https://www.youtube.com/watch?v=ABBBLRvDD10
Par Georges Gastaud, directeur politique d’Initiative politique, ancien secrétaire national du PRCF
Chers camarades et ami(e)s,
C’est à la fois avec émotion, fierté et espoir que je vous salue à l’occasion de cette allocution de clôture de la Sixième Conférence nationale du Pôle de Renaissance Communiste en France alors qu’une nouvelle génération combative, compétente et dévouée, conduite notamment par Fadi, Rachida et Gilliatt, prend peu à peu le relais des initiateurs de la Coordination communiste et des fondateurs du PRCF.
Avec émotion d’abord : car je ne puis m’empêcher de penser, non seulement aux actuels membres de la présidence du PRCF, Léon Landini, Pierre Pranchère et Jean-Pierre Hemmen, qui continuent le combat malgré le grand âge ou la maladie, non seulement à Vincent, Clément et Rémi qui animent et maintiennent nos médias contre vents et marée, non seulement à Madeleine, Annette, Jany, Annie, Diane, Gilda, Didier, Jean-Claude, Bernard Guillaumin, Bernard Colovray, Jo Hernandez, Benoît, qui ont structuré notre organisation au long cours, mais à nos grands anciens décédés qui, après avoir animé la Coordination des militants communistes du PCF, puis la FNARC, ont solidement jeté les bases politiques de notre organisation franchement communiste : que les jeunes générations qui prennent peu à peu les commandes avec le soutien des anciens n’oublient pas les noms et l’apport de Georges Hage, d’Henri Alleg, de Désiré Marle, de Jeanne Colette, de Simone Nicolo-Vachon, d’Eugène Kerbaul, d’Henriette Dubois, de René Lefort, de Bernard Parquet, de Jacques Coignard, d’Arsène Tchakarian, de Georges Cabaret, de Jean-Claude Gandiglio, de Jean Bonnet, d’Etorix de Angelis, de Marcel Mathieu, de Robert Meyer... et de bien d’autres que je ne saurais citer tous ici.
Avec fierté aussi, à propos de notre parcours politique tactiquement sinueux mais politiquement droit comme un i. Dès les années 1970, les tout jeunes militants qu’étaient plusieurs d’entre nous ont dû, tout en menant sans relâche leur travail communiste et syndical de terrain, dénoncer à leurs risques et périls le suicidaire tournant droitier du PCF qu’avait brutalement accentué le 22ème congrès de ce parti (1976). A coups de reniements (la dictature du prolétariat, le marxisme-léninisme, l’internationalisme prolétarien, puis le centralisme démocratique et le socialisme furent tour à tour retirés des statuts), à force d’accommodation à l’Europe supranationale ( l’« eurocommunisme » de ruineuse mémoire, puis la prétendue « réorientation progressiste de la construction européenne » de Wurtz), à force d’abaissement et d’humiliation devant le PS mitterrandien puis jospinien, son virage social-démocrate successivement dénommé « novation », mutation puis « métamorphose », aura conduit le PCF à participer à deux reprises aux gouvernements belliqueusement impérialistes et euro-austéritaires successifs de Mitterrand-Delors et de Jospin, à s’affilier à l’appareil semi-maastrichtien et crypto-atlantiste du Parti de la Gauche Européenne, à déserter la classe ouvrière, à liquider ses cellules d’entreprise et à abandonner à son sort le syndicalisme de classe pour devenir tristement, et sans billet de retour, un parti pareil aux autres et méritant le même discrédit populaire que celui qui frappe ses éternels alliés électoraux du PS, et aujourd’hui, de la « NUPES ».
