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UBU néolibéral...Encore plus nu après Maria.

"Toute spéculation mercantile que je fais aux dépens de la vie de mon semblable n’est point un trafic, c’est un brigandage et un fratricide." - Maximilien de Robespierre

Dans un premier article ( "Tout vas très bien Madame IRMA...), le passage de l’ouragan IRMA sur Saint-Martin était l’occasion de pointer la responsabilité systémique de l’idéologie néolibérale. Ici, et après le passage de l’ouragan MARIA sur la Guadeloupe, c’est l’occasion de poursuivre le constat en mettant l’accent sur la duperie et le cynisme de ce système. Le terme est encore plus à propos lorsque l’on sait qu’il a été utilisé par le pape du néolibéralisme Français devenu, pour le malheur du peuple, Président de tous les Français grâce à une minorité convaincue de la charge négative des mots qui expliquent leurs maux, les chiens de garde veillant bien à cela.

Il est vraiment temps de faire un strict bilan de cette idéologie qui ne dit pas son nom au point de faire croire que c’était la fin des idéologies. Un bilan qui repose sur des faits concrets qui ne souffrent d’aucune contestation néolibérale, pour ne pas dire de mauvaise foi masquant l’imposture. L’idéologie néolibérale a une force de persuasion qui, à bien y prendre garde, est aussi son talon d’Achille, elle n’aime pas la critique, c’est-à-dire la contradiction argumentée démontrant ses erreurs et son dogmatisme. Pour parer à l’usage de cet art contre elle, elle a réussie à faire porter une charge négative à tous les mots de ses adversaires : Dictature (du prolétariat devenu tyrannie), social (intérêt collectif devenu non-responsabilisation des individus), Robespierre (Révolutionnaire incorruptible devenu terreur)..... Elle est parvenue, ainsi, à tétaniser toutes les contestations intellectuelles quant à sa prétendue dimension "indépassable" depuis la chute du fameux mur (de Berlin) qui a repoussé, soit dit en passant, entre le Mexique et les États-Unis et entre Israël et la Palestine sans que nul ne s’en offusque.

Le passage de l’ouragan Maria aurait pu être qualifié de piètre comédie néolibérale si des drames n’en étaient pas la conséquence directe. Pour qui n’a jamais vécu un ouragan, de préférence de force 5, il faut s’imaginer être à la merci d’une débroussailleuse géante de près de 300 km de diamètre. Plus la machine reste sur place, plus elle tond et plus elle s’incruste définitivement dans la mémoire de par ses effets sonores et son énergie cinétique interminables. L’auteur de ces lignes n’a pas honte de confesser avoir été, plus d’une fois, sous l’empire de l’effroi pendant la longue nuit du passage de Maria... Et pourtant, des cyclones il y en a eu depuis sa naissance.

Le préfet, qui en était à son deuxième cyclone en trois semaines de présence au poste, a jugé devoir déplacer son P.C. au centre de secours Départemental - Ouvrage métallique de récente livraison - en quittant le Palais d’Orléans (Préfecture de Guadeloupe) qui fût construit suite au passage d’un autre cyclone dévastateur en 1928. C’est bien la première fois qu’un Préfet change de bunker pour affronter un cyclone. Officiellement, le Palais d’Orléans auraient trop de baies vitrées, en tout cas la partie la plus récente qui fût récemment rénovée au dépend de la partie historique.

L’expérience de sa collègue de Saint-Martin a dû en être quelque peu pour quelque chose dans sa décision mais ne blâmons pas l’homme face à l’inconnu, la peur demeure humaine qui que l’on soit. Plus sérieusement, cette décision est aussi la conséquence du recul de la présence étatique voulu par le néolibéralisme. Les moyens de l’État sont devenus en deçà de ceux d’une collectivité territoriale, décentralisation oblige. Si il est vrai que la réactivité immédiate est toujours locale, la réactivité à plus long terme doit faire l’objet d’une institution plus conséquente, en l’occurrence un État fort, à moins que ce dernier ait passer la main a encore plus conséquent que lui, c’est-à-dire l’Union Européenne, mais où est cette dernière alors ? Bien-sûr, elle saura rappeler qu’elle a des fonds régionaux pour répondre aux investissements nécessaires mais omettra de préciser que c’est le lobbying d’entreprise - en sommes les plus débrouillards - qui sera le mieux servi.

