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Les frustrations de M. Lobsang Sangay

Une fois de plus (1), et cette fois sous la plume d’Arnaud Vaulerin, Libération fait preuve de complaisance envers la pensée unique en relayant, sans le moindre esprit critique, les propos de Lobsang Sangay, le chef du « gouvernement tibétain en exil ». Son interview publiée le 26 janvier 2018 est titrée en grands caractères Tibet : « Nous avons perdu notre pays à cause d’une route ».

  • Une nostalgie d’Ancien Régime

« Nous avons perdu notre pays » : telle était aussi la déploration des émigrés français (nobles, riches bourgeois et prélats) ayant fui la Révolution de 1789. Pour ces quelque 140 000 privilégiés de l’Ancien Régime, la France était leur chose que le petit peuple était juste bon à entretenir à leur profit. Ils étaient incapables d’imaginer que, pour les 27 autres millions d’habitants que comptait alors la France, ce « nous » des émigrés ne représentait pas grand-chose.

Et pour la masse des Tibétains du Tibet, que représentent les quelque 150 ou 160 000 exilés sinon les descendants des nantis et de leurs domestiques qui ont fui leur pays à partir de 1959 ? Qui, parmi le 2,8 millions de Tibétains de la Région autonome du Tibet (RAT), oserait affirmer sans mentir : « nous avons perdu notre pays », alors que leurs conditions d’existence en amélioration constante sont sans commune mesure avec la misère qui a été le lot de leurs grands-parents ?

Là s’arrête la comparaison entre la Révolution française et la reprise par la Chine devenue communiste de son ancienne province tibétaine : si la France après Waterloo a connu la Restauration, jamais la Chine n’acceptera que le Tibet redevienne une terre d’Ancien Régime.

À cause d’une route ?

Lobsang Sangay continue sur un ton amer : « Nous avons perdu notre pays à cause d’une route. Les Chinois ont dit qu’ils allaient construire une route pour relier le Tibet à la Chine. Elle allait apporter paix et prospérité. Les ouvriers y ont cru, d’autant qu’ils étaient payés en pièces d’argent. Les Chinois ont également acheté les élites. Puis, quand la route a été construite, ils ont fait venir des camions, des chars et des armes, et alors notre pays a été occupé. » (2)

Sans sourciller, le journaliste de service à Libération a laissé Lobsang Sangay développer son discours nostalgique, coupé des réalités.

Selon ce dernier, la paix et la prospérité promises par Pékin seraient un leurre : n’importe quel touriste en RAT peut constater la fausseté de cette accusation. Depuis 2001, Pékin a dépensé plus de 40 milliards de dollars pour y développer l’économie ; et même si des voix s’élèvent pour dénoncer l’imparfaite répartition de cette manne, la population locale bénéficie très largement d’un développement tellement spectaculaire qu’il suscite parfois l’envie d’autres régions de la campagne chinoise où subsistent des poches de pauvreté.

« Les ouvriers y ont cru, d’autant qu’ils étaient payés en pièces d’argent. » Lobsang Sangay préférait-il le « bon vieux temps » où les paysans devaient fournir à leurs seigneurs et maîtres, nobles laïcs ou moines de haut rang, des corvées gratuites ? (3)

« Les Chinois ont également acheté les élites. » De quelles élites parle-t-il ? Des anciennes élites du haut clergé et de la noblesse ? Mais beaucoup d’entre elles avaient fui le pays. Il ne peut donc s’agir que d’une nouvelle classe politique tibétaine, issue du peuple, qui a décidé de travailler en bonne entente avec les autorités centrales. Qu’est-ce qui autorise Lobsang Sangay à accuser de corruption ces nouvelles élites tibétaines ? N’a-t-il jamais entendu parler d’une relation gagnant-gagnant ? Ignorerait-il que, singulièrement depuis un bon quart de siècle, de très nombreux travailleurs tibétains collaborent loyalement avec leurs homologues Han au développement de leur région ? En matière de corruption, l’Ancien Régime était, il est vrai, passé maître (4) ; cela n’implique pas qu’il s’agisse là d’une tare congénitale. Le laisser penser s’apparenterait à du racisme...

