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La persécution d’Assange révèle la déchéance des médias du monde entier

Julian Assange a lancé un site de publication de fuites en partant du principe que le pouvoir corrompu qui n’a pas de comptes à rendre est un problème dans notre monde, et que ce problème peut être combattu à la lumière de la vérité. Le pouvoir corrompu et incontrôlé a réagi en l’arrêtant, en le réduisant au silence et en le salissant. Sa persécution a prouvé que sa propre thèse sur le monde est absolument correcte.

Le pouvoir est la capacité de contrôler ce qui se passe. Le pouvoir absolu est la capacité de contrôler ce que les gens pensent de ce qui se passe. Les humains sont des créatures axées sur les histoires, donc si vous pouvez contrôler les histoires que les humains se racontent sur ce qui se passe, vous pouvez contrôler ces humains.

C’est le pouvoir de la gestion narrative. C’est pourquoi les gouvernements et les milliardaires utilisent la propagande, la publicité, achètent des conglomérats médiatiques et financent des groupes de réflexion, emploient des spécialistes des relations publiques et des doreurs d’image, achètent des armées de trolls et de robots : parce qu’ils savent que ceux qui contrôlent le récit, contrôlent le monde.

Vous pouvez faire ce que vous voulez, tant qu’ils pouvent contrôler ce que les gens pensent de ce que vous faites.

Personne ne comprend cela mieux que Julian Assange. Il a dit que si les guerres sont déclenchées par des mensonges, alors elles peuvent être arrêtées par la vérité. C’est la base même de WikiLeaks. Apporter la vérité au public de la manière la plus pure et la plus révolutionnaire possible. Ils ont fait en sorte que les gens puissent leur transmettre des documents en toute sécurité, puis ils les ont diffusés avec un minimum de rédaction. Comme beaucoup d’innovations en ligne, il a éliminé l’intermédiaire, et les intermédiaires, dans ce cas, sont les "spinmeisters" des médias qui présentent normalement l’information avec une superposition de récits favorables à l’établissement.

Vous les connaissez. Ceux qui sont du genre : "Voici ce que j’ai découvert, mais surtout, voici ce que vous devez en penser".

Cela a eu des effets immédiats. Une portée mondiale, exposant les racines les plus corrompues des personnes les plus puissantes dans un environnement où l’alarme croissante au GFC, le changement climatique et la guerre sans fin signifiaient que les gens avaient faim de vérité sur les raisons pour lesquelles ces choses continuent à se produire malgré leur impopularité et malgré tous nos efforts pour les arrêter.

La persécution d’Assange a mis en lumière l’institution du journalisme, et c’est l’une des histoires les plus méconnues, principalement parce que les méchants ici sont les journalistes - les personnes sur lesquelles nous comptons habituellement pour nous raconter toutes les histoires. Cette corruption a été mise au jour non pas tant par des fuites de documents, mais par ce à quoi nous avons assisté, à savoir le harcèlement public de Julian Assange par les médias.

Aujourd’hui encore, les médias grand public mentent constamment sur Assange. Si vous lisez un article récent sur Assange, il sera parsemé de calomnies et de mensonges. Ils diront sans détours qu’il était de connivence avec les Russes comme si c’était vrai, qu’il a été "accusé" de viol, qu’il a étalé des excréments sur les murs de l’ambassade, ou que la raison pour laquelle l’Équateur lui a accordé l’asile est qu’il fuyait les accusations de viol (comme si ça pouvait être le cas).

Il y a des dizaines et des dizaines de mensonges, répétés comme autant de vérités dans tous les reportages sur Assange, même après des mois ou des années de démystification. Il y a un article publié en novembre 2018 sur le site web du Guardian qui prétend qu’Assange a rencontré Paul Manafort, le président de la campagne de Trump. Impossible. Ce n’est jamais arrivé. L’ambassade équatorienne était le bâtiment le plus surveillé de la planète Terre à l’époque. Chaque personne qui y entrait ou en sortait devait passer par de nombreux obstacles bureaucratiques.

Aucune preuve vidéo ou aucune preuve tout court n’a jamais été trouvée pour cette affirmation, et il y avait beaucoup de gens qui voulaient la trouver. Il n’y en a pas.

Et pourtant, cet article est toujours présent sur le site web du Guardian, plus d’un an après sa publication. Il est toujours premier dans les résultats de Google lorsque vous faites une recherche sur Assange et Manafort. Il n’y a eu aucun rectificatif. Aucune excuse.

The Guardian. Pas un torchon à scandales. The Guardian. Bastion de la presse digne et noble.