Ainsi, Maria devait arriver sur la Guadeloupe au pire en catégorie 2, selon les autorités, mais à la dernière minute elle aurait forci et pris une trajectoire faisant passer son œil en plein sur l’île de la Dominique, au sud de la Guadeloupe, ceci est la version admise. Il s’avère que les dégâts post-cycloniques permettent, à l’évidence, de douter de la force des vents tel qu’elle nous a été avancée et, par conséquent, de la dimension même de l’œil. La gêne mal masquée des autorités préfectorales et des responsables météorologiques en ont dit long. Il n’est pas question, là, de leur faire porter une quelconque responsabilité mais de faire émerger leurs contraintes hiérarchiques. Quels furent les ordres politiques tenant compte du passage d’IRMA il y avait à peine deux semaines ?

D’autant, que la ministre des Outre-mer, déjà à la Guyane juste après Saint-Martin et Saint-Barthélemy, survint pour une flânerie en hélicoptère - furtivement sur les deux iles principales de la Guadeloupe - mais surtout sur les iles des Saintes qui furent les plus proches de l’œil, toujours selon l’acceptation officielle. Pourquoi essentiellement les Saintes alors que tout le sud de la Basse-Terre était très touché et l’ensemble de la Guadeloupe touché ? Il y a là, manifestement, un choix technocratique néolibéral présupposant que seules les Saintes étaient concernées puisque la trajectoire le disait. Aucune interrogation n’est venue à l’esprit de Madame la Ministre sur la possibilité qu’un phénomène de cette taille puisse s’abattre sur les Saintes sans toucher sérieusement la Guadeloupe, distantes d’à peine cinq encablures. Quant on pense qu’ils sont persuadés que nous sommes tous des nigauds.

La réponse ne s’est pas fait attendre quand le Gouvernement a promulguer son décret de catastrophe naturelle "vents forts" uniquement pour les Saintes. Visiblement le lobby des assureurs est passé par là après avoir estimé les dégâts sur Saint-Martin et Saint-Barthélemy... Quelle Chienlit que d’avoir à débourser des milliards en moins de deux semaines ! Il a fallu la colère de la population la plus touchée pour pousser les élus, y compris les "en marches" dont le très "sans-étiquète mais pro-macron" Président du Conseil Régional, à demander au Gouvernement de revoir sa copie. L’explication de la Ministre était d’une simplicité à ravir l’idiot du village : "c’est en fonction de la force du vent !". Quelle obsession néolibérale de vouloir toujours justifier une dépense en fonction d’un préconçu théorique et normatif mais jamais selon le factuel ? Heureusement que dame nature a laisser assez d’empreintes sur toute la Guadeloupe pour infirmer cette appétence irrationnelle. Visiblement, la finance est restée maitresse du jeu puisque le gouvernement a garder sa copie.

Une autre obsession néolibérale est de vouloir tout réformer sous prétexte que tout serait précaire - dixit Parisot - excepté leurs fortunes. Ne craignant point le ridicule, il nous est imposé - depuis quelques années - un système d’alerte colorimétrique usant des mêmes couleurs (Vert - jaune - rouge - violet - gris) pour différents phénomènes (Pluie - Mer - Cyclone...). En fait, on cherche à dédouaner le système de toute responsabilité tout en protégeant les assistés du système, ici les assurances. Les citoyens sont peu nombreux à comprendre ces alertes surtout quand les autorités hésitent ou passent d’un phénomène à l’autre (de cyclone à pluie) en constituant, par là, une véritable injonction paradoxale à l’échelle sociale. Si vous ajoutez cela à l’anxiété de la population, il est commode mais franchement cynique - après - pour des crétins imbus de leur culture néolibérale de renvoyez chacun à ses propres responsabilités. L’expérience de Maria a démontrer l’inefficacité pratique de ces alertes si ce n’est pour que l’entreprenariat perde le moins d’heures de travail possible. Il y a une dizaine d’année, un ami s’est retrouvé coincé dans sa voiture qui avait reçue le poids d’un arbre de belle taille, il s’est réveillé bien après le cyclone aux urgences mais deux semaines de coma plus-tard... Tout ça pour faire bonne figure devant son patron.