« Puis, quand la route a été construite, ils ont fait venir des camions, des chars et des armes (...) » Lobsang Sangay aurait-il oublié qu’ils ont aussi construit des écoles, des hôpitaux, des lignes de chemin de fer, des autoroutes, des aéroports, des centrales hydroélectriques, des parcs d’éoliennes, des stations photovoltaïques, des serres gigantesques, etc. ? Mais, bien sûr, pour Dharamsala et pour Libé, ça ne compte pas.

« (...) et alors notre pays a été occupé. » Il faut revoir vos cours d’histoire, M. Lobsang Sangay ! Le Tibet fait partie de la Chine depuis des siècles, avec des liens plus ou moins étroits suivant les époques. L’indépendance déclarée par le 13e dalaï-lama n’a jamais été reconnue, même pas par les États-Unis quand ils étaient au faîte de leur puissance. La Chine ayant en 1950 retrouvé sa puissance publique n’a fait que récupérer une province traditionnelle ayant échappé pour quelques dizaines d’années à son contrôle. Quel esprit tordu oserait affirmer que, par exemple, la Bretagne est occupée par la France ? Mais, quand il s’agit du Tibet, intégré à l’empire chinois bien avant le rattachement de la Bretagne à la couronne de France, il semble que toutes les sottises soient permises, avec la complicité de la presse dite grande.

D’une route à l’autre

Lobsang Sangay est invité à poursuivre sur sa lancée antichinoise par le « journaliste » de Libération qui lui pose la question qui lui brûlait les lèvres : « La même logique est-elle derrière OBOR [c.-à-d.One Belt, One Road = les nouvelles routes de la soie] ? »

Lobsang Sangay saisit à pleines mains la perche qui lui est tendue. Je le cite : « Dans de nombreux pays à travers la planète, les Chinois développent le même modèle. Ils viennent toujours au nom de la paix et de la prospérité et ils corrompent les élites. C’est ce qui se passe en Europe où ils achètent des consultants, des anciens ministres, des parlementaires. Ils bâtissent des routes et des voies de chemin de fer qui arrivent jusqu’ici. Ils débarquent avec de grosses machines pour exploiter les ressources, les matières premières. Je ne dis pas que OBOR va mener à l’occupation de ces pays, mais il y aura une forme d’occupation économique et politique. Ils veulent devenir numéro 1. »

Quel mépris pour les élites occidentales qui, trop peu nombreuses encore, manifestent de l’intérêt pour les nouvelles routes de la soie ! Quel mépris pour les responsables de Grande-Bretagne qui, juste après le Brexit, ont compris l’intérêt d’accueillir à Londres, le 18 janvier 2017, le premier train de marchandises chinois, ayant franchi 12 000 km et traversé le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l’Allemagne, la Belgique et la France !

Quel mépris pour Dominique de Villepin pour qui « l’initiative de la Nouvelle Route de la Soie (...) représente une occasion unique d’insuffler à l’économie internationale un sursaut d’innovations et d’activités (...) (5) !

Quel mépris, même pour le Président Macron, qui, au cours de son voyage en Chine début janvier 2018, a plaidé en Chine pour une « alliance franco-chinoise pour un avenir mondial » (6) et déclaré : « Avançons ensemble sur ce projet pour le faire aboutir d’ici 2020 » (7) !

Pour qui donc se prend M. Lobsang Sangay pour oser ainsi s’en prendre à des responsables politiques qui ne sont pas a priori alignés sur Dharamsala ? Et pourquoi la rédaction de Libération ne réagit-elle pas à des propos aussi déplacés, sinon injurieux ?

Quant à dénoncer la corruption des élites, Lobsang Sangay devrait plutôt faire profil bas, en se rappelant les liens que l’ICT (International Campaign for Tibet), largement financée par des dons privés et publics états-uniens, entretient avec des dignitaires occidentaux, en se rappelant aussi les millions de dollars distribués aux indépendantistes tibétains, d’abord par la CIA (Central Intelligence Agency) et puis par le NED (New Endowment for Democracy) ?