Avec espérance aussi, et confiance en l’avenir : en effet, une jeune génération franchement communiste monte en puissance dans le PRCF et la JRCF est désormais en passe de se muer en organisation autonome. La tâche de cette nouvelle génération de continuateurs et de reconstructeurs communistes sera de conclure la « longue marche » de la Renaissance communiste entreprise dès la chute de l’URSS par les initiateurs lensois de la première Coordination communiste. Pour cela, il faudra engager dès que possible, sans cesser de s’adresser à la classe ouvrière, à l’ensemble des communistes français et aux acteurs du Mouvement communiste international, le « sprint final » de la reconstruction : celle du parti de combat, celle du syndicalisme de classe, celle de l’Alternative rouge et tricolore, celle du Front de Résistance Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologiste (FAPPE), et celle de la construction, aussi internationale que possible, de ce socialisme-communisme de nouvelle génération qu’il nous faudra édifier pour que l’humanité, menacée de mort par les prédations militaires, économiques, environnementales et « culturelles » du capitalisme-impérialisme exterministe actuel, puisse survivre, « rebondir » et inventer de nouvelles formes d’harmonie entre les peuples souverains, entre les individus coopérant entre eux, entre l’humanité laborieuse et son environnement terrestre.
Avant de passer symboliquement le « manche » de la Renaissance communiste à Fadi, Gilliatt et Rachida, que je continuerai d’accompagner dans la mesure de mes forces avec Clément, Vincent, Diane, Aymeric, Damien, Jérémy, Anna, Didier, permettez-moi de former quelques voeux très politiques en cette période lourde de dangers mais également porteuse d’un potentiel révolutionnaire proprement éruptif :
I – S’approprier pleinement et porter fièrement dans les masses la ligne du PRCF
J’ai coutume de résumer les fondamentaux du PRCF par une énumération en forme de compte à rebours révolutionnaire et de « 5.4.3.2.1. » pédagogique.
En effet, le PRCF cultive cinq fondamentaux par lesquels il se distingue de tout groupe gauchisant et prolonge le meilleur de l’héritage, non seulement de la Révolution d’Octobre, du Congrès de Tours et du VIIème congrès de l’Internationale communiste, mais aussi l’héritage du grand PCF des Cachin, Vaillant-Couturier, Sémard, Thorez, Duclos, Frachon, Manouchian, Marcel Paul, Martha Desrumeaux, Danielle Casanova et autre Ambroise Croizat, le père de la Sécurité sociale.
En effet, nous mettons en oeuvre inébranlablement cinq grandes orientations de principe héritées de Marx, d’Engels et de Lénine et qui nous semblent plus actuelles que jamais : nous nous tournons prioritairement vers la classe ouvrière, coeur du monde du travail dans sa diversité, ouvriers, techniciens et employés, travailleurs précaires, privés d’emploi, familles populaires, jeunesse en formation ou en apprentissage, car cette classe sociale, comme le confirment de nos jours les grandes grèves en Inde, en Grande-Bretagne et en France, demeure la source et le moteur principal du changement de société. Nous nous référons aussi, sans dogmatisme mais avec esprit de principe, à l’approche marxiste-léniniste et dia-matérialiste des processus sociaux et naturels ; nous pratiquons l’internationalisme prolétarien (3), que nous associons au patriotisme populaire conformément à l’enseignement de Dimitrov, de Thorez et de l’héroïque philosophe communiste que fut Georges Politzer. Concernant le mode d’organisation communiste, nous pratiquons sans complexe, non pas le girondisme briseur de République, ou ce « mouvement gazeux » héritier du menchevisme qui cache mal l’omnipotence d’un grand leader incontrôlable, mais le centralisme démocratique cher aux Jacobins, puis aux Bolcheviks. Un centralisme qui soumet les dirigeants et les élus au contrôle de la base militante, notre but ultime étant la reconstruction d’un parti franchement communiste menant notre peuple à la contre-offensive sur tous les terrains, social, culturel et politique.
Ensuite, nous mettons à la disposition du peuple français une stratégie de mieux en mieux connue qui est celle des quatre sorties : sortie de l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, sortie de l’UE, cette prison des peuples supranationale et impérialiste, sortie de l’OTAN, cette machine de mort au service de l’hégémonie étatsunienne, sortie du capitalisme, ce système pourrissant dont le maintien porte en germes l’extinction de l’humanité, si ce n’est celle du vivant. Nous militons pour un Frexit progressiste, antifasciste et anti-impérialiste qui, tout en rendant à la France son indépendance confisquée par l’UE-OTAN, affrontera l’oligarchie pseudo-française destructrice de la nation, remettra le monde du travail au coeur de la vie nationale, éveillera comme jamais l’Europe des luttes et mettra à l’ordre du jour, non pas en paroles comme font les trotskistes et leurs imitateurs inconscients et pseudo-léninistes, mais en pratique, la révolution socialiste dans toute ses dimensions de classe. Non seulement la socialisation des grands moyens de production et d’échange, mais la dictature du prolétariat allié à l’ensemble majoritaire de celles et de ceux qui veulent qu’adviennent de nouveaux Jours heureux dans une nouvelle France libre, égalitaire et fraternelle en route vers le socialisme.