Ce genre de situation est convaincant pour beaucoup à poursuivre l’État mais celui-ci n’est que l’émanation du système (la classe sociale) qui le contrôle. Attaquer l’État, en pareil cas, c’est participer à son "pillage" sans toucher aux vrais responsables. C’est la place du Politique dans le décisionnel qui est mis à mal, il faut redonner à la politique son sens réel et chasser les pourceaux néolibéraux qui nous font croire que la centralité de la vie serait strictement économique et non humaine. Les Hommes d’État, cette race d’Hommes qui a sait user de cet art, ont été et sont toujours chassés comme des sorcières au profit des politiciens - Hommes de paille, versatiles, sans envergures, de plus en plus sans étiquètes et complices du système - les néolibéraux ne s’embarrassant pas de penseurs autonomes et encore moins organisés. Un auteur Anglais avait bien repérer la différence entre l’Homme d’État et l’Homme politique : "... Le premier pense à la prochaine génération, le second à la prochaine élection !".

Le pouvoir Politique manque cruellement et la participation populaire - mieux que la Démocratie - sont les conditions d’issue à l’ineptie libérale. Ceux qui craignent de faire dans l’idéologie se trompent lourdement car en ne le faisant pas il subissent une seule et unique idéologie, la néolibérale. Les politiciens prennent des décisions à très court terme, restant dans la logique néolibérale qui prétend récuser toute planification. Le passage d’ouragans puissants et la montée des eaux à venir en Guadeloupe, malgré toutes les interpellations, ne semblent aucunement pouvoir infléchir ces politiciens dans leur décisions de construire un nouveau CHU hyper vitré, offrant de la voilure aux cyclones, sur une zone que même le BRGM estime être sous les eaux d’ici deux à trois décennies. La seule prévision qui justifie cette inconséquence est celle d’assurer des marchés pour perpétuer l’économie, la fameuse croissance. Puisque le centre est l’entreprise, c’est à lui que revient toutes les attentions... Dire que nous serions des assistés !

Les propos de Bruno MAGRAS après IRMA sur Saint-Barthélemy, patron d’une petite compagnie aérienne et accessoirement président de la collectivité de Saint-Barthélemy, est significatif de la profondeur d’esprit du capitalisme : "Je ne coulerai pas mon entreprise pour faire de l’humanitarisme ".

Ces mots ont été recueillis par des journalistes locaux sans aucun commentaire, cela suppose que le règne du monarque "Argent" est encré dans beaucoup de têtes. Quant à TRUMP, sa condescendance envers les portoricains pour cacher sa haine de la solidarité était d’une stupéfiante inhumanité, heureusement que Cuba (encore ce Pays pauvre qui a aussi subit les affres de Maria) s’est proposé pour suppléer à la méchanceté étasunienne à Porto-Rico et même renforcer EDF pour remettre sur pied le réseau Électrique à Saint-Martin et en Guadeloupe... L’espoir n’est pas mort. Sans transition aucune, avez-vous entendu parler des "architectes de l’urgence" qui affirment que seulement 5% du bâti de Saint-Martin a été détruit ? Mais d’où sortent ces hurluberlus et qui les payent ? De surcroît, ils prétendent pouvoir remplacer l’expérience locale qui, selon eux, n’aurait pas été à la hauteur. Nous connaissions les ONG (pourtant si proches de certains gouvernements) "humanitaires", voici venir les ONG technico-entrepreneuriales. Ainsi, l’ingérence - branche morale du néolibéralisme - n’a plus de limite, elle installe la zizanie entre ces hommes de l’art qui croyaient faire partie du système.