The Times They Are a-Changin’

Lobsang Sangay, lui-même, n’a pas oublié que c’est grâce à une bourse Fullbright qu’il a pu étudier à Harvard. Il n’entend pas mordre la main qui l’a nourri. Ayant parfaitement intériorisé l’idéologie de l’oncle Sam, son vœu le plus cher est que les États-Unis restent la première puissance mondiale. Comme beaucoup de responsables étasuniens, tout ce qui peut menacer le leadership de Washington est ressenti comme une menace, et singulièrement la montée en puissance de la Chine dans un monde devenu multipolaire (8).

Pas étonnant que notre diplômé d’Harvard conclue ses propos bilieux par cette remarque indignée : « Ils [les Chinois] veulent devenir numéro 1. » Eh ! Oui, c’est comme ça, il faudra bien vous y faire, M. Lobsang Sangay. Vos cris d’orfraie ne sont pas sans rappeler les récriminations scandalisées des émigrés français pendant la Révolution, ceux-là mêmes dont Talleyrand a pu dire, qu’une fois rentrés au pays après 1815, « ils n’ont rien appris, ni rien oublié. »

André LACROIX

(1) http://tibetdoc.org/index.php/politique/mediatisation/422-libe-porte-voix-de-dharamsala ou https://www.legrandsoir.info/libe-porte-voix-de-dharamsala.html.

(2) Lobsang Sangay veut sans doute parler de la construction de routes dans les années 1950 qui ont rattaché le Tibet aux régions chinoises situées à l’est, au nord-est et au nord. Il s’agit en l’occurrence de trois routes, construites en grande partie par l’APL dans un temps record et sous des conditions extrêmement difficiles et dangereuses. La première, la plus au sud, menant de Ya’an au Sichuan à Lhassa, mesure 2 400 km et passe par quatorze cols de haute montagne. La deuxième, venant de la province du Qinghai, fait 2 100 km. Ces deux routes furent ouvertes au trafic dès le 25 décembre 1954. Une troisième route venant du Xinjiang, d’une longueur de 1 200 km, fut inaugurée en octobre 1957.

(3) Lobsang Sangay dément ici, sans doute sans s’en rendre compte, un ancien mensonge de la propagande dalaïste repris par Laurent Deshayes dans son Histoire du Tibet quand il écrit que, pour la construction de ces routes « les Chinois recourent à la main d’œuvre tibétaine, le plus souvent sans rémunérer les ouvriers » et que ceux-ci travaillent « dans des conditions similaires à celles des travaux forcés. » (p. 328).

(4) Voir à ce sujet le témoignage de Tashi Tsering. Travaillant comme fonctionnaire au Trésor du Potala de 1947 à 1949, il a été le témoin des gaspillages et des pots-de-vin encouragés par le système. Son commentaire en dit long sur la corruption ambiante : « Voilà tout simplement, note-t-il sobrement, comment les choses allaient en ces jours-là » (Mon combat pour un Tibet moderne, éd. Golias, 2010, p. 53).

(5) Voir, sur le blog de Pierre Verhas (03/05/2017) La route de la soie : l’Union européenne rate le tain de l’histoire.

(6) Claude Arpi, Le jeune cheval a-t-il dompté le dragon ?, sur le site « France-Tibet » du 23/01/2018.

(7) Le Monde, 08/01/2018.

(8) À lire, sur le site de « RT France » (qui ne publie pas que des fake news) : Pourquoi les nouvelles routes de la soie effraient Washington, par Pépé Escobar, 11/10/2016.

COMMENTAIRES  

16/02/2018 09:29 par Tanguy

(8) À lire, sur le site de « RT France » (qui ne publie pas que des fake news) : Pourquoi les nouvelles routes de la soie effraient Washington, par Pablo Escobar, 11/10/2016.

Ne serait-ce pas plutôt Pépé Escobar ?

16/02/2018 09:41 par legrandsoir

Bien évidemment. Merci de l’avoir repéré et signalé.

16/02/2018 18:15 par bostephbesac

Le Tibet, c’ est le sujet où il est le plus difficile de convaincre "nos auditoires" (quand ils veulent bien mettre un peu de coté leur lobotomie) de "regarder différemment" des fausses informations/"fakes news" lancés sur ce sujet par nos merdias . Ah, ce daéli-lama a un coté mystique qui mystifie toute réflexion !