De même nous référons-nous à trois lettres :
– d’une part, celles qui forment le sigle du « PCF » : non par référence à l’actuel PCF décaféiné, euro-compatible, OTANO-conciliant et socialo-soumis de MM. Laurent et Roussel, mais par fidélité historique et gage d’avenir accordé au grand Parti Communiste Français qui fit le congrès de Tours, le Front populaire, la Résistance antifasciste armée, les grandes avancées de la Libération, le combat anticolonial de l’après-guerre et la lutte permanente de notre peuple pour le progrès social, l’emploi, la paix, la démocratie, la souveraineté nationale, l’égalité des sexes et le socialisme.
– Cela concerne aussi les trois lettres du mot CNR : nous entendons par là, non pas la contrefaçon de l’usurpateur Macron, mais le grand CNR de Jean Moulin, Pierre Villon et Jacques Duclos dont sortirent les avancées sociales de la Libération, qui impulsa l’insurrection nationale portée par les FTPF, les FTP-MOI et les FFI. Pour autant, loin d’envisager un copié-collé de l’expérience de 1945, nous avons la conviction que, dans les conditions d’aujourd’hui où l’oligarchie pseudo-française ralliée à Macron est l’ennemie n°1 de la nation qu’elle détruit, un nouveau CNR recentré sur le monde du travail ne pourrait qu’affronter durement le grand capital monopoliste étranger et « français ». Ce qui poserait à brève échéance, et sur des bases plus fédératrices que jamais, la question du socialisme pour notre pays. Et cela non pas dans les mots, comme le font tant de sectes gauchistes qui appellent abstraitement au socialisme sans indiquer le chemin concret qui y mène, mais en rassemblant la masse des couches populaires et moyennes autour des travailleurs à l’offensive.
Nous nous battons sous les plis mêlés des deux drapeaux, le drapeau rouge du prolétariat international et l’étendard tricolore de la Révolution française et de la souveraineté du peuple qu’il nous faut absolument disputer à Le Pen pour que s’opère la jonction offensive des Gilets jaunes chanteurs de Marseillaise, et des chasubles rouges de la CGT de classe chanteuse d’Internationale et de Chiffon rouge : sans la conjonction de ces deux drapeaux, le peuple de France ne refera pas son unité de combat tant sont inséparables aujourd’hui la lutte pour la souveraineté des peuples et l’engagement pour le socialisme et le communisme.
Enfin, nous visons clairement un but final, ce socialisme-communisme de nouvelle génération sans la mise en place duquel l’humanité court à sa perte comme le montrent à la fois la fascisation galopante de l’Europe, le dérèglement climatique angoissant que génère la course au profit maximal , sans oublier la marche à la guerre mondiale qui nous menace à l’instigation de l’Empire euro-atlantiste en mal de croisade contre les peuples russe, chinois, coréen, cubain, latino-américain, etc.
II – A propos du « moment actuel »
Car nous sommes placés, amis et camarades, devant plusieurs seuils politiques périlleux et cela appelle de notre part discipline, dévouement, esprit d’organisation et d’initiative.
