Mais pourquoi ce constat ? Pourquoi ce phénomène est-il en plus grande croissance aujourd’hui que dans les années 60-70 ? Et, d’ailleurs, pourquoi dans les années 30 plus que dans la période de la fin du 19e siècle ? Serait-ce une fatalité de l’Histoire ou bien s’agit-il d’un phénomène structurel que les événements de l’Histoire provoqueraient plus ou moins involontairement ?
Heureusement pour nous, loin de toute fatalité, la force de l’extrême droite est toujours le fait du pourrissement du jeu politique traditionnel, lié à son abandon face aux forces du capital, et par le repli temporaire des forces sociales. L’extrême droite monte un peu partout, aujourd’hui comme hier, pour des raisons qui sont certes conjoncturellement différentes, mais structurellement comparables.
Il n’y a nulle magie là-dedans puisque les mêmes effets proviennent des mêmes causes. Il suffit d’enlever le voile d’idéologie pour comprendre pourquoi.
Le néolibéralisme détruit tous les points de repère des gens, en plus de détruire leurs conditions de vie. Quand ces personnes deviennent vraiment à bout des discours vides des politiciens-serviettes et des alternances factices, ces derniers se tournent vers les démagogues du « c’était mieux avant » ou, pire, vers les promoteurs d’un « ordre naturel ». Cette peur de l’avenir, tout à fait justifiée, se mute donc en xénophobie (voir en racisme) au lieu d’être un vecteur de lutte social.
À ce marasme, certains voudront jouer la carte de la pureté et de l’indignation morale. En somme du renfermement sur soi. Mais en dehors des réseaux sociaux et des "safes spaces", la situation continuera à empirer. Pourtant, la situation est assez simple à comprendre et des voies de reprise en main existent.
Si c’est le vide de confiance et d’espoir en l’avenir qui pousse les masses précarisées vers l’extrême droite, c’est qu’il n’y a pas de réponses satisfaisantes à gauche ! On peut même ajouter que plusieurs de ses composantes actuelles aiment à diaboliser ces majorités, dans une défense un peu bancale des minorités. Autrement dit, une gauche qui joue la division au lieu d’unir les précarisés dans un objectif commun.
Il n’y a évidemment pas de recettes magiques, mais une chose est sûre : la lutte pour les droits des uns passe par le droit des autres, car l’autodestruction de notre monde par la guerre et le productivisme va de pair avec la précarité sociale et la perte des repères civilisationnels.
Si tout est lié, c’est qu’il existe une réponse non contradictoire à donner et c’est de cette façon que l’on unira les basses classes sociales pour porter un projet politique positif. C’est également de cette façon que l’on coupera l’herbe sous le pied de cette extrême droite qui ne cesse de monter.
Mais comment unir ces luttes en une seule ? D’abord en ne stigmatisant pas les gens en tant qu’individus, mais en visant les structures qui engendrent les hiérarchies entre les personnes. Ensuite en créant un mouvement politique très large dans lequel un peu toutes les causes pourraient s’y côtoyer sans contradiction, car basées sur les consensus des classes précarisées. Autrement dit, sur un programme minimal de transition sur lequel construire un projet politique (certes incomplet, mais réaliste) qui offre des garanties d’évolutions politiques potentielles.
Comme je l’ai déjà évoqué, il n’y a pas de recette magique, mais un programme minimal largement inclusif implique quatre aspects minimaux : la souveraineté, la démocratie, le partage des richesses et la protection de l’environnement. Sur cette base, tout est possible, car le consensus majoritaire existe déjà dans nos sociétés. Ne reste plus qu’à leur donner une forme véritable pour enfin retrouver l’espoir en l’avenir, car c’est sur la base de la trahison de ces « voies ensoleillées » que la haine se forme dans le cœur du peuple. Et c’est cette haine qui nourrit l’extrême droite.