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Mélenchon gardé à vue par Médiapart

Victime d'une embuscade Mélenchon accuse Macron. C'est de bonne guerre. Mais au-delà de ce doigt pointé nous devons nous interroger sur le rôle de journalistes qu'il n'est même pas utile de tirer au sort pour qu'ils acceptent de de faire partie des pelotons d'exécution. Et la justice, qui a cessé d'être aveugle, marche en cisaille avec ce qui ne mérite plus le nom de "presse".

Il y a des lunes que, portant le projet sur les fonts baptismaux de Yann Barthès, Edwy Plenel a déclaré : « Avec Tariq nous allons construire une maison commune ». Ce petit nom, « Tariq », recouvre l’immensité de Ramadan, savant islamique vénéré aimant Dieu et tous les seins. Un petit pépin de justice retarde le moment où le divin scientifique va poser ses valises à côté du peigne à moustaches d’Edwy. Faudrait que les choses s’accélèrent. Restent des arbitrages importants, par exemple la façon de garnir la bibliothèque dont on sait qu’elle ne recèlera que des livres saints, Trotski, al-Banna et bien sûr les œuvres complètes de l’émir du Qatar ? Ici la paire ne doit pas faire d’impair. On notera un détail : les chambres à coucher sont privées de tables de nuit. En effet, s’il y a perquisition –une action douce et légale qui menace tous les révolutionnaires-, il ne faudrait pas, somme donnée au hasard, qu’un flic trouve 12 000 euros dans un tiroir. Juste au-dessus du vase de nuit. C’est alors que saisis par l’article d’un journaliste de « Médiatarte » pratiquant la version policière du métier, quelques fonctionnaires du Parquet National Financier (PNF), s’en viendraient semer leur zone dans « la maison commune ». « Ou-la-la ! Ne sont-ce pas là des euros libyens ou de Zanzibar ? Venus des rives du Brahmapoutre où ils ont été blanchis depuis des maravédis. N’ont-ils pas alimenté une campagne électorale ? »

Ma contine n’est pas très éloignée de l’actualité. Certainement pas plus que certains articles d’un nommé Arfi, un célèbre garçon qui écrit - très mal -, dans « Médiapart ». Une fois de plus, fidèle à la philosophie du maître Plenel, Arfi et ses potes se veulent non pas flics mais policiers, non pas magistrats mais juges. Ce Pulitzer vient de pécher un grand bandit : Jean-Luc Mélenchon. Manquent les menottes. Et puisqu’avec la « Maison commune » nous sommes dans un élan maçon je suggère que les locaux du site web soient agrandis afin d’y ouvrir une annexe du Palais de justice. Si Renzo Piano est trop occupé (à reconstruire le pont de Gênes), Alain Bauer, célèbre maçon et « expert » en criminologie, peut fournir les meilleurs plans. Et ce dispositif permettrait de licencier quelques juges inutiles.

En effet, il n’est plus guère de dossiers de justice, en tout cas les plus « sensibles », qui ne passent en préalable par la chambre d’accusation de « Médiapart » Un exemple. J’ai sous les yeux une requête que des magistrats du PNF viennent d’adresser aux juges de Londres. En appui à leur demande les magistrats français ne font allusion à aucun procès-verbal, a aucune évidence, à aucun relevés de comptes crapuleux... En revanche ils bétonnent leur supplique par une kyrielle d’articles de « Médiapart » chargés de faire loi. Glissement progressif du plaisir, nos lois pénales laissent la place au Code Napoléon-Trotski.

« Mediapart », le Pic de la Mirandole du vrai (jamais du « peut-être »), qui -avec élégance et dans le seul souci de vérité- révèle que Sophia Chirikou (la directrice de campagne des « Insoumis »), dort parfois chez Mélenchon, est donc le rouage d’une machine qui va nous sauver : la transparence. Amusez-vous à suivre « le fil » de « Médiapart », et les querelles qu’il suscite. L’exercice est facile. Il suffit d’avoir de bons nerfs et une bouteille de layon, forcément bonne. Vous allez constater que « le monde de Médiapart » est celui de la croyance, une planète à part essentiellement composée de fidèles. Convaincus que tout le monde ment sauf Plenel et qu’heureusement qu’il est là pour être procureur. L’abonné est un catéchumène, l’impatient du narthex qui préfère crever plutôt que de douter du dogme. Que mon vieil ami Edwy ait construit son usine à certitudes, c’est sa liberté. Mais quand la justice vient plonger dans sa boîte à outils pour en tirer argument, il y a danger.

Ne venez pas me bassiner avec le respect dû au « quatrième pouvoir ». La liberté de la presse est morte et moi-même ne me sens pas très bien. La majorité des journalistes ne sont plus que des employés oints d’un mystérieux chrême qui les fait détenteur de la vérité comme d’autres sont faits moines. Nous vivons sur une planète médiatique endogamique, composée essentiellement de fils « de », mais de toute façon de gosses de riches (tout sondage opéré à l’entrée d’une « école » de journalisme démontre que les origines sociales de ces étudiants crèvent tous les plafonds des catégories sup-sup). Je vous entends objecter que nous avons, Dieu merci, une magnifique brochette d’ « investigateurs ». Prêts à nous sauver, comme Noé et son arche. Parfait. Mais, en tant que vieux mécano, permettez-moi de décrire la mécanique de ces enquêtes du genre nouveau monde.

