RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Coronavirus : les sanctions économiques à l’heure de la pandémie

Le monde entier semble désormais avoir pris la mesure de la pandémie du Covid-19. Même les plus récalcitrants et naïfs des dirigeants comprennent désormais ce qui est en train de se jouer après avoir vu l’état dans lequel est l’Italie. Mais dans cette lutte, certaines nations sont mieux loties que d’autres. Et certains pays doivent faire face à ce virus tout en continuant à subir des sanctions économiques qui, à cette heure, s’apparentent à de la criminalité pure et simple.

L’Iran demande de l’aide

Prenons le cas de l’Iran d’abord. L’un des pays du monde les plus touchés par la maladie. Au 17 mars l’Iran comptait 988 morts, et 16 169 cas confirmés par les autorités. Les sanctions américaines contre la République islamique ont été de nouveau appliquées en mai 2018, lorsque les Etats-Unis se sont retirés de l’accord sur le nucléaire iranien. Elles interdisent notamment aux entreprises étasuniennes, et non-étasuniennes, de commercer avec l’Iran. Elles ont surtout un lourd impact sur le système sanitaire iranien, même si, en théorie les sanctions ne touchent pas le domaine de la santé. Dans un rapport publié en octobre 2019, l’organisation Human Rights Watch expliquait que les sanctions avaient un « impact négatif sur les besoins humanitaires et sur le respect du droit à la santé de millions d’Iraniens. » Une affirmation que confirmait les autorités iraniennes, en fin d’année 2019, en reconnaissant déjà les impacts des sanctions sur l’économie.

Masques à oxygène, tests de diagnostic, thermomètres, insufflateurs, voici une partie d’une longue liste du matériel médical demandé par l’Iran via son ministre de la Santé à la communauté internationale. Car pour l’heure, si la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont annoncé le 2 mars dernier une aide pour l’Iran, notamment via une livraison de matériel médical et un versement à l’OMS, si la Russie aurait envoyé près de 50 000 kits de tests, et si la Chine a envoyé une équipe médicale, comme en Italie, le FMI s’est lui refusé à prêter les quelque milliards d’euros que demandait l’Iran.

En attendant la levée des sanctions, ou une aide internationale, l’Iran prend des mesures pour contenir le Covid-19 : prières du vendredi annulées depuis trois semaines, interdictions d’entrer ou de sortir de certaines villes, fermetures des musées, des cinémas, des théâtres et de centres sportifs. Le pays a même fait appel à l’armée pour limiter les déplacements de la population, et désinfecter les rues. Quant au président, Hassan Rohani, il a exhorté les Etats du monde à ne pas suivre les sanctions et à faire pression pour la levée de celles-ci.

Le Venezuela se prépare

Les sanctions américaines contre le Venezuela sont récurrentes depuis les élections d’Hugo Chavez et de Nicolas Maduro. Elles ont pris un caractère encore plus belliqueux lorsque l’an dernier, les Etats-Unis, et d’autres pays, ont reconnu Juan Guaido comme le président du Venezuela (1).

Comme contre l’Iran, les sanctions s’appliquent à la fois au pays, notamment via le gel des actifs bancaires du Venezuela à l’étranger, mais aussi à des entreprises et à des personnalités. Elles ont donc, là aussi, nécessairement un impact sur le système sanitaire. Au Venezuela, comme ailleurs, le coronavirus ne fera pas de différences entre les populations qu’il impactera. Alors le pays se prépare contre la pandémie du covid-19. Si pour l’heure le nombre de cas est encore gérable, l’état d’urgence sanitaire a été décrété, sept des Etats du Venezuela sont désormais en « quarantaine sociale » et les frontières avec le Brésil et la Colombier sont fermées (2).

Nicolas Maduro a demandé la levée des sanctions. En vain pour l’instant. Alors le Venezuela va plus loin. Récemment le pays a déposé plainte à la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. En attendant, et parce que les Etats-Unis menacent les pays qui voudraient aider le Venezuela, c’est l’OMS qui vient directement en aide à la République bolivarienne.

Cuba : une solidarité à toute épreuve

Le cas de Cuba est à part. L’île doit faire face à un blocus criminel depuis 1962. Et pourtant Cuba a réussi à développer un système de santé qui figure parmi les plus efficaces au monde. Comme lors de la précédente épidémie d’Ebola, Cuba sera en première ligne. La Lombardie a demandé l’aide de Cuba, et du Venezuela, mais surtout, en coopération avec la Chine, les chercheurs cubains ont mis au point un médicament : l’Interferon alpha-2b. Celui-ci a été validé et utilisé par les autorités chinoise avec des succès probants : plusieurs milliers de guéris.

D’autres pays demeurent sous blocus et/ou sous sanctions. La Corée du Nord, la Syrie, le Nicaragua mais aussi la bande de Gaza. Une zone où 2 millions de personnes vivent sur à peine 365 kilomètres carrés, et où tout, ou presque, dépend du bon vouloir des Israéliens qui imposent à Gaza cette situation. A tel point qu’Israël exclut la Palestine de 85% des zones maritimes auxquelles elle a pourtant le droit. Qu’arrivera-t-il si dans quelques jours ou quelques semaines la bande de Gaza devient un foyer de la pandémie ? Si le covid-19 peut faire autant de victimes dans des pays développés au système de santé, certes malmenés par des années d’ultralibéralisme mais encore très performant, qu’en sera-t-il dans des pays ne bénéficiant pas de telles capacités et subissant en plus des sanctions ?

(1) voir aussi : Pourquoi une invasion du Venezuela n’a-t-elle aucune chance de réussir ?

(2) pour approfondir sur comment le Venezuela se prépare : Organisations communales et gouvernement bolivarien, front commun contre l’épidémie.

»» https://lesnouvelleslibres.com/2020...
URL de cet article 35801
   
La liberté contre le destin, discours de Thomas Sankara
Thomas Sankara reste une figure révolutionnaire de premier plan pour la jeunesse africaine en lutte. Durant son passage bref mais fulgurant à la tête du Burkina Faso, interrompu par son assassinat en 1987, le jeune officier a marqué l’histoire de son pays et de l’Afrique, ainsi que la mémoire des luttes anti-impérialistes. On trouvera dans ce recueil, outre les principaux discours de Thomas Sankara, des discours inédits. En plus de faire des bilans réguliers de la révolution, il aborde les (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Informer n’est pas une liberté pour la presse, mais un devoir. La liberté de la presse a bien une limite : elle s’arrête exactement là où commence mon droit à une véritable information.

Viktor Dedaj

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.