RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
35 

Menace de guerre en Méditerranée et cynisme des grandes puissances

L’Oruç Reis est enfin rentré au port mais le ministre Turc des affaires étrangères a prévenu : « N’y voyez surtout pas un pas en arrière ».

Dernier chapitre d’une longue série de bravades, voilà près d’un mois que ce navire de recherche d’hydrocarbure déployé par Ankara dans les eaux territoriales helléniques attisait les tensions entre la Grèce et la Turquie, pourtant supposées alliées puisque toutes deux membres de l’Otan.

Forages illégaux dans les eaux chypriotes, survol d’îles grecques par des chasseurs-bombardiers, le président Erdogan n’en est pas à ses premiers méfaits dans le secteur. Et celui qui avait déjà invectivé Emmanuel Macron en novembre dernier (« en état de mort cérébrale », 28/11/2019) n’hésite plus maintenant à le menacer directement (« Vous n’avez pas fini d’avoir des ennuis avec moi », 12/09/2020) pour mieux s’affirmer aux yeux du monde.

Fort d’un « régime de terreur » – pour reprendre les mots du prix Nobel de littérature Orhan Pamuk – instauré graduellement depuis son accession au poste de premier ministre en 2003, le réactionnaire Recep Tayyip Erdogan poursuit ses desseins impérialistes, après avoir purgé armée et administration publique, rempli ses prisons d’opposants (notamment les Kurdes qui sont traités comme des terroristes) et muselé la presse.

S’appuyant sur une rhétorique nationaliste néo-ottomane très agressive, la Turquie cherche avec lui à retrouver un rôle d’acteur de premier plan au niveau régional mais aussi sur la scène internationale, n’hésitant plus à défier les grandes puissances avec des positionnements audacieux sur des terrains explosifs tels que la Syrie, la Libye ou en Irak. Elle s’autorise à intimider des frégates françaises avec sa marine, violer l’embargo de livraisons d’armes en Libye, maintenir des mercenaires sur plusieurs théâtres d’opérations... Entre provocation et témérité affichée, la politique étrangère de voyou menée par Erdogan joue continuellement avec le feu au point d’agiter aujourd’hui le spectre de la guerre avec la Grèce.

En s’appuyant sur la brutalité, le chantage, la politique du fait accompli et le mépris du dialogue international, Erdogan se risque à jeu dangereux qui met en péril la stabilité régionale et exacerbe la crise que traversent les relations internationales.

L’Otan nous prouve pour la nième fois sa soumission totale aux intérêts étasuniens et son inutilité. Quant à la France et l’UE, elles payent à présent le prix d’un silence complice face à la dérive d’un dirigeant qu’on a laissé faire pendant des années en échange de la fermeture du « robinet migratoire ». C’est renforcé par une indulgence coupable des Européens et des Etats-Unis que celui qui a tant martyrisé son peuple peut s’afficher désormais avec tant de véhémence. Et comment pourrait se faire entendre l’UE face à lui ? Fondée sur la concurrence, n’a-t-elle pas mis elle-même la Grèce à genoux ? La France, qui n’a pas joué un moindre rôle dans cette affaire, court maintenant à sa rescousse... et se félicite de la commande de 18 Rafales par Athènes ! "Excellente nouvelle pour l’industrie aéronautique française" a tweeté la ministre des Armées Florence Parly. « Dans le même temps », l’administration française vient de livrer cette semaine le Kurde Mehmet Yalcin à Ankara, en claire violation des procédures et des droits de ce demandeur d’asile.

L’ombre de la guerre souligne bien le cynisme des grandes puissances, qui n’ont pas été capables d’instaurer une vision nouvelle et équilibrée des relations internationales. Comment attendre des puissances émergentes un comportement coopératif si la voie qui leur a été montrée pour peser dans le concert des nations a été celle de la force et du calcul égoïste ?

Patrick LE HYARIC

»» http://r.lettre.patrick-le-hyaric.fr/aduqdmqfzpt7e.html
URL de cet article 36479
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Michel Boujut : Le jour où Gary Cooper est mort.
Bernard GENSANE
Le jour de la mort de Gary Cooper, Michel Boujut est entré en insoumission comme il est entré dans les films, en devenant un cinéphile authentique, juste avant que naisse sa vocation de critique de cinéma. Chez qui d’autre que lui ces deux états ont-ils pu à ce point s’interpénétrer, se modeler de concert ? Cinéma et dissidence furent, dès lors, à jamais inséparables pour lui. Il s’abreuva d’images « libératrices », alors qu’on sait bien qu’aujourd’hui les images auraient plutôt tendance à nous « cerner ». (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Il est grand temps qu’il y ait des mesures coercitives (contre les chômeurs)."

"Il y a des moyens très simples : soit vous faîtes peur soit vous donnez envie d’aller bosser. La technique du bâton et de la carotte."

Extrait sonore du documentaire de Pierre Carles "Danger Travail", interview auprès d’entrepreneurs assistants à l’université d’été du Medef en 2003

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.