Lecteurs et auditeurs fidèles des médias vous savez ce matin (pour nous en tenir à quelques titres des unes) que Trump et Kim Jung Un ont « échangé une poignée de main historique », que le « baccalauréat fissure le front uni de la grève à la SNCF », que « les aides sociales coûtent un pognon fou », que « Colomb et Philippe pressent les responsables musulmans d’agir »… mais avez-vous entendu parler de ce qui se passe dans l’énergie ?
- Du pillage organisé du secteur de l’énergie par leurs dirigeants, le gouvernement MEDEF/Macron au profit des seuls actionnaires ?
- De ce grand commerçant d’avec Daesh (vous avez bien lu voir verso tract CGT énergie ci-dessous) maintenu au CA d’EDF malgré sa mise en examen ?
- De la mise en concurrence programmée de la distribution et du transport de l’électricité et du gaz ?
- De la fin de la péréquation tarifaire qui assure l’égalité des tarifs sur l’ensemble du territoire national ?
- De la carotte promise aux salarié-e-s du secteur ?
Dans ce document de travail de la direction sur lesquels les salariés sont tombés par hasard la direction expose succinctement tout le respect qu’elle a des salariés et jusqu’où elle veut aller. En rouge les commentaires de la CGT énergie.
Dans ce document de travail de la direction sur lesquels les salariés sont tombés par hasard la direction expose succinctement tout le respect qu’elle a des salariés et jusqu’où elle veut aller. En rouge les commentaires de la CGT énergie.
Enfin et surtout avez-vous lu quelque part, qu’avec 112 sites de travail bloqués (dont certains depuis plus d’un mois) et un mouvement qui ne cesse de prendre de l’ampleur, le secteur connait son plus long et plus fort conflit depuis plus de dix ans ?
Evidemment vous ne l’avez pas vu en une de la presse !
D’autant que non seulement les salariés revendiquent une amélioration de leurs conditions de travail mais ils revendiquent aussi que l’énergie devienne un bien public géré par le public (blasphème !).
Qu’elle soit reconnue comme un droit et non comme une marchandise, que la population ne soit pas traitée comme un paquet de clients à qui il appartient de faire appel à la concurrence, mais comme un ensemble d’ayant droit, dans la lignée de ce qui fut la volonté de Marcel Paul le ministre de la production industrielle de 1945.
De plus, circonstances aggravantes, ce mouvement mené par une majorité de jeunes (ceux-là même dont le pouvoir nous redit à intervalles réguliers qu’ils se moquent de la politique) n’exige pas un retour pur et simple à la situation d’avant la privatisation initiée par le gouvernement Jospin, mais une vraie nationalisation, celle qui met l’entreprise dans les mains de la nation, salariés et usagers réunis, pour que chacune et chacun ait droit à l’énergie sûre, propre, respectueuse de l’environnement dont il a besoin…
En bref un bond en avant dans l’accès au droit et à une technologie au service de toutes et tous : tout le contraire de la politique du gouvernement Macron.
Les agents (oui ! on dit encore agent terme propre à la fonction publique et non mercenaires précaires ce qu’en face ils rêvent qu’on devienne) ont des revendications. Elles sont résumées et explicitées ci-dessous.
Cahier revendicatif porté par les agents en lutte :
Nous exigeons la nationalisation de tout le secteur de l’énergie pour un service public au service de la nation et des enjeux environnementaux du 21ème siècle, la justice sociale et l’égalité entre les citoyens.
Une augmentation de salaire équivalant environ à 400€ (Augmentation de 200€ du Salaire National de Base et 200€ par l’attribution d’avancement à la grille salariale), les directions après avoir dans leur grande bonté, procédé à une augmentation de 0% des salaires en 2016 et 0,2% en 2017 estiment cette revendication exagérée limite farfelue.
Ah bon vous avez dit exagéré !
Quelques repères pour comprendre : Rien qu’avec l’exemple de GRDF filiale à 100% du groupe ENGIE pour la seule année 2017
Chiffre d’affaires ENGIE : 65 milliards d’Euros
Chiffre d’affaires GRDF : 3,5 milliards d’Euros
Dividende ENGIE : 2,7 milliards d’Euros
Remontée GRDF à ENGIE : 1 milliard d’Euros, soit 37% des dividendes d’ENGIE.