17/02/2018 14:19 par J.J.

Ah ! Ce délit lama !
Stupéfiant de constater que même en France il y a des individus qui, prétendant diffuser une profonde spiritualité, se vêtent en Carême Prenant pour tenter de donner quelque poids à leurs délirants propos.
Et il y en a même qui les prennent au sèrieux !

17/02/2018 19:41 par Max Stirner

" On apprend que le dalaï-lama a été pris d’une crise de folie : il se prend pour un quadrupède homonyme d’Amérique latine et emmagasine de l’eau pour le cracher au visage de quiconque le rencontre. "
Jean Yanne

21/02/2018 17:34 par Dominique

La gauche n’a pas finis d’avaler des couleuvres avec sa propension à soutenir les groupuscules amis des USA, voir carrément financé par la CIA. Du Kosovo au Kurdistan et en passant par le Tibet, l’ex Yougoslavie (Les serbes n’étaient pas des anges mais qui se souvient qu’ils furent agressés sans préavis par des croates qui arboraient des croix gammées sur leurs uniformes et leurs véhicules et qui défilaient en faisant le salut nazi ! Certainement ni nos médias ni les pans entiers de la gauche qui n’ont cessé de diaboliser les serbes... alliés des russes déjà contre les nazis originaux, ceux du 3ème reich.) et l’Amérique latine (ne pas soutenir la gauche de ces pays revient à soutenir ses ennemis, ceci car eux ne se privent pas pour utiliser tous les moyens à leur disposition, souvent les pires). Voilà ce qui arrivent quand, depuis maintenant des décennies, la gogoche va se former dans les kibboutz, elle se retrouve encore moins crédible que la droite sur beaucoup de sujets de politique internationale, et quand Chavez a proposer de faire une nouvelle internationale elle a préféré lui rire au nez en lui reprochant ses amitiés avec Kadhafi et boire ainsi le calice de ses divisions jusqu’à la lie.

Cette corruption mentale et morale de la gauche est telle qu’il ne nous reste plus qu’à tirer la chasse d’eau et à faire autre chose. Lors de la manif contre la guerre d’Irak en 2003, la plus grande manif jamais enregistrée à ce jour avec des manifestants réunis par millions sur toute la planète, j’étais à Malmö et à la fin d’une manif absolument vide de contenu le premier à s’exprimer fut le chef du syndicat des transports suédois. Ses chauffeurs étaient tous les jours en Irak et ils voyaient bien les dégâts énormes infligés au peuple irakien par la politique de la "communauté internationale". Il a terminé son discours avec ses paroles : "Les autres (organisations soit principalement le PC suédois et ATTAC) sont tous des collabos, je n’ai rien de plus à faire avec eux. Si vous voulez me joindre, vous savez où le faire. Je me casse !"

Quand aux autres, leurs discours se résumèrent à "N’oubliez pas de visiter nos stands et bonne rentrée chez vous." Quand aux socialistes, ils ne participèrent même pas à cette manif car, je cite Anna Lund : "Jamais je ne participerais à une manifestation dans laquelle je ne peut pas contrôler les propos des autres intervenants." Cette manif fut historique et la gauche fut totalement dépassée par l’ampleur de ce mouvement pour la paix, mais au lieu de profiter de cet élan gigantesque de solidarité pour continuer à mettre la pression, la gauche a préféré effectuer non pas une récupération mais carrément à un enterrement. Mais pour soutenir le Dalaï-lama, là nous pouvons compter sur elle !

21/02/2018 18:00 par Tibet libre!

J’espère de tout coeur que M. Lobsang Sangay obtiendra la liberté du peuple tibétain dans de brefs délais. Pour information, il a également accordé un entretien télévisé à TV5 Monde http://information.tv5monde.com/inf....

