RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
20 

L’Ukraine et la paix. Si ce n’est pas maintenant, quand ?

Marxismo Oggi est une revue en ligne qui a vu le jour ces dernières années, dans la continuité de la revue papier qui avait cessé d'être publiée plusieurs années auparavant. Il s'agit de l'un des sites qui tentent encore de poursuivre la pensée marxiste en Italie, en se concentrant sur l'aspect philosophique, l'aspect historique et le commentaire des principaux événements nationaux et internationaux.

Il est surprenant et révoltant à la fois de constater l’obstination avec laquelle le groupe dirigeant ukrainien, créé à la table des négociations, encouragé et dirigé par l’OTAN et les États-Unis, refuse de reconnaître l’échec de ses contre-offensives vantées et incite le peuple ukrainien à résister jusqu’au bout, comme si l’ennemi se trouvait aux portes de Kiev.

Il ne s’agit pas de conquérir Kiev, perspective jamais envisagée par Poutine et l’état-major russe, mais de négocier en jetant les bases d’une paix juste qui évite de nouvelles souffrances inutiles aux belligérants, et surtout au peuple ukrainien. Dans cette perspective, l’épuisement de la chair à canon à jeter dans la balance du massacre est décisif, tandis que le nombre de transfuges et d’objecteurs de conscience augmente, surtout du côté ukrainien de l’abattoir. À moins donc que la folie belliciste de l’OTAN n’aille jusqu’à l’envoi massif de troupes de combat, en plus de celles déjà sur le terrain déguisées en mercenaires, la fin de la guerre apparaît comme la seule option viable.

Il semble d’ailleurs d’entendre que les mêmes états-majors politiques et militaires de l’Alliance occidentale - et donc des États-Unis en particulier - sont traversés par un débat intense sur la question, comme en témoignent les sorties, loin d’être occasionnelles, de certains de ses principaux représentants. Biden lui-même, qui s’apprête à relever un défi très difficile avec Trump ou un autre candidat républicain, devrait savoir qu’arriver aux élections présidentielles américaines d’octobre 2024 avec la guerre en cours et une situation vraisemblablement pire que la situation actuelle pour Kiev et l’OTAN, pourrait s’avérer fatal pour les maigres chances de succès qui lui restent.

Dans un cadre qui reste marqué par le nullisme décourageant des gouvernements européens, qui continuent à raviver la guerre par l’envoi d’armes au milieu du mécontentement croissant de leurs propres populations, le seul espoir d’une négociation menant à la paix est aujourd’hui représenté par l’engagement lucide et cohérent du gouvernement chinois d’une part, et par le travail inlassable du pape François d’autre part, tandis que se multiplient les candidatures, parfois improbables, comme celles de l’Arabie saoudite et de la Turquie, au rôle de médiateurs.

Les points fondamentaux restent doncles dix énoncés à l’époque par le gouvernement chinois. Dans ce cadre de principe, il convient de placer les questions concrètes dont la non-résolution a provoqué l’apparition du conflit et qui constitueront des sources permanentes de discorde, empêchant l’instauration d’une paix juste. Il s’agit essentiellement des deux questions suivantes.

1. La souveraineté de l’Ukraine et son rôle de pont entre l’Est et l’Ouest, qui exclut l’adhésion du pays à l’OTAN, sous toute forme et avec tout territoire. En effet, la perspective d’une Ukraine, même réduite, membre de l’OTAN, perpétuerait ad infinitum l’existence de la pomme de discorde, créant une situation conflictuelle permanente destinée à déboucher tôt ou tard sur un affrontement généralisé.

2. Le sort des territoires contestés (Crimée, Donbass) devant être décidé en fonction du vote librement exprimé par les populations respectives. Le contexte historique favorise des solutions différenciées, privilégiant l’intégration de la Crimée à la Russie et la recherche de formes d’autonomie internationalement garanties pour le Donbass, élaborant une sorte d’hypothèse de Minsk 3, bien que cinq cent mille morts et une dévastation sans précédent plus tard.

Il faut savoir que ces solutions étaient réalisables depuis longtemps et qu’elles ont été sciemment sabotées par les États-Unis et l’OTAN, qui ont manœuvré leurs marionnettes locales pour les faire échouer. L’échec et la guerre qui s’en est suivie ont permis aux acteurs internationaux susmentionnés de récolter des bénéfices considérables, en obtenant des avantages indéniables dans leurs relations avec une Europe de plus en plus soumise, ainsi que du point de vue des profits obtenus par des lobbies décisifs tels que les lobbies de l’armement et de l’énergie. Mais dans le même temps, les acteurs en question connaissent un isolement croissant au niveau international, résultant en grande partie de facteurs préexistants au conflit, mais que le conflit lui-même a sans doute contribué à accélérer.

La classe dirigeante étasunienne, quelle que soit sa composition dans un avenir proche, devra faire face aux faits incontestables de la situation sur le terrain et aux faits tout aussi évidents de l’évolution rapide du cadre international. Etant donné l’inexistence de l’Europe en tant qu’acteur politique international de quelque importance, le destin de la paix mondiale est plus que jamais entre les mains de la Maison Blanche. À moins d’une révolte souhaitable des peuples européens, victimes prédestinées, avec le peuple ukrainien, de cette boucherie absurde et criminelle.

* Fabio Marcelli est directeur de recherche à l’Institut d’études juridiques internationales du CNR

Source

»» https://italienpcf.blogspot.com/2023/08/lukraine-et-la-paix-si-ce-nest-pas.html
URL de cet article 38859
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Chroniques bolivariennes : Un voyage dans la révolution vénézuelienne
Daniel Hérard, Cécile Raimbeau
Après la mort d’Hugo Chávez, que reste-t-il de la révolution vénézuélienne, de ce « socialisme du XXIe siècle » ? Ses obsèques grandioses, pleurées par des foules pendant plusieurs jours et honorées par de nombreux chefs d’État, ont contrasté avec les critiques virulentes dont il avait fait l’objet dans les médias occidentaux. Cécile Raimbeau et Daniel Hérard nous entraînent au cœur de cette révolution pacifique, à la rencontre de la base, des supporters de Chávez. Ils les écoutent et les photographient, en (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent.

Bertolt Brecht

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.