Ne mélangeons pas tout
Vous voulez dire, les torchons et les serviettes ?
nous avons à présent un problème d’intégration ou de radicalisation avec une partie non négligeable de certaines communautés
Et voilà votre monomanie qui vous reprend ! Certes, et je crois qu’on nous l’a assez rabâché dans les médias, et vous-même vous en faites le (si) bête écho (si vous faisiez en premier lieu le ménage dans vos lectures, vous verrez, ça irait un peu mieux), certes, il existe certaines zones urbaines en France où, primo, l’intégration au reste de la société est rendue particulièrement difficile, et ça ne date pas d’hier, et où, deuxio, depuis 2001 (approximativement) l’islam pratiquant radical est apparu... comme pour combler un vide.
D’après cet article du monde https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/01/21/que-pese-l-islam-en-france_4559859_4355770.html, les musulmans radicaux représentent pas moins de 0,5% des musulmans pratiquants qui eux-mêmes ne représente que 40% des musulmans... Bref on voit à quel point c’est un problème de taille... Le hic, c’est que se focaliser sur ce phénomène on-ne-peut-plus minoritaire, non content de répéter bêtement ce que disent les médias et le (F)RN, c’est omettre sciemment nos autres concitoyens d’origine africaine et nord-africaine, Français depuis peu ou depuis moult générations, qui, eux, sont parfaitement intégrés même selon les critères acceptables du spectre de droite, sur lequel vous semblez vous situer.
Ce problème d’intégration, je ne le nie pas, et je ne connais personne qui le nie. Mais la ressemblance entre vous et moi, Sibeth, s’arrête là. Mon point de vue diffère radicalement du vôtre (que je ne peux que déduire d’ailleurs parce que vous n’êtes guère encline à développer), et encore n’est-ce que mon point de vue.
J’approche de la cinquantaine, et étant enfant, j’ai grandi, de même qu’adulte j’ai avancé dans la vie, avec toujours auprès de moi des camarades, des ami(e)s, des connaissances, des collègues dont l’histoire familiale remontait au Maghreb ou à l’Afrique plus lointaine mais aussi bien sûr à l’Italie, à l’Espagne, au Portugal, à la Pologne... etc. Il était déjà visible alors que quand il n’avait fallu qu’une génération aux Italiens, aux Espagnols, aux Polonais et même aux tout juste ex-ennemis Allemands pour s’intégrer, pour être considéré pleinement comme Français, les Maghrébins et les Africains, eux, se sont toujours vus contester ce statut, si ce n’est dans les faits au moins dans la forme et avec une condescendance difficilement dissimulée. Si on accepte l’idée que la France est plutôt de droite, alors on peut conclure assez facilement qu’à des degrés certes différents, les immigrés, les fils et filles d’immigrés, les grands-enfants d’immigrés, s’ils ont la peau un peu foncée, ne seront pas complètement considérés comme Français par une part non-négligeable de la population à la peau plus claire. Malgré tout, ils y parviennent dans leur grande majorité, mais au prix d’efforts beaucoup plus intenses, de beaucoup plus de gages d’amour donnés et de renoncements que les autres, notamment celui d’accepter que leurs parents ou leurs grands-parents, qui ont traversé la Méditerranée à l’appel de la France en ruines, puissent encore aujourd’hui, après le sang et la sueur qu’ils ont donnés à ce pays, ne pas avoir obtenu ce droit fondamental à la citoyenneté française et celui subséquent de pouvoir s’exprimer par le vote. Exclusifs et intransigeants, on leur refuse même le droit d’aimer leurs deux patries : alors qu’il nous paraît parfaitement normal qu’un Français ayant un pied familial en Italie ou en Espagne soutiennent la patrie de ses ancêtres dans une compétition sportive, cela sera interdit aux « Arabes » (terme qu’on n’a jamais cherché à corriger d’ailleurs, assimilant de façon simpliste un peuple et sa langue).