En effet, l’impérialisme états-unien et ses vassaux de l’Europe atlantique marchent à grands pas vers ce qu’ils ont eux-mêmes appelé, bien avant qu’ils n’aient acculé la Russie à venir à la rescousse du Donbass ouvrier et à entrer en guerre avec le régime pronazi de Kiev, et bien avant que Nancy Pelosi ne soit partie provoquer la Chine populaire en visitant Taiwan, une « guerre de haute intensité ». Une guerre contre, au minimum, la moitié du monde qui, à notre époque d’armes nucléaires pan-destructrices, peut déboucher sur l’anéantissement de l’humanité. « Plutôt morts que rouges ! », s’écriait déjà la réaction internationale à l’époque où, pour faire tomber l’URSS et le camp socialiste, Reagan, Thatcher, Kohl et Mitterrand soutenaient l’installation des euromissiles américains à cinq minutes de vol de Moscou et Leningrad... Bref, les plus incurables dogmatiques ne doivent-ils pas confesser de nos jours ce que je m’efforçais d’expliquer dès le début des années 1980, à savoir que l’exterminisme est devenu la phase ultime du capitalisme-impérialisme-hégémonisme prétendument « moderne ?
Il faut aussi alerter sur le fait que, sans parler des EU misogynes, bigots et homophobes de Trump et du Brésil obscurantiste de Bolsonaro, la « belle » UE toute pétrie d’anticommunisme, de russophobie et de sinophobie est devenue un El Dorado pour les fascistes, nazis, xénophobes et racistes de toutes sortes. De l’extrême droite suédoise à la Pologne cléricale en passant par le régime de Kiev nostalgique de Bandera, Bruxelles appuie ouvertement des régimes qui harcèlent les communistes tandis qu’Ursula von der Leyen et Macron adoubent sans états d’âme des gouvernements nostalgiques de Hitler ou de Mussolini de Riga à Rome en passant par Budapest ! Non seulement le Parlement européen a voté, en 2018, une motion ignoble qui trace un trait d’égalité entre communistes et nazis, criminalisant les premiers tout en banalisant les seconds, non seulement l’UE-OTAN a armé sans vergogne contre les Russes les bataillons ukrainiens nazis Aïdar et Azov, mais la Macronie a missionné le représentant français à l’ONU pour qu’elle vote contre la motion russe appelant l’ONU à condamner partout les résurgences du nazisme !
Enfin, et même si toute la gauche établie, y compris soi-disant « insoumise », ferme les yeux sur cette échéance funeste que, de fait, elle accompagne, le temps vient de ce que Macron nomme le « saut fédéral européen » et que le chancelier Scholz, dont le pays connaît désormais un rythme de réarmement supérieur à celui des années trente, nomme crûment l’ « Etat fédéral européen ». En clair, il s’agirait d’un empire supranational, soumis à l’OTAN, tournant autour de l’Axe Washington-Berlin, un empire constitutivement guerrier et anticommuniste dont l’établissement signifierait à la fois le viol de la Constitution française (qui dispose que « la souveraineté réside essentiellement dans la Nation »), l’enterrement du Non français à la Constitution européenne, et à terme, l’éradication d’une France républicaine et sociale maîtresse de ses destinées. Ce projet antisocial, antidémocratique, belliciste, fascisant et antinational est accompagné par les tenants de la mensongère « Europe sociale, pacifique et écologique » que l’on inculque aux enfants sur les bancs de l’école « républicaine ». Cette mise à mort de la France, et avec elle, de l’idéal d’une République sociale, fraternelle, laïque et démocratique qui forme le fil rouge de notre histoire moderne, va de pair avec le linguicide du français qui, à l’initiative de nos « élites », substitue en tous domaines le tout-anglais de la mondialisation capitaliste à cette langue française que l’article II-a de la Constitution érige pourtant en « langue de la République ».
L’enjeu de classe de cette casse nationale est l’arasement des acquis sociaux, démocratiques, laïques, gagnés de haute lutte par le peuple français pour le moins depuis la Révolution française, sans parler des acquis communalistes du Moyen Âge. Tout doit disparaître notamment des derniers acquis mis en place par les ministres communistes de 1945-47, retraites par répartition, nationalisations, statuts, conventions collectives nationale et droit du travail protecteurs, services publics d’Etat et territoriaux de qualité, diplômes et qualifications nationaux. Les stratèges de la « construction » européenne prennent appui pour cela sur les nouveaux féodaux des Grandes Régions, ces Le Drian, Gilles Simeoni, Renaud Muselier, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et autre Carole Delga qui sont avant tout désireux d’accaparer un maximum de pouvoirs, d’Ajaccio à Rennes, de Lille à Montpellier, de Paris à Lyon et de Strasbourg à Biarritz, tout en divisant le peuple français de toutes les manières possibles : les uns par le racisme et la haine du musulman, d’autres par l’euro-régionalisme, chacun s’en prenant comme il peut à ce qui subsiste de l’Education « nationale », de la SNCF, d’EDF, de l’Université à la française, du CNRS, des statuts nationaux, des conventions collectives de branche, de l’ « exception culturelle », du produire en France industriel et agricole. Sans parler de la Francophonie internationale bradée elle aussi au tout-anglais transatlantique complété par les particularismes de plus en plus ouvertement enclins au séparatisme euro-régionaliste.