C’est autant d’argent qui ne va pas dans l’entretien et la modernisation des réseaux et qui n’est pas redistribué à celles et ceux qui produisent les richesses.
GRDF c’est 11431 agents (chiffre employeur) une redistribution de ce 1 milliard volé par l’actionnariat aux agents qui encore une fois sont les seuls producteurs de richesses dans l’entreprise permettrait de reverser à chaque agent la modique somme de 87 431 €. Alors 400€ exagéré ! ça donne envie de crier « citoyens sans culotte qu’elle est votre sentence ? »
Bien évidemment, comme indiqué ci-dessus, cette somme de 1 milliard devrait non pas être redistribuée en totalité aux agents mais servir aussi et avant tout pour le service rendu au public et la sécurité des personnes et des biens comme on dit chez nous.
Mais voilà attention l’arnaque ! Mettez vos EPI (Equipement de Protection Individuel, comme on dit dans le métier), ça va piquer le cerveau sur le plan moral et éthique mais c’est d’une logique implacable :
GRDF devant répondre un minimum quand même à des engagements auprès des pouvoirs publics et de la CRE (Commission de régulation de l’Energie), elle doit faire quelques investissements et « sa coûte un pognon fou » comme dit MACRON en parlant des droits sociaux. Le souci dans un premier temps c’est qu’une très grosse partie du chiffre d’affaire de GRDF a été captée par ENGIE et il n’y a plus assez d’argent.
Pas de problème, GRDF va emprunter, et devinez à qui ? Attention roulement de tambour, à la même ENGIE à qui elle a donné ces 1 milliard !!! Et elle emprunte avec intérêts bien sûr. Et côté réseaux d’électricité avec ENEDIS filiale à 100% d’EDF c’est pareil. Du coup ça endette les entreprises et en temps voulu après avoir pillé tout ce qu’il y a pillé les maisons mère EDF et ENGIE s’en débarrasseront.
Elle est pas belle la vie ?
La réintégration au statut des IEG de tous les emplois sous-traités : pourquoi ? parce que la sous-traitance a comme seule finalité la mise en concurrence des travailleurs entre eux dans une obsession de sur-exploitation des individus pour dégager sans fin toujours plus de profit. Quelles conséquences ? la misère pour les travailleurs et la casse du service public pour les usagers qui sont devenus des clients pour le grand bonheur du MEDEF et des actionnaires psychopathes qui appellent ça la modernité : « faites un effort merde pourquoi vous ne voulez comprendre ? on vous a pas fait assez de pédagogie c’est ça ? ».
Petit rappel sur le statut des IEG comme pour celui des cheminots : ces statuts conquis de hautes luttes, loin d’être des avantages de nantis, représentent un rempart qui protège les agents des exigences de rentabilités des actionnaires et de ses conséquences catastrophiques pour nos vies et celle de nos familles. Et c’est pour cette unique raison que MACRON ne cesse de déclarer qu’il faut en finir avec ces statuts, en dehors de toute logique économique rationnelle quand il s’agit de faire vivre le service public mais pour de pures raisons dogmatiques de l’idéologie capitaliste.
Pour le moment la direction résiste (voir document joint à l’article) mais avec le mouvement qui s’étend elle ne va pas pouvoir le faire longtemps.
Dans ce mouvement ils rejoignent les autres entreprises en lutte de leur secteur (et cela a été encore le cas dans plusieurs villes ce 12 juin) et multiplient les actions qui sont des exemples concrets de convergence des intérêts et des combats : passage de quartiers populaires en heures creuses, réouverture d’agences fermées par la direction (que celle-ci fait vandaliser par des entreprises privées dès qu’elle a vent d’une action en cours) …
L’accès à l’énergie pour tous doit être un droit fondamental constitutionnel et la spéculation dans l’énergie doit être proscrite. Cela doit être inscrit comme tel dans la loi.
La seule solution pour engager un tel processus et arriver à ce résultat au bénéfice exclusif du peuple et de la nation passe par un seul chemin symbolisé par ce slogan :
NOUS TRAVAILLONS
NOUS PRODUISONS
NOUS DÉCIDONS
Cédric, Stéphane (salariés de l’énergie) et Charles.