Ce qui est très révélateur.

Assange est persécuté uniquement que parce qu’il a révélé les crimes de guerre des États-Unis. Personne n’a jamais été emprisonné pour ces crimes de guerre, mais au lieu de se concentrer sur cela, la presse a décidé de s’en prendre à Assange.

Soyons clairs : lorsque les journalistes utilisent leur pouvoir et leurs privilèges pour couvrir et détourner l’attention des crimes de guerre, ils deviennent eux-mêmes des criminels de guerre.

Les journalistes commencent enfin à prendre enfin conscience du fait que le précédent juridique que l’administration Trump est en train d’établir en étendant son bras de l’autre côté de l’Atlantique, en s’emparant d’un journaliste australien, dans ambassade équatorienne, au milieu de Londres, est dévastateur pour le journalisme du monde entier. Pas seulement aux États-Unis, pas seulement au Royaume-Uni, mais dans le monde entier. Aucun journaliste n’est à l’abri. Parce que s’ils peuvent lui faire ça, ils peuvent le faire à n’importe qui.

Nous avons également appris que les États-Unis considèrent que les ressortissants étrangers ne bénéficient pas d’une protection au titre du premier amendement, de sorte que les États-Unis disent de facto que le bras long de la loi américaine peut vous ateindre n’importe où, tout en vous excluant de leurs protections.

Et les journalistes s’en rendent enfin compte, mais le silence est encore assez assourdissant. Les journalistes australiens devraient écrire des articles d’opinion furieux pour défendre Assange avec vigueur et exiger que nos politiciens agissent immédiatement, mais au mieux, on a des pétards mouillés, tièdes, chargés de calomnies qui essaient de maintenir qu’ils étaient, bien sûr, corrects dans le passé, mais tirent aussi sur la sonnette d’alarme.

Et ça ne marche pas.

Tant que les journalistes n’admettront pas qu’ils avaient tort et qu’Assange avait raison, et que les États-Unis voulaient vraiment le mettre en prison pour avoir publié comme il l’a dit en 2010, à l’époque où ils le traitaient de paranoïaque, leurs lecteurs ne remarqueront pas qu’il est temps de changer de cap. Ils ne sauront pas qu’il est temps d’agir.

Il y a beaucoup de confusion sur ce qu’il faut faire. L’animateur de radio Alan Jones a lancé un sondage très populaire sur Facebook, en demandant si le gouvernement australien devrait intervenir et ramener Assange chez lui. Je l’ai vu il y a quelques heures et il était à 75 % de "Oui" avec des milliers de réponses déjà, à six jours de la fin, et recueillant des centaines de commentaires pro-Assange. Il l’a supprimé. De toute évidence, ce n’était pas la réponse qu’il avait prévue.

Il y a donc confusion et silence. Mais le silence, c’est l’espace. Un espace s’est ouvert devant nous. En Australie, en ce moment, il y a deux sortes de personnes : celles qui pensent qu’il faut ramener Assange à la maison, et celles qui ne veulent pas du tout y penser. Ils sont devenus silencieux. Et nous avons tellement l’habitude d’être sur la défensive que nous nous sommes tus, nous aussi.

Un espace s’est ouvert. Nous devenons nous emparer de la narrative. Tout ce que nous avons à faire, c’est de nous unir et d’en prendre le contrôle.

Faisons entendre nos voix.
Cet homme est innocent.
Nous devons le ramener à la maison.
Publier n’est pas un crime !
Vive Assange !

Caitlin JOHNSTONE

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"This book shows why the Julian Assange case is one of the most important press freedom cases of this century or any other century."—James C. Goodale, former Vice Chairman and General Counsel of The New York Times. “I think the prosecution of him [Assange] would be a very, very bad precedent for publishers … from everything I know, he’s sort of in a classic publisher’s position and I think the law would have a very hard time drawing a distinction between The New York Times and WikiLeaks.” (…)
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"Aucune femme en burka (ou en hijab ou en burkini) ne m’a jamais fait le moindre mal. Mais j’ai été viré (sans explications) par un homme en costume. Un homme en costume m’a vendu abusivement des investissements et une assurance retraite, me faisant perdre des milliers d’euros. Un homme en costume nous a précipités dans une guerre désastreuse et illégale. Des hommes en costume dirigent les banques et ont fait sombrer l’économie mondiale. D’autres hommes en costume en ont profité pour augmenter la misère de millions de personnes par des politiques d’austérité. Si on commence à dire aux gens la façon dont ils doivent s’habiller, alors peut être qu’on devrait commencer par interdire les costumes."

Henry Stewart, Londres

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