Cependant, camarades, il n’y a pas lieu de se désespérer, bien au contraire. Car plus le capitalisme et l’UE-OTAN se font agressifs, plus ils mobilisent leurs réservistes de l’extrême droite raciste, et plus cela signifie que, nationalement et internationalement, l’antagonisme s’aiguise entre l’oligarchie et ses suiveurs d’une part, la classe ouvrière et les forces populaires et authentiquement patriotes d’autre part. Il n’est que de mesurer l’usure du système politique français, que révèle à la fois la révolte des Gilets jaunes et l’abstention massive de la classe ouvrière et de la jeunesse populaire aux élections européennes ou au second tour des législatives. Il n’est que de voir aussi l’instabilité politique de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, où les braises de la guerre civile couvent, hélas sur des bases réactionnaires et impérialistes des deux côtés.
Mais, surtout, mesurons l’importance des forces qui peuvent aujourd’hui contrer l’exterminisme de l’oligarchie capitaliste et de son noyau hégémonique mondial, l’empire euro-atlantique en gestation.
Sans parler des pays socialistes ou se réclamant du socialisme, que Washington essaie en vain de mettre à genoux à coup de blocus, d’ingérences et de « sanctions », pensons à l’ensemble géopolitique immense que constituent les B.R.I.C.S. (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud). L’Oncle Sam et ses roquets de Bruxelles, de Londres et de Varsovie tentent de les briser en aggravant leur pression armée sur les marches de la Russie, l’Indopacifique et la Péninsule coréenne, sans parler des sanctions imposées depuis des années aux peuples de Cuba, du Venezuela, de l’Iran, de Corée du nord, etc. Or les BRICS regroupent la presque majorité de l’humanité. D’autant que les pays d’Afrique si longtemps pillés secouent la tutelle coloniale, notamment celle de la « Françafrique », en se référant à Sankara, que l’Amérique latine semble s’orienter vers la gauche, non sans contradictions, que même l’Indonésie et la Colombie, jadis bastions de l’impérialisme et de l’anticommunisme, semblent ne plus trembler devant Washington.
Notons aussi que le mouvement d’émancipation des femmes, auquel il faut rendre une orientation prolétarienne digne de Clara Zetkin, ne supporte plus les régressions sociétales, de l’Iran à l’Afghanistan mais aussi de Varsovie à Dallas où d’aucuns prétendent interdire l’IVG.
Remarquons aussi que la jeunesse se dresse en masse contre les prédations environnementales qui menacent son avenir et qu’elle gobe de moins en moins, comme l’indiquent certains propos de Greta Thurnberg, au mensonge éhonté du « capitalisme vert ».
Mais, surtout, surtout, on assiste au grand retour des affrontements de classes. C’est vrai en Inde, où viennent d’avoir lieu les plus grandes grèves de l’histoire à l’initiative des communistes ; c’est vrai en Grande-Bretagne, où le syndicat des transports animé par de vrais camarades, a multiplié les grèves dures et fait tomber Liz Truss, ce clone de Cruella Thatcher ; c’est vrai à Prague et à Berlin où la jeunesse défile contre l’OTAN, et c’est vrai en France où le courant syndical de classe se réveille et prend la tête des luttes. De nombreux syndicalistes CGT ne supportent plus le fumeux « syndicalisme rassemblé » qui enchaîne leur syndicat à la CFDT jaunâtre de Laurent Berger.