22/02/2018 17:29 par André LACROIX

Cher ami ou chère amie du « Tibet Libre »,
Dans l’interview que vous recommandez, M. Lobsang Sangay déclare : "Le Tibet est sous occupation illégale". C’est tout simplement contraire à la vérité : l’indépendance déclarée unilatéralement par le 13e dalaï-lama n’a jamais fait l’objet de la moindre reconnaissance internationale ; elle est nulle et non avenue. Le Tibet fait partie de la Chine depuis des siècles ; ça n’a donc aucun sens d’affirmer que la Chine occupe ꟷ illégalement ꟷ une de ses provinces….
Supposons un instant, comme vous l’espérez, que M. Lobsang Sangay obtienne « la liberté du peuple tibétain ». Si, par impossible, ce fantasme se réalisait, le Tibet ne manquerait pas de devenir, comme l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, l’Afghanistan et le Pakistan, un territoire où les États-Unis pourraient implanter leur bases militaires aux frontières de la Chine. Serait-ce ce genre de liberté que vous appelez de vos vœux ?
Je vous invite à dépasser une approche biaisée de la question tibétaine et à réfléchir à ses enjeux géopolitiques, en ayant recours aux travaux d’éminents chercheurs comme Melvyn Goldstein, Tom Grunfeld, Tsering Shakya, Patrick French, etc.
Bien à vous.

23/02/2018 06:46 par François

« J’espère de tout coeur que M. Lobsang Sangay obtiendra la liberté du peuple tibétain dans de brefs délais. »
De quelle liberté les tibétains sont ils spolié ?
Donnez nous un seul droit que le peuple tibétain possedait avant le depart du DL et qui a été supprimé par le gouvernement cental chinois ?
La caste qui dominait ce peuple s’est elle vu spoliée d’un paquet de privilèges. Si c’est ça qui vous chagrine, moi ça me ravi.

23/02/2018 22:35 par Tibet libre!

M. Lacroix, je vous remercie de me répondre en personne. Mais vos positions politiques me semblent injustifiables. Non le Tibet ne fait pas partie de la Chine depuis des siècles. Son alphabet vient d’un alphabet indien, son bouddhisme n’est pas d’inspiration chinoise mais indienne, le mode de vie traditionnel est à rapprocher des populations mongoles... Et le protectorat établi par les Chinois n’était pas une annexion mais un partage de souveraineté beaucoup plus subtile, le Chö-yon (མཆོད་ཡོན vous remarquerez à l’occasion la totale dissemblance des caractères avec les idéogrammes chinois) que le Grand Treizième rejeta avec raison et en vertu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Ensuite, je veux vous assurer que je ne porte pas du tout les U.S.A. dans mon cœur, mais si vous regardez toute la géopolitique mondiale à travers le prisme de ce ressentiment-ci, comment pouvez-vous rechercher le bonheur du peuple tibétain ? Vous en viendriez à défendre le IIIème Reich parce qu’il était opposé aux Etats-Unis (tant pis pour Godwin). C’est votre vision qui est biaisée par votre anti-américanisme - justifié je ne le nie pas - mais qui n’a pas à intervenir dans cette crise humanitaire et civilisationnelle.

24/02/2018 10:52 par BQ

Alleluia ! « Vous en viendriez à défendre le IIIe Reich » dixit le pseudo Tibet "l’esclavage c’est la liberté"...non mais là LGS votre ouverture à la liberté d’expression vous honore ! On aura à coeur de comparer avec les fondamentalistes de journaux ou plateaux-télé qui partagent ses opinions et qui censurent systématiquement toute opinion dissidente et factuelle sur le Tibet en grands tenants du monde Libre qu’ils sont.
Enfin bref, venant d’un illuminé qui ment sur d’autres posts et glorifie le système de tortures, peines capitales, misère et famine permanentes dirigé par des tyrans réincarnés parfois formés par des partisans du IIIe Reich, ça ne manque vraiment pas de sel.

24/02/2018 16:51 par Tibet libre!

Parler d’un Reich des lamas ce n’est pas être factuel. C’est dire n’importe quoi. Vous dites n’importe quoi. En fait, l’idéologie même du communiste est déshumanisante et conduit à ce genre de propos absurdes. Le Tibet a heureusement des soutiens - trop rares - qui l’aideront à regagner son indépendance et à restaurer l’ordre traditionnel - les châtiments corporels en moins si ça vous rassure.