L’Histoire seule, Sibeth, peut nous éclairer sur le rejet périodique, largement encouragé par les médias, dont font l’objet depuis des décennies une partie de nos concitoyens et concitoyennes, sortes de bouc-émissaires des difficultés économiques que rencontre la France depuis 40 ans maintenant. Regardons-nous d’abord dans un miroir : par exemple, l’état dans lequel se trouvent nos territoires d’Outremer, reliquats de notre grandeur coloniale : l’indigence des instances éducatives qui y règne, la pauvreté, le chômage, l’insécurité, l’inflation... Qui y souffre et qui y gouverne. Y domine, devrais-je dire. Alors, il devient naturel de comprendre pourquoi un immigré algérien, appartenant à un peuple qui a gagné son indépendance et nous a fichu dehors manu militari, et auquel par un autre simplisme racial on assimile le Marocain et le Tunisien, reste dans l’imaginaire collectif des Français de souche, l’esclave qui s’est rebellé, comme l’a fait Spartacus. Seulement il n’y a rien de plus court-termiste et de plus obstrué que la mémoire historique d’un peuple, de plus mensonger que l’Histoire racontée par les dominants. Spartacus est devenu à raison un héros qui a défié l’ennemi romain, tandis que l’Algérien, un ingrat qui a mordu la main qui le nourrissait.
Dans ce contexte, il n’est guère étonnant que les idées réactionnaires reviennent à la mode parmi les générations plus jeunes, aucune mise à jour n’ayant été faite dans les cours d’Histoire de nos écoles publiques.
Quant aux migrants (ici le participe présent indique bien un phénomène en cours), vous admettez à demi-mot les raisons pour lesquelles ils risquent la mort en décidant de fuir leur pays. Vous devriez les hurler. Le monde occidental ne doit ses richesses et son confort actuel qu’à l’exploitation de leurs pays, de leurs terres, de leurs ressources et n’a pu faire cela qu’en les maintenant dans un état de développement économique médiocre et en favorisant des gouvernances à la botte de nos besoins, corrompus, népotiques, tyranniques et j’en passe. Les guerres, les famines et les génocides ont secoué certaines régions d’Afrique depuis leur décolonisation, ce que certains hypocrites s’amusent à expliquer par une soit-disant incapacité indigène à se prendre en main. Dans le même temps, les pays industrialisés ont remué ciel et terre pour détruire dans l’oeuf toute velléité démocratique et humaniste africaine et aujourd’hui encore font tout leur possible pour taire la modernité africaine tendant à donner tort à ces hypocrites. Et ce n’est qu’un cercle vicieux de guerres, de génocides, de famines et aujourd’hui de retour à l’obscurantisme le plus sombre. Quel autre choix que de fuir ? Quel autre espoir que celui de voir un ou une de ses enfants échapper à ce destin ? Personne n’a ce genre de rêve pour les siens. Par conséquent, si nous n’avons pas encore le pouvoir de tenir en respect le capitalisme anti-humaniste qui a crû sur le dos des Africains, alors on se doit de les accueillir aussi humainement que possible ici lorsqu’ils arrivent sur nos côtes. Et de les aider, d’aider ceux qui les aident à tout le moins, des les aider à s’intégrer avec patience, indulgence et bienveillance. Lorsqu’on mettra au pouvoir un homme ou une femme qui aura le courage de tenir en laisse les chiens enragés de ce capitalisme, de laisser ces pays se relever, on verra une fin lente et progressive à ces migrations suicidaires. Pas avant. Aucun mur ne sera assez grand pour les arrêter.
il s’agit en fait d’un vaste trafic organisé et financé essentiellement par l’ONU, des ONG
Sans sources, ce que vous dites ne tient qu’à vous. Et je veux bien parier que vous n’avez aucune source fiable.
Certains esprits chagrins et éclairés, de ceux qui envahissent les plateaux médiatiques, aiment à répéter générations après générations que ces immigrés d’Afrique et du Maghreb ne souhaitent pas s’intégrer, en tout cas une majorité d’entre eux (vaste mensonge originel sur lequel les Le Pen et consorts ont fait leur beurre), que culturellement (et génétiquement) ils sont nés pour désobéir à la loi, pour sombrer dans la délinquance voire le crime... bref finir en zonzon... Et le neuneu de base, affalé dans son canapé après une dure journée de labeur, de les croire, bec ouvert telle une oie qu’on gave. C’est tellement plus utile pour contrôler le peuple : la bourgoisie hait le prolo, le prolo hait... le plus prolo que lui. Mais la vérité est ailleurs, comme dirait l’autre. Où que notre regard se porte dans les contrées occidentales et industrialisées, on constate deux faits : un, les minorités y sont les premières victimes du chômage et de la paupérisation, deux, elles constituent le gros de la population carcérale. Il n’y a qu’à regarder vers chez nos copains yankees pour se rendre compte de l’ampleur de ce phénomène... Avec un peu d’intelligence, la conclusion est facile. En creusant un peu davantage : les conditions d’intégration et de réussite sont dures, le sentiment d’être , en France, redevable à l’état providence, tout cela empêche le développement d’une certaine conscience de classe, et même d’une conscience politique. Ce qui a eu pour résultat, par un exemple récent, de laisser les banlieues hors du mouvement des Gilets Jaunes. Même un prolo peut être le bourgeois d’un plus prolo que lui.