C’est vrai aussi de la grève dure des raffineurs, des luttes audacieuses des électriciens d’Energie-Paris, c’est vrai de toutes ces luttes qui fourmillent dans le pays et qui ne demandent qu’à coaguler dans un large « tous ensemble en même temps » à l’occasion de la prochaine lutte pour les retraites par répartition léguées par Croizat auxquelles Macron et l’UE souhaitent porter le coup de grâce. A nous, qui sommes potentiellement porteurs d’une ligne de masse anti-UE, anti-OTAN, anticapitaliste et antifasciste, d’encourager les travailleurs à passer à l’offensive unie. Pour cela, par nos tracts, par nos affiches, par notre site et surtout, par notre journal Initiative communiste, il faut montrer aux travailleurs qu’il existe une autre issue politique que l’alternative mortelle de Macron et du lepénisme, une autre voie que le marécage désespérant de l’inexistante « Europe sociale » : la voie solidaire d’une grande explication entre les forces populaires et l’oligarchie qui met le cap sur le désossage final de notre pays ! Il faut se féliciter à cet égard du rebond prometteur dans le monde et en France de la Fédération Syndicale Mondiale.
La route est certes difficile et une course de vitesse est engagée entre la voie oligarchique, synonyme de guerre mondiale et de fascisation galopante, et la voie populaire qui doit prendre de court les impérialistes en se souvenant de l’appel de Lénine, dès 1914, à substituer à la guerre impérialiste entre les peuples l’insurrection populaire pour le pain, la paix et le pouvoir des travailleurs. C’est d’un tel mot d’ordre que surgit la Révolution russe qui déboucha sur la création du premier Etat socialiste de l’histoire et qui donna au prolétariat, durant plusieurs décennies, l’initiative historique que lui confisquèrent peu à peu hélas les forces conjointes du révisionnisme et de la contre-révolution.
Que faire à ce propos si ce n’est relancer fortement ce Mouvement Communiste International qui fut durablement affaibli par la dissolution de l’Internationale communiste et surtout, par la montée du révisionnisme de droite, par la thèse maoïste gravement fautive du prétendu « social-impérialisme soviétique », par l’eurocommunisme des années 1970, puis par la mise en place euro-centrée du Parti de la Gauche Européenne. C’en est au point qu’aujourd’hui, notre mouvement dont la devise est « prolétaires de tous pays unissez-vous ! » est quasiment seul au monde à ne pas disposer d’une Internationale ! C’est pourquoi le PRCF est fier, grâce au travail pluri-décennal de sa commission internationale, notamment de Daniel Antonini, d’entretenir des liens avec plus de 100 organisations communistes de par le monde et d’avoir reçu, en cette conférence nationale, des messages chaleureux des démocrates péruviens et boliviens, du PC danois, du PCPE (Espagne), de la FDJ (Allemagne), du CP-USA, du PC portugais, du PC de Cuba et, grande première, du PC chinois.
III – Vers la transition générationnelle au sein du PRCF, vers la reconstruction communiste en France !
Je le disais en commençant : le PRCF a la chance de compter sur une « jeune garde » de militants intelligente et dévouée, celle des Fadi, Gilliatt, Rachida, Thomas, Clément, Rémi, Damien, Pauline, Manon, Jérémy, Tristan, Boris, Baptiste, pardon si j’en oublie. Il leur reviendra de naviguer sans fléchir, en affrontant les obstacles et parfois en sachant louvoyer dans la zone des tempêtes qui s’est ouverte avec la guerre en Ukraine et les tensions sur Taiwan, et, en France même, avec la crise toujours latente des Gilets jaunes et avec le possible blocage du profit capitaliste que peut susciter l’affrontement de classes qu’engage Macron, sur sommation de l’UE, à propos des retraites. Il reviendra à tout le PRCF de travailler à l’amalgame des générations et des ancrages territoriaux divers, métropolitains et provincial, urbain et rural, en mettant toujours au centre, par delà les possibles dissensions « sociétales » que cultive à dessein l’ennemi de classe, tout ce qui peut fondre la classe laborieuse dans un seul combat social, antifasciste, patriotique et internationaliste. A nous d’appliquer intelligemment le précepte d’Alvaro Cunhal : « nous vieillissons tous, mais le Parti ne vieillit pas ! ».