Quand à l’action caritative, s’il faut féliciter les initiatives associatives de solidarité, il est toujours regrettable que des petits malins se retrouvent en figure de proue pour la collecte mais que cette collecte ait, souvent, du mal à atterrir là où il faut. Ce n’est pas une nouveauté en soit et c’est pourquoi nos ainés avaient préféré l’intervention de l’État en tout et pour tout, non pas pour créer de l’assistanat mais pour assurer l’assistance nécessaire à ceux qui sont dans le besoin, de manière équitable. De nos jours il y a un véritable affairisme autour du malheur humain jusqu’à marchandiser tout ce qui peut l’être : la santé, le médicosocial, le social, le caritatif... Il est loin l’idéal solidaire d’après guerre.

Ainsi à l’épreuve des phénomènes naturelles, essuyant toutes les cosmétiques, les prétentions néolibérales ne tiennent pas raisonnablement mais nous y croyons parce que la télévision nous répète, à tue-tête, que c’est la modernité incontournable. La rencontre entre l’Homme et l’Ouragan aurait du appeler à plus de réalisme et d’humilité, mais rien n’y fait. La duperie du néolibéralisme se cachent derrière des sujets occupationnels sans but véritable. Ainsi, comme en 2009 après le LKP où furent organiser les États Généraux pour noyer la contestation, voici que sont organisés les assises de l’Outre-mer pour quoi faire ? Un gouvernement incapable de décider contre l’avis des assurances peut-il décider avec l’avis du même peuple qu’il méprise ? L’assistanat de l’entreprenariat est manifeste, pendant ce temps, près de 200 originaires de Saint-Martin errent dans les parages de l’Aéroport de Paris, traumatisés par ce qu’ils ont vécu et, comme des réfugiés de guerre, ils sont toujours en attente d’une assistance.

Il serait éclairé d’expérimenter, in vivo, les théories fumeuses des technocrates et autres néolibéraux en les y baignant - eux mêmes - dans la réalité conséquente. Les positionner en tant que travailleurs sous le coup des ordonnances Macron, en famille précaire - si ce n’est SDF - ou, mieux encore, les loger dans une maison - les pieds dans l’eau - sur la trajectoire d’un ouragan force 5 (voire plus), bref le choix entre la guillotine sociale et la guillotine éoliene. Ils en sortiront, à n’en point douter, avec leur tête mais pas aussi péremptoires qu’ils sont devant les micros et caméras et Pavlov, grand inspirateur de leur école de Chicago aux côtés de Friedman, se réjouirai moins du résultat : comment déconditionner de prétentieux charlatans qui mettent en danger l’avenir de l’humanité. Bien-sûr, les chiens de garde crieront au "retour" des goulags tout en fermant les yeux sur les "camps de vacances" de l’armée américaine de par le monde, les plus célèbres étant dans "sa cour immédiate", l’Amérique Latine.

Allons, trêve de plaisanteries morbides, soyons humains comme l’exige le dogme progressiste sans pour autant nous priver de croire que les penseurs et tenants du néolibéralisme répondront, un jour, devant une cour de justice pour duperies et cynisme avec circonstances aggravantes pour l’humanité. Pas une cour sélective, comme Nuremberg où beaucoup ont pu négocié leurs compétences mais, et c’est là et là seulement leur terreur la plus tangible... Une cour révolutionnaire dans toute sa noblesse robespierriste : le cyclone populaire ! Ce phénomène naturel et historique qui revient toujours au moment où nul ne l’attends, même ceux qui l’espèrent impatiemment.

BELAIR Philippe

Basse-Terre, 10 Octobre 2017

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