24/02/2018 17:28 par legrandsoir

E tu te souviens des armes de destruction massive ? Quelle rigolade !
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25/02/2018 17:15 par André LACROIX

Cher ami ou chère amie du « Tibet Libre »,
Je ne mets nullement en cause les différences qui sont bien réelles entre la minorité tibétaine et la majorité han, en matière d’écriture, de religion et de mode de vie. Dans ce tableau des dissemblances que vous dressez, on pourrait encore ajouter que les Tibétains sont plutôt portés vers le mysticisme tandis que la philosophie chinoise est fondamentalement immanentiste, que les Han sont traditionnellement des cultivateurs sédentaires alors que les Tibétains sont plutôt des éleveurs semi-nomades pratiquant la transhumance, et même que les Tibétains se différencient des autres habitants de la Chine par un gène particulier qui les rend aptes à supporter les conditions de vie en haute au contraire des Han qui ne sont à l’aise qu’en plaine ou en moyenne montagne, que les Chinois Han sont des buveurs de thé vert et les Tibétains des buveurs de thé au beurre, que les Han sont généralement de petits hommes jaunes tandis que les Tibétains (surtout les Khampas) sont de grands hommes rouges, etc.
Mais rien, dans l’énoncé de ces différences, ne justifie une revendication indépendantiste, sauf à verser dans le racisme, comme le font allègrement, hélas, un certain nombre de hauts responsables tibétains. Dois-je vous rappeler les propos du 14e dalaï-lama exhortant les femmes tibétaines à épouser « des Tibétains afin que leurs enfants soient aussi tibétains et ceux de Samdhong Rinpoché, son « premier ministre » de l’époque qu’il fit déclarer que « conserver une race tibétaine pure est un des défis auxquels la nation est confrontée » ? Rien ne justifie de tels propos.
En revanche - même ses détracteurs les plus sévères doivent en convenir - le racisme est absent de la gestion par la République Populaire de Chine de ses 55 minorités reconnues, parmi lesquelles, en termes de population, les Tibétains arrivent en 9e position. Même au plus fort de la Révolution culturelle, le Tibétain Tashi Tsering, prisonnier des Gardes Rouges, avait remarqué que, parmi ses codétenus, « principalement des professeurs, des écrivains, des intellectuels et des cadres de l’école, il y avait aussi bien des Chinois Han que des Tibétains. La Révolution culturelle ne permettait pas que l’origine ethnique dicte le choix des cibles » (Mon combat pour un Tibet moderne, éd. Golias, 2010, p. 145). Ce qui était combattu par les Gardes Rouges (comptant dans leurs rangs de nombreux Tibétains !), c’étaient les élites et en aucun cas l’ethnie tibétaine.
Vous rappelez que, pendant des siècles, l’interdépendance entre le Tibet et l’Empire de Chine était caractérisée par le Chö-yon, que l’on traduit généralement chez nous par une relation « chapelain-protecteur », autrement dit par une subtile répartition entre le pouvoir spirituel ou religieux et le pouvoir temporel ou politique. Cela n’est pas contestable. Mais ça signifie tout simplement que, si les empereurs vénéraient les lamas, ils n’en exerçaient pas moins leur suzeraineté, voire leur souveraineté, sur le Tibet. S’il en avait été autrement, si Lhassa avait bénéficié d’un réel pouvoir politique, jamais l’amban nommé par Pékin n’aurait pu, par exemple, exiger et obtenir, contre l’avis du régent du dalaï-lama, l’expulsion, au milieu du 19e siècle, du missionnaire français Évariste Huc. Sous la dynastie Qing, les ambans avaient pour mission de s’assurer de la subordination du Tibet au pouvoir impérial, de maintenir la paix au Tibet et de le défendre contre toute invasion étrangère. C’est encore exactement le rôle que la RPC joue en RAT, complété, surtout depuis quelques décennies, par un développement économique sans précédent.
Vous invoquez aussi le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais vous semblez oublier deux données essentielles. Premièrement ce droit a été élaboré dans le contexte des luttes anticoloniales ꟷ qui n’a jamais été celui du Tibet. Deuxièmement ce droit n’est pas absolu et entre en concurrence avec un autre droit : celui des États à garantir leur intégrité territoriale ; s’il en était autrement, il n’y aurait pas à l’ONU 194 pays représentés, mais des milliers, sinon des dizaines de milliers.
Vous me faites à tort un procès d’antiaméricanisme primaire qui agirait chez moi comme un prisme déformant. Ma perception de la question tibétaine me vient de plusieurs sources qui n’ont rien à voir avec les USA. Il y a eu d’abord plusieurs voyages que j’ai faits au Tibet, au cours desquels je me suis rendu compte que l’accusation de « génocide culturel » était un mensonge. J’ai aussi lu de nombreux ouvrages sur le Tibet, écrits par d’éminents spécialistes comme, par exemple, le grand tibétologue Melvyn Goldstein (qui se trouve être un citoyen … américain). Je dois aussi beaucoup à la rencontre du Tibétain Tashi Tsering, un homme exceptionnel qui a compris qu’on pouvait être un ardent défenseur de la culture et de la langue tibétaines tout en étant un citoyen loyal de la RPC. Tashi Tsering était devenu un ami. Nous avions l’intention, ma femme et moi, d’aller le revoir à Lhassa en 2015 ; il est, hélas, décédé en décembre 2014. Mais son héritage demeure sous la forme de plus de cinquante écoles qu’il a réussi à fonder sur le Haut Plateau.
Vous parlez aussi d’une « crise humanitaire et civilisationnelle ». Comment peut-on parler de crise civilisationnelle quand, même l’universitaire tibétain Tsering Shakya fait remarquer que la production culturelle tibétaine et plus vivace en RAT qu’à Dharamsala ? Quant à parler de crise humanitaire au Tibet, c’est tout simplement grotesque : il suffit de se promener dans le pays pour constater que les dizaines de milliards de dollars injectés par Pékin dans l’économie tibétaine profitent très largement à une population qui ne cesse de voir son niveau de vie augmenter.
Bien à vous.