Surtout, il faut s’imprégner de l’idée que, sans prétendre être le seul à continuer le marxisme-léninisme et à prolonger le grand héritage du grand PCF de naguère, le PRCF porte une responsabilité particulière dans la reconstruction urgente d’un parti franchement communiste dans notre pays. Cela résulte du dynamisme théorique incomparable de notre organisation avec sa revue Etincelles, les livres de ses intellectuels, le travail de ses commissions nationales, de ses outils incomparables de formation, cela résulte de la détermination ancienne du PRCF à s’organiser et à s’implanter sur le territoire national, de son souci permanent de la jeunesse, de son soutien au long cours au syndicalisme de classe, de ses liens anciens avec les PC étrangers. Dans ce cadre, permettez-moi de citer mes vieux ou moins vieux camarades de combat, les Belges Jean Van Hees et Freddy Visconti, l’Allemande Eva Ruppert, l’Espagnol Quim Boix, la Brésilienne Anita Prestes, les Polonais Zbignew Wiktor et Beata Karon, etc. Oui, il faut reconstruire le Parti, la tâche devient proprement vitale pour le monde du travail, pour la défense de la paix et de la nation. Cela, ne pourront le faire ceux qui continuent de ménager l’UE, donc la social-démocratie, l’euro-trotskisme et l’eurocommunisme, en continuant de minimiser l’objectif stratégique d’une rupture révolutionnaire avec l’UE-OTAN. Comme par hasard, ce sont les mêmes qui ne parlent jamais de reconstruction et de Parti qu’en termes vagues, sans agenda organisationnel précis et sans rien faire de sérieux pour faire vivre chez eux le centralisme démocratique. Laissons-les ménager douillettement les appareils de la gauche établie, du pseudo-communisme officiel, de l’euro-trotskisme , de l’insoumission à éclipses et du syndicalisme euro-formaté et travaillons d’arrache-pied à nous organiser...
EN CONCLUSION, quelques vœux pour l’avenir proche
D’abord, en tant que directeur politique d’IC, camarades, je vous appelle à mettre le paquet, jeunes et anciens, sur la vente et sur l’abonnement à « Initiative communiste », le mensuel de la reconstruction communiste, du syndicalisme de classe, de la résistance à la fascisation, du tous ensemble en même temps, de l’alternative rouge et tricolore, du refus de l’UE-OTAN, de la défense de Cuba socialiste, de la relance du Mouvement communiste international, de l’appel permanent à la paix et à la désescalade en Ukraine et ailleurs !
Engageons-nous à 100% dans la préparation de la « grande explication » qui vient et portons dans les masses en lutte le juste slogan « l’argent pour les salaires (pour les retraites, les services publics...), pas pour les actionnaires, ni pour les fauteurs de guerre ! »
Préparons ensemble, pour le 4 février prochain, un grand rassemblement pluriel à notre initiative pour le 80ème anniversaire de Stalingrad en en faisant l’occasion d’une intervention pour la paix, contre l’UE-OTAN ennemi principal des peuples, contre la destruction des acquis du CNR ! Pas de revanche posthume sur le pays de Stalingrad pour les impérialistes euro-atlantistes, pour les nostalgiques de Hitler et de Bandera, pour les destructeurs du code du Travail en Ukraine et partout en Europe !
Union, action pour la contre-offensive des peuples et des travailleurs !
Et, surtout, souvenons-nous que face au capitalisme-impérialisme-exterminisme, face à la destruction de la patrie républicaine par l’Etat fédéral euro-atlantiste en marche, restent pleinement actuels la devise de Robespierre « liberté, égalité, fraternité ou la mort », ainsi que le mot d’ordre de Fidel et du Che : « Patria o muerte, socialismo o morir, venceremos ! ». Camarades et amis, comme disait Georges Dimitrov au VIIème et ultime congrès de l’Internationale communiste, « les contre-révolutions sont des parenthèses de l’histoire, l’avenir est aux révolutionnaires ! ».Ensemble, clamons, Union, action, reconstruction !
https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/union-action-reconstruction-le-discours-de-georges-gastaud-a-la-vie-conference-nationale-du-prcf/