Un magistrat a un tuyau, un soupçon, un doute. Mais pas assez de preuves pour agir. Il livre alors « l’information » à un ami « investigateur ». Qui publie la chose sans risque d’être poursuivi en diffamation puisqu’il remplit sa mission, celle d’informer et qu’il est donc réputé « de bonne foi ». Et le magistrat, reprenant au vol la vérité de presse qu’il a initiée, justifie ainsi décision de mettre illico en examen, ou en prison, des hommes ou des femmes qui peuvent aussi être innocents. Imaginons alors qu’un Prix Albert Londres soit décerné à un « investigateur »... à qui le donne-t-on ? Au journaliste ou au juge ?

En passant dans les rayons d’une librairie je viens de lire la quatrième de couverte du dernier chef d’œuvre de monsieur Arfi, un garçon qui se fait une réputation en ruinant celle des autres. On y annonce que ce pas laid de la découverte : « a aussi dévoilé le scandale du possible financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, qui a valu à Nicolas Sarkozy une récente mise en examen ». Admirez : on affirme le « scandale » ...mais on lui accole le bémol du « possible ».On est sûr de ce que l’on écrit... mais pas tant.

Faudrait savoir mon gars, c’est vrai ou c’est faux ? Tiens je vais faire comme toi, parler de moi. En août 1985, quand ton patron Plenel affirmait que le « Rainbow Warrior » avait été coulé par une escouade de militants RPR basés en Nouvelle Calédonie, j’imprimais : « La DGSE a fait couler le Rainbow Warrior ». Le tout sans l’aide d’un « possible ». Avec ta méthode, en décembre 1894 en pleine instruction conduite par des juges militaires, un « investigateur » (on disait alors un journaliste) aurait pu fièrement publier : « Dans la trahison vers l’Allemagne, je suis celui qui a révélé le rôle de l’espion Dreyfus »... Grand merci Edwy, par ta grâce il existe donc en France une forme de condamnation anticipée, de juridiction « Médiapart ». Un détail pour clore mon Dalloz, avez-vous remarqué que tous ces « scandales » dénoncés le sont dans un moment judiciaire particulier, celui de l’instruction. Ce qui veut dire que le magistrat, violeur de secret, peut être démenti par ses pairs, ceux de l’immédiat, et au bout du compte par le tribunal ! Pas grave puisque « Médiapart » n’assure pas l’après-vente de son département crucifixion.

Si j’aime tant Edwy c’est qu’il est un homme indispensable, d’un métal rare, si merveilleux et utile qu’il faudrait le mettre sous cloche au muséum : c’est un homme sans passé. Il vous balance le RPR dans l’affaire du Rainbow Warrior, mais ressort de l’histoire comme son grand révélateur. Faites un tour sur Wikipedia, on doit toute la vérité de cette affaire à l’ami de Ramadan. Il a dirigé « Le Monde » avec l’ultra libéral Minc et le franc Colombani... pas grave. Dans les maternelles on apprendra bientôt qu’Edwy est un mixte de l’Affiche Rouge et de Walter Benjamin. La prochaine « Maison de la Presse Libre », le prochain « Comité national de déontologie » sera confié à Edwy. C’est comme ça, Plenel est à la fois planant et amphibie. En incidente je précise, pour être parfaitement clair dans mon intention la plus profonde à propos de Sarkozy : que cette chasse aux sous de sa campagne est une perte de temps, et d’argent (beaucoup). Après les crimes que ce président a provoqués, ou couverts, en particulier en Libye et en Syrie, sa vraie place est à la Cour Pénale Internationale, pas au PNF.

Je n’ai pas besoin de la carte du mouvement de JLM pour me croire insoumis. C’est une vieille discipline vécue en petite compagnie : un devoir de journaliste. Donc, en rien « militant », je suis indigné après cinquante-cinq années de carte du sort fait à JLM par des êtres que je ne nomme plus « confrères ». La dissolution de l’ORTF a produit un monstre, celui d’une fausse liberté qui se veut sans entraves. Les laisses ont disparu mais l’ordre discret, le « au pied Médor » est toujours actif. Avec en prime, et ça c’est fort, le faux argument de l’indépendance et de la liberté au prétexte que la ficelle ne se voit plus. Alors allons-y, contre Mélenchon c’est à la fois le « dos et le tres de mayo ». Le tir à vue est un devoir pour qui veut garder sa place et sa conscience. Mélenchon : c’est Bachar ! A l’ORTF, un éditorialiste aurait craché sur les Insoumis, mais lui seul. Les autres confrères auraient fait le boulot en fermant leur gueule sans plus avant de se lancer dans la chasse au logeur de Chirikou. Disons qu’il y avait devoir de réserve. Et je ris de voir ces animateurs de télévision, personnages de Labiche qui, parlant des « Insoumis » entendent avoir le sérieux de Prix Nobel.