25/02/2018 20:35 par legrandsoir

Puisque vous exprimez (avec une remarquable pertinence et connaissance de la question tibétaine) sur LGS qui a publié plusieurs de vos articles, et puisque vous conseillez la lecture d’un livre, ous serez d’accord pour qu’on rappelle à nos lecteurs le livre de notre administrateur Maxime Vivas : "Le dalaï lama pas si zen" (Ed. Max Milo), traduit en mandarin, tibétain, anglais (USA) espagnol, allemand, italien.
Cela dit, la poursuite du dialogue avec "Tibet libre" est inutile : il ne connait rien au sujet, il attaque sans cesse sur un nouveau point quand le précédent est démonté. Par conséquent, nous arrêtons la discussion où chacun (vous et nous) perd son temps, ce qui est sans doute le but recherché par notre contradicteur.
Nous serons ravis de publier un de vos prochains articles, les précédents étant de haute tenue.

26/02/2018 09:58 par Assimbonanga

A part que je l’ai lu autrefois un ou deux bouquins d’Alexandra David-Néel, je ne connais pas grand chose au Tibet. J’écoute le débat des commentaires, je regarde passer les balles, comme au tennis. Lorsque Tibet-Libre déclare "si vous regardez toute la géopolitique mondiale à travers le prisme de ce ressentiment-ci, comment pouvez-vous rechercher le bonheur du peuple tibétain ", je crois qu’il pourrait s’appliquer à lui-même ce conseil car je relève de sa part comme une crispation qui fait court-circuit au cerveau et empêche la liberté de pensée = "l’idéologie même du communiste est déshumanisante". Je crains que ce soit l’anticommunisme qui le meuve.
Hors, pour ma part je trouve que le communisme est une humanité, une recherche de prise en main des exploités contre les exploiteurs ( même si les états n’ont pas réussi à rendre applicable la fraternité et la solidarité du genre humain), une tentative d’organisation des prolétaires face à la cruauté et à l’implacable.

26/02/2018 14:02 par legrandsoir

Vous avez raison, ce n’est pas du Tibet qu’il parle (il récite des pauvres contre-vérités, change sujet quand il est démenti...) c’est de la Chine.
On ne publie plus ses posts et on ne perd plus de temps à les lire. "Tibet Libre" épuiserait toute l’équipe du GS. Pour rien.

26/02/2018 16:12 par Max Stirner

" Autant ...
... en emporte le vent "

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