Personne n’a oublié l’affaire Dominique Strauss Kahn. Celui qui devait postuler à la Présidence de la République et qui expliquera lors d’une audition : "le mot "matériel" désigne une personne de sexe féminin" !
On se souvient aussi de ses soutiens de l’époque, très nombreux, qui ne voyaient là qu’un simple "troussage de domestique" dixit Jean François Kahn.
Ou Badinter (Monsieur, ancien Ministre de Mitterrand) scandalisé qu’on traite DSK comme "un vulgaire dealer"... alors que son attitude à lui était d’une si rare élégance !
Badinter (Madame, actionnaire principale de Publicis) estimait, elle, que dans cette affaire "seul le silence était une attitude convenable" . Un silence "convenable", comme sous l’Ancien Régime !
Et pour Manuel Valls les images du patron du FMI menotté devant le commissariat de Harlem étaient d’une "cruauté insoutenable".
Bref, tout le mépris de classe tient dans leurs propos. Dès lors que l’un d’entre eux se fait prendre (et c’est rare) il doit à tout prix être soutenu. Plus question de "socialisme", de "féminisme" et autres balivernes, seul compte le soutien à ceux de sa caste !
Même chose donc pour Bernard Henri Lévy qui soutiendra DSK, Polanski, Weinstein et maintenant Haziza. Mais là il est le seul.
Il faut dire que Frédéric Haziza c’est un peu comme Al Capone, qui sera emprisonné pour ... fraude fiscale, mais pas pour tous ses autres crimes !
Car si on peut se réjouir qu’Haziza soit enfin suspendu d’antenne (avec traitement) de la chaîne de Service Public LCP, on ne peut pas oublier que jusqu’à ce jour tous ses autres méfaits sont restés impunis.
Citons-en quelques uns :
– son absence totale d’objectivité et de déontologie journalistique relevés, entre autres, par Acrimed
– ses campagnes haineuses contre les intellectuels critiques de la politique israélienne
– ses menaces à l’encontre du rédacteur en chef de Politis : "je vais t’écraser comme une merde", "te balafrer le visage" !
– son numéro de duettistes avec son compère Frédéric Encel qui traitera "d’ennemis de la Nation" : Edwy Plenel, Alain Badiou et Pascal Boniface
– ce dernier, directeur de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), sera de fait interdit d’antenne sur la chaîne publique parlementaire au motif que ses positions sur le Proche Orient déplaisent à Monsieur Haziza.
La même conception de la démocratie et de la liberté d’expression que Manuel Valls parlant de Mediapart : « Je veux qu’ils reculent, je veux qu’ils rendent gorge, je veux qu’ils soient écartés du débat public »
Valls, BHL, Haziza et consorts ont un même fond de commerce : le mépris de la République, de la démocratie, des libertés. Ils agitent tout ce qui peut alimenter les haines, les guerres, les replis communautaires.
Ils abusent de leur pouvoir, politique ou médiatique, et c’est toujours de domination qu’il s’agit.
Exactement comme chez les agresseurs sexuels. Car là non plus on n’échappe pas à la lutte des classes. Patrons et employés, riches et pauvres, hommes et femmes, inégaux même face au sexe !
Et rien d’étonnant donc à ce qu’ils se serrent les coudes et se protègent les uns les autres.
Rien d’étonnant non plus à ce que ces attitudes scandaleuses prolifèrent dans les milieux du pouvoir et de l’argent : politique, show business ou media. Les maîtres s’octroient tous les droits. Se croient tout permis.
En brisant le silence quelques femmes courageuses viennent de faire éclater au grand jour l’ampleur du phénomène, et ce faisant ont obligé à un quasi silence médiatique les habituels soutiens des harceleurs.
Un soutien qui traverse l’Atlantique. Comme pour Anthony Weiner, ce politicien américain condamné récemment pour avoir envoyé des photos suggestives et échangé des propos crus par SMS avec une mineure.
Il s’est trouvé une feuille de chou, celle de BHL, confidentielle il est vrai, "la Règle du Jeu", pour s’apitoyer sur le sort du harceleur sous la plume de David Isaac Haziza.
Ne nous leurrons pas. Ces prédateurs continueront de couvrir leurs exactions réciproques en tous genres : politiques, financières, sexuelles.
Aux citoyens d’être vigilants et de dénoncer sans relâche leurs méfaits. Seul moyen de protéger leurs victimes que sont en priorité les femmes.
Claire VERILHAC