RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

De la démocratie, Fidel et Cuba.


Lundi 7 août 2006.


Je n’ai jamais mis les pieds à Cuba. Toi non plus ? Non, je ne parle pas de la plage de Varadero et de ses hôtels de luxe. Je parle de Cuba. Alors, comme toi, je lis et j’essaie d’analyser les propos des journalistes de la presse traditionnelle et les déclarations des hommes politiques. Fidel est un dictateur, disent-ils. Bon, va pour le dictateur. Il faut rétablir la démocratie à Cuba. Bon, va pour la démocratie. C’est un régime policier. Bon, va pour le régime policier. On ne respecte pas les Droits de l’Homme à Cuba. Va pour les Droits de l’Homme. Le peuple cubain est pauvre et a faim. Bon, va pour la pauvreté et la faim.

Quand tu as lu tout ça, et rien que ça, de la part de journalistes qui n’y ont, eux non plus, peut-être jamais mis les pieds, tu peux être en droit de t’interroger. La seule question est alors de savoir si un pays qui vit depuis plus de quatre décennies sous embargo peut avoir un régime réellement démocratique, avoir les moyens de sa survie et assurer le bien-être de ses citoyens. Bon, déjà tu as compris pourquoi les cubains ne sont pas riches. Et puis, tu établis des comparaisons. Allons-y.

En France où tu vis, comme chacun sait, dans un pays aux hautes valeurs démocratiques, tu supportes quand même depuis onze ans un président versatile, qui va de contradiction en contradiction, supposé être mêlé à de drôles d’histoires comme les emplois fictifs à la mairie de Paris, les frais de bouche de l’Élysée ou l’affaire Clearstream, par exemple. Au moins, avec Fidel, on sait où on va. C’est clair. Les affaires de corruption ou de trafic de drogue, on en parle. Il n’empêche qu’il y a quand même un de ses généraux qui a été passé par les armes pour ça. Couverture ? Peut-être. Mais Le Grand Jacquot, lui, a amnistié Guy Drut, condamné pour malversation.

Fidel peut paraître imbuvable à cause de cette figure de personnage omniscient. Il peut très bien faire le bulletin météo à la télé et t’expliquer le passage de l’ouragan Katrina, qui, entre nous soit dit, n’a fait aucun mort à Cuba, alors qu’il en a fait plusieurs centaines en Louisiane bien que très afaibli, ou bien t’offrir un bulletin de santé après une chute ou une opération. Mais quand Le Grand Jacquot a un accident cardio-vasculaire, motus et bouche cousue. Alors, information, désinformation ou opinion ?

Fidel décide de tout. Certes. Mais nos lois ne sont-elles pas votées à l’Assemblée Nationale sans consultation des partenaires sociaux et à coup de 49-3 ? Chapeau la démocratie ! Tu vois la différence ?

Bien sûr le Parti Communiste Cubain est présent dans toutes les instances et auprès de la population. Donc, c’est un état policier. Mais alors, les jeunes issus de l’immigration qui se font tabassés ou même tués par les flics en toute impunité. C’est mieux ?

Les Droits de l’Homme, parlons-en. D’abord, les « prisonniers politiques » à Cuba sont tous des journalistes, des poètes ou des écrivains. Non pas qu’ils le soient nécessairement mais c’est ce qu’ils disent une fois arrêtés. Ils se comptent d’ailleurs à quelques dizaines et sont tous liés aux anti-castristes extrémistes de Miami qui voudraient rétablir un régime du type Battista. En guise de protection, les États-Unis abritent toujours Posada Carriles qui est un terroriste et a fait sauter un avion de Cubana de Aviación.

Tu te souviens des Marielitos ? Ceux qui voulaient rejoindre la Floride du port de Mariel. Des homosexuels persécutés ? Mais non. Fidel a vidé ses prisons de tous ces délinquants de droit commun et les a envoyé aux États-Unis. Plus de commentaires de la Maison Blanche car ils ont rejoint directement les geôles de Baby Bush.

Alors, pour les Droits de l’Homme, on peut penser à Guantanamo, à Abu Graïb ou à Sangatte. Que de leçons à recevoir !

Les premiers Droits de l’Homme sont le Droit à l’Éducation et à la Santé. A Cuba, c’est totalement gratuit. Tu peux en dire autant partout ailleurs ?

Alors, on peut aimer ou pas, mais c’est quand même un drôle de dictateur ce Fidel qui se préoccupe de l’éducation et de la santé de ses concitoyens.

Pour ma part, je suis fidèle.

Un rubi, cinco franjas y una estrella.



Fidel Castro malade, Miss Monde acnéique, presse métastasée, par Maxime Vivas.

Pourquoi les arrestations à Cuba ? par Wayne Smith, ancien responsable la section des intérêts US à la Havane.


Que se passe-t-il à Cuba, par Danielle Bleitrach.




URL de cet article 3961
   
Même Thème
L’Histoire m’acquittera
Fidel CASTRO, Jacques-François BONALDI
L’Histoire m’acquittera (en espagnol : La Historia me absolvera) est un manifeste d’auto-défense écrit par Fidel Castro en octobre 1953, à la veille de son procès (il est jugé pour avoir attaqué la caserne de Moncada le 26 juillet 1953, en réaction au coup d’état de Batista). Fidel Castro est diplômé en droit, il manie la plaidoirie, exercice qu’il connaît bien, avec aisance : il y explique ses actes et son implication dans le soulèvement contre Batista mais surtout, il y développe ses (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Ce n’est pas de Wikileaks que les Etats-Unis ont peur. Ce n’est pas de Julian Assange qu’ils ont peur. Qu’importe ce que je sais ? Qu’importe ce que Wikileaks sait ? Ce qui importe, c’est ce que VOUS savez." — Julian Assange

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.