nouvelle constitution Vénézuelienne.

"Ceci indique qu’il y a beaucoup d’argent, et une grande volonté à renverser ou neutraliser Chavez," a déclaré Larry Birns, directeur du Conseil des Affaires Hémisphériques (Council on Hemispheric Affairs COHA) hier à Washington. "Les Etats-Unis livrent une guerre diplomatique contre le Venezuela."

Alors que les Etats-Unis accusent M. Chavez de déstabiliser des pays en Amérique latine, a-t-il dit, le terme de "déstabilisation" s’appliquerait plutôt aux actions des Etats-Unis contre M. Chavez.

"Ils veulent provoquer un changement de régime," a déclaré à l’agence AP Eva Golinger, avocate américano-venezuelienne et auteur du livre "Code Chavez : révélations sur l’intervention des Etats-Unis au Venezuela" (traduction du titre anglais - ndt). "Il n’y a aucun doute là -dessus. Je crois que le gouvernement US tente de le cacher en présentant (son action) comme une noble mission."

Elle ajouta : "Tout ce secret qui entoure (cette action) est trop louche". [Note du traducteur : ouais, c’est comme pour le financement de RSF par la NED et compagnie... trop flou pour être honnête.]

Le Président Chavez a aussi accusé des groupes de recevoir de l’argent des Etats-Unis et a prédit que les Etats-Unis tenteraient d’user de leur influence lors des élections de décembre au Venezuela.

Les officiels d’USAID nient tout caractère politique à ces financements et affirment que les identités de certains groupes ont été cachées par crainte d’éventuels harcèlements.

"Le but du programme est de renforcer la démocratie, selon le programme du Président Bush (Freedom Agenda)," a déclaré hier un officiel d’USAID. "Une société civile forte est indispensable à toute démocratie digne de ce nom, aux Etats-Unis comme en Angleterre ou n’importe où dans le monde."

L’officiel a déclaré que l’argent était affecté au financement "d’un large éventail de séminaires, de programmes éducatifs et même de spots publicitaires sur les chaînes privées destinés à promouvoir le dialogue entre les partisans et les adversaires de Chavez. D’autres projets consistent à organiser des ateliers sur la résolution de conflits, la promotion des droits de l’homme, et la formation pour un engagement constructif des citoyens au sein de leurs communautés." (note du traducteur : j’ai longtemps hésité à traduire cette dernière phrase par un laconique "bla, bla, bla..." )

Il a dit par ailleurs que l’USAID finançait aussi des programmes tels que des centres de soins pour les pauvres, la rénovation d’écoles, les équipes sportifs juniors, et des maisons de l’enfance ("children’s homes" - ? ndt) et ajouta que les sommes dépensées au Venezuela étaient bien plus petites que celles allouées ailleurs en Amérique latine, avec un budget de 3,8 millions de dollars affectés au Venezuela comparés aux 85 millions de dollars en Bolivie ou 85,1 millions de dollars au Pérou.

La controverse surgit au moment où la Chine vient de conner son accord pour des investissements de 5 milliards de dollars au Venezuela, dont la construction de 13 puits et 18 pétroliers. La semaine dernière M. Chavez a annoncé que la Chine soutenait la candidature du Venezuela comme représentant de l’Amérique latine au Conseil de Sécurité, candidature à laquelle s’opposent fortement les Etats-Unis. Les accords commerciaux avec Pékin sont considérés comme formant partie d’un plan du gouvernement Chavez visant à créer de nouvelles relations afin de diminuer la dépendance des son pays vis-à vis du marché états-unien.

Comme symbole de l’amitié qui lie Chavez au maire de Londres, Ken Livingstone, un festival de musique latino-américaine se tiendra à Trafalgar Square à Londres ce vendredi soir, avec un thème centré sur Caracas. Les deux hommes s’étaient rencontrés cet été lors d’un événement organisé par la maire.

Duncan Campbell

 Results of AP’s Freedom of Information Act request :
Le document obtenu par Associated Press dans le cadre du Freedom Of Information Act

 Attention : il s’agit d’un document de type "tableau excel". Si vous n’avez pas Excel installé sur votre ordinateur, une version convertie au format PDF est disponible ci-dessous.

 Source : The Guardian www.guardian.co.uk

 Traduction : CSP
Diffusion autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.

L’assassinat d’Hugo Chávez, par Greg Palast.

La menace étasunienne plane sur le Venezuela, par Salim Lamrani.

Les USA financent Reporters Sans Frontières, par Diana Barahona.

Est-ce que Washington pourra tolérer une alliance pétrolière entre le Venezuela et la Chine ? par Seth R.DeLong.

 Photo vu ici : www.antiescualidos.com


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Jay Taylor, responsable de la section des intérêts américains à Cuba entre 1987 et 1990, in "Playing into Castro’s hands", the Guardian, Londres, 9 août 1994.

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