Les perquisitions qui mettent JLM en bouillon sont un avatar qui ne m’étonne pas, qui ne m’indigne pas. Quand on est un militant politique honnête, dérangeant et indocile, qui ne se couche pas devant les oligarques, il faut s’entrainer, tôt le matin, au bruit du toc toc à la porte, et savoir que ce n’est pas le laitier. Là je m’étonne que JLM s’étonne. Une perquise ? C’est une Légion d’Honneur. Elle démontre que vous êtes un ennemi, elle vous situe, elle vous définit. Bien sûr que la centaine de policiers, la coordination de l’opération coup de poing a un sens ! Mélenchon ne l’a pas saisi. Elle fait de lui un Zapata et il s’indigne comme Méhaignerie. Y’a méprise. Pourquoi son désir d’intégration au système est tel qu’il crie ? Comme un membre maltraité d’un club auquel il n’appartient pas. JLM faut pas gueuler, tu n’auras jamais ton rond de serviette à l’Assemblée ou dans les médias, c’est-à-dire la même musique. En revanche tu peux avoir le rond et la serviette dans le peuple. Alors, perquisition ? Garde à vue ? Rions ! Souviens-toi qu’en 1994 les mêmes policiers ont refusé d’exécuter une perquisition au domicile des époux Tibéri !

Cette justice est celle qui, à Bar-le-Duc, a provoqué la pendaison en cellule d’un malheureux libérable. Victime de deux magistrates ayant rédigé un faux jugement le supplicié est resté illégalement en tôle et s’est suicidé. Et ces deux-là n’ont même pas été réprimandées par la CSM, le Conseil Supérieur de la Magistrature. La justice, c’est ça, cher JLM : elle est à Bar-le-Duc. Mais pas dans la salle des colonnes de l’Assemblée où toi et tes amis ne sont que les participants à un épisode du « Loft ».

Pris ailleurs, par cette Assemblée qui t’est inutile, par la gestion du mouvement, par les discours, tu as trop perdu le fil de la liberté et tu n’as pas été assez vétilleux quand, pris en triangulaire par ses amis, le « Canard enchainé » et le PNF, l’insupportable Fillon a été décapité. Pas vétilleux davantage quand les juges ont mis le feu aux jupes de Marine Le Pen, voire aux talonnettes de Sarkozy, et cette phrase m’est difficile à écrire. Dans les manifs, depuis très longtemps, j’ai toujours été estomaqué d’entendre, hurlé par des types sans doute sincères, « le fascisme ne passera pas ». Je ne vais donc pas vous rejouer cette scène, aujourd’hui d’une outrance ridicule, en citant le pasteur allemand Martin Niemöller. Avant d’être conduit à Dachau il écrivait sous Hitler : « quand les nazis sont venue cherche les communistes, je j’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester. » . Et clouons le cercueil de la liberté avec cette phrase du douloureux Kateb Yacine : « Quand l’ignorance devient la norme, la vérité devient un péché ».

A mon sens, ce que tu n’as pas totalement compris, cher JLM, c’est que la machine, les corps « constitués » nous gouvernent aussi. Macron ou pas, ils sont capables de nous étrangler sans même un ordre suprême. Presse ou justice ? Revenons à Eisenstein : c’est toujours la « Ligne générale » qui tranche. Nous vivons sous un régime « d’état d’urgence », avec des « bavures » qui n’en sont pas. Où un policier sans état d’âme peut se substituer au laitier et s’en aller sortir du lit un responsable politique pour le mettre nu.

Jacques-Marie BOURGET

PS. Pour le croire il faut avoir vu, sur Soir 3 le mardi 16 octobre, une journaliste questionner le secrétaire adjoint du syndicat policier Alliance. La délinquante (puisque complice) demandait au flic de réagir aux vidéos du Mélenchon en colère... Savez-vous, à France 3 et dans la police, qu’il s’agit ici d’un acte illégal ? Ce témoin au-dessus de tout soupçon violant à la fois le secret professionnel et le secret de l’instruction. Voilà le journalisme du nouveau monde, c’est la police qui parle.

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Déposséder les possédants - La grève générale aux « temps héroïques » du syndicalisme révolutionnaire (1895-1906)
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Textes de Édouard Berth, Henri Girard, Jean Jaurès, Hubert Lagardelle, Paul Louis, Fernand Pelloutier, Émile Pouget, Georges Sorel et Henri Van Kol Réunis & présentés par Miguel Chueca La grève générale exprime, d’une manière infiniment claire, que le temps des révolutions de politiciens est fini. Elle ne sait rien des droits de l’homme, de la justice absolue, des constitutions politiques, des parlements ; elle nie le gouvernement de la bourgeoisie capitaliste. Les partisans de la (…)
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