Enfin, en ce qui concerne l’islam radical, je ne vais pas m’étendre là-dessus parce que c’est marginal, autant que l’est le catholicisme radical. Cette radicalité, comme toute autre radicalité, n’est observable (et amplifiée) que par la lorgnette du microscope médiatique. Il faudrait vous élever de ce brouillard dans lequel certains médias tentent de vous plonger selon que le moment l’exige. Mais je vais dire, ou répéter deux choses : l’islam radical, ou le salafisme si on préfère, comble les vides que la République laisse quand elle abandonne ses enfants. De même que s’il prospère dans certaines régions du monde, c’est par le recul des gouvernements. Ensuite, l’islam radical fleurit depuis près de 20 ans sur la haine du musulman, transcrites en faits et gestes par les guerres du monde occidental au Levant, par le martyre du peuple palestinien, et plus récemment des Yéménites, face auxquels nos dirigeants sont complètement sourds et même pire que cela : soutiennent leurs bourreaux sans défaut... Par le mépris d’une culture, d’une langue, d’une histoire qui, à l’instar de celles de la Chine, ont contribué largement et très tôt aux développements et aux progrès de la civilisation entière et occidentale en particulier. Tout ce que l’on sait faire, ignares et frustes que nous sommes, persuadés de notre supériorité qui leur doit cependant presque tout, c’est piétiner, piller et détruire. Rien d’étonnant à ce qu’on nous déteste où qu’on aille.
Ah, l’Histoire, encore l’Histoire : les Afro-américains du temps de Malcolm X, qui vivant dans un système encore largement ségrégationniste se tournèrent vers leurs racines africaines et se convertirent à l’islam, dans le seul but de redonner à leur identité cette valeur que l’état américain leur refusait, ainsi qu’une conscience politique nécessaire au combat. C’est ce genre de comparaison qui aide à discerner les responsabilités et l’origine d’un mal. Pas les médias d’aujourd’hui qui égarent ceux qui y croient.
Sibeth, il est vrai qu’on pourrait conclure aisément chez vous à un certain fond de racisme, à minima de xénophobie, mais puisque je sais que malgré tout vous le rejetterez, je ne m’abaisserai pas à une conclusion aussi simpliste. Il y a fort à parier que cette longue réponse n’aura servi à me faire voir dans votre esprit que sous l’étiquette d’un islamogauchiste (interchangeable du terme bobo dans le corridor étroit et aveugle qui sert d’entendement à certains gens de droite). Mais quand à propos d’un article dont le sujet central est la tendance d’une certaine presse à véhiculer des informations aux mieux altérées, qui plus est à caractère xénophobe, vous revenez plusieurs fois à la charge pour qu’on parle immigration, immigrés et migrants, alors oui, c’est à croire que vous avez attrapé une phobie qui vous ronge. Libre à vous d’y mettre un nom qui vous convienne. A l’instar de la smala Le Pen, je suis persuadé que vous aimez bien les bronzés (je ne dis pas les étrangers, c’est par trop généraliste et ce terme inclut trop de Caucasiens pour qu’il soit approprié), du moment que ceux-ci se tiennent à carreau, adoptent nos traditions franchouillardes, parlent correctement et exclusivement notre langue, et pourquoi pas, bien que vous affirmiez le contraire, se convertissent à notre religion. En tout cas, le summum de la bienséance serait qu’ils restent chez eux, puisqu’on viendrait, nous, les visiter et qu’ils recevraient notre aumône, nos miettes et un peu de notre rayonnement. Et si en plus on peut abuser sexuellement de leurs enfants, quel pied ! Nous sommes vraiment les hommes-sandwich des valeurs actuelles !
Je m’excuse d’avance auprès de mes camarades lecteurs et lectrices du GS ayant leurs ancêtres au Maghreb et en Afrique ou étant eux-mêmes Maghrébins ou Africains, car j’ai pu dire au cours de ce long flot un certain nombre de bêtises et faire un certain nombre de maladresses. Je m’excuse aussi auprès des modérateurs du GS qui se le sont farci.
Enfin, je m’excuse auprès de l’auteur pour cette longue digression.