Le programme AME vise à fournir une couverture complète des frais médicaux pour les étrangers en situation irrégulière résidant en France depuis au moins trois mois. Cependant, les chiffres montrent que 87% des personnes ayant droit à l’AME n’ont pas de droits accordés en France, ce qui souligne les obstacles à son obtention. Ce rapport dresse un constat alarmant, mettant en lumière la complexité administrative du système, qui compte environ 400 000 bénéficiaires et coûte environ 1,2 milliard d’euros.
Médecins du monde a basé ses conclusions sur un échantillon de 17 093 personnes accueillies dans ses quatorze centres de soins et d’orientation en 2022, où 98% des patients sont des immigrants.
Le Dr. Jean-François Corty, vice-président de Médecins du monde, souligne que la réalité contredit les discours excessifs et trompeurs entourant ce dispositif de santé publique. Il indique que "50% des personnes attendent trop longtemps avant de consulter un médecin" et que "80% présentent de véritables problèmes de santé nécessitant une prise en charge rapide". Il souligne que l’AME n’est pas un système abusif, mais qu’il répond aux normes nécessaires et utiles en matière de prévention.
Le manque d’accès à l’AME est principalement dû au manque d’information à propos du dispositif, malgré les accusations de certains voulant en profiter. Selon Nadège Drouot, coordinatrice pour la région Lorraine, même des personnes présentes en France depuis des années peuvent ne pas avoir recours à l’AME, que ce soit parce qu’elles n’ont jamais été malades ou qu’elles ont géré leurs problèmes de santé par automédication.
Même lorsque les personnes connaissent l’AME, plus de 20% renoncent à leurs droits en raison de la complexité administrative associée à l’accès au programme, explique Mme. Drouot. Le Dr. Corty insiste sur le fait qu’il n’a aucun sens, d’un point de vue sanitaire, de supprimer l’AME au profit d’un système d’urgence, malgré les arguments du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
La proposition de supprimer l’AME et de la remplacer par une aide médicale d’urgence a été ajoutée au projet de loi gouvernemental par la commission des Lois du Sénat, contrôlée par la droite, bien que cela ne figurait pas dans la version initiale du projet. Cette proposition a été faite pour gagner le soutien des membres du parti Les Républicains.
Cependant, il y a un désaccord significatif au sein du gouvernement concernant cette question. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement et ancien ministre de la Santé, a affirmé que l’AME ne constituait pas un facteur d’attraction pour les étrangers en situation irrégulière en France. La première ministre, Élisabeth Borne, qui partageait auparavant cette opinion, a désormais jugé nécessaire de revoir le dispositif, en lançant une mission confiée à deux personnalités politiques. Ces dernières devront rendre un pré-rapport le 2 novembre, quatre jours avant le début du débat parlementaire.