Dénigrés par les directions confédérales CFDT, FO, FSU, UNSA, et hélas aussi par les directions nationales de la CGT et de la FSU, les « gilets jaunes » n’y sont pas allés par quatre chemins :
# Ils n’ont pas appelé au « dialogue social » bidon avec Macron pour savoir comment « accompagner syndicalement » la casse sociale et désamorcer les luttes, comme n’a cessé de le faire M. Berger et ses suiveurs
# Ils n’ont pas déclaré partout que « Macron est légitime », comme l’ont fait la plupart des dirigeants confédéraux, sans oublier ceux du PCF et de la fausse gauche, ils ont carrément cerné l’Elysée, repris en chœur le refrain insurrectionnel de la Marseillaise et crié sans complexe « Macron démission ! »
# Et leur détermination de masse a placé sur la défensive ce gouvernement thatchérien de brutes patronales qui, d’ordinaire, provoque le monde du travail, dénigre le peuple français, gave les super-riches de cadeaux fiscaux, rampe devant l’UE de Merkel et multiplie les mauvais coups contre la France populaire : casse des statuts, de la Sécu, des retraites, du Code du travail, taxation des pensions, augmentation de la CSG, privatisations du domaine public, blocage des salaires de la fonction publique, démolition du bac national et de l’université à la française. Désormais, le micro-Bonaparte de l’Elysée est gravement discrédité et son autorité sur les classes populaires et moyennes est lourdement compromise : ce n’est pas le PRCF, qui n’a jamais appelé à voter pour ce triste sire, qui s’en plaindra.
Bien entendu, le caractère inorganisé du mouvement et l’indécente volonté de récupération de Wauquiez, Le Pen et Dupont-Aignan, ouvre un espace important à la réaction qui voudrait dévoyer le mouvement en le tournant contre le « fisc » et « l’Etat », c’est-à-dire contre les services publics, alors que c’est la répartition de la charge fiscale et son utilisation au profit de tous, et d’abord, des couches populaires, qui doivent être profondément réformées à l’avantage du Travail et aux dépens du Capital.
Participer dynamiquement à ces mouvements : le blocage des rues doit s’accompagner du blocage du profit capitaliste
Raison de plus pour les militants franchement communistes et pour les syndicalistes combatifs de participer dynamiquement à ces mouvements dans des formes à apprécier localement, de leur apporter l’expérience organisationnelle du mouvement ouvrier, de leur faire comprendre que les vrais communistes, la vraie gauche populaire, les syndicalistes de classe n’ont rien de commun avec les dirigeants nationaux caricaturaux qui usurpent ces beaux noms pour colmater les brèches de la société capitaliste de plus en plus inhumaine. Aux militants d’avant-garde, non pas de donner des leçons à ceux qui mènent parfois la première lutte de leur vie, mais de leur montrer que le blocage des rues doit s’accompagner du blocage du profit capitaliste, de la construction de la grève générale interpro, d’une revendication claire d’augmentation générale des salaires et des pensions, d’une reconstruction des services publics et de la protection sociale détruits au nom de la « construction » européenne, de la remise en route du « produire en France » trahi par le grand patronat : en un mot d’une véritable lutte anticapitaliste comme celles de 1936 et de 1968 qui avaient abouti à d’immenses avancées sociales tout en posant la question du changement de société. C’est de cela en réalité qu’a peur Macron, cet aventurier politique discrédité dont l’arrogance de classe a eu le mérite de déciller de nombreux citoyens.
Maintenant que le mouvement social est lancé, en refusant le faux apolitisme de certains manifestants arriérés qui tirent le mouvement en arrière, et tout en combattant à boulets rouges la droite et l’extrême droite, les militants franchement communistes continueront d’y participer au premier rang, de contribuer à l’élargir, d’apporter avec modestie mais sans frilosité les explications nécessaires, à porter dans les luttes la perspective d’une République sociale et souveraine 100% émancipée de l’UE supranationale et du système capitaliste, à appeler à la reconstruction du syndicalisme de classe trahi et à celle d’un parti communiste de combat.
Construire l’organisation politique permettant aux travailleurs de diriger le combat jusqu’à la victoire finale
Car moins que jamais, n’en déplaise aux éléments retardataires et aux hypocrites qui refusent d’assumer la dimension politique de tout mouvement de masse, il ne faut opposer l’auto-organisation des travailleurs « en bas » et la nécessité d’une organisation politique de combat permettant aux travailleurs de diriger, jusqu’à la victoire finale, le combat contre l’injustice sociale.
Georges GASTAUD secrétaire national du PRCF,
Jo HERNANDEZ commission luttes du PRCF,
GILLIATT JRCF.
Les illustrations sont du Grand Soir.