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Obamania :"Yes We Cash !"

« C’est décourageant de voir un homme dont la candidature historique fut fondée sur un regard moral sur la politique tirer profit de sa présidence comme tous les autres. Cela démontre une étonnante perte de contact que l’on attend des milliardaires avec lesquels les Obamas ont pris leurs vacances plutôt que d’un président sensible et conscient des inquiétudes et des récriminations de 99% des gens », a écrit le New York Times. Nathalie Pétrowski, “ Obama à tout prix ”, La Presse. 

Obama est passé à Montréal comme sont passés les Beatles en 1964, avec un engouement de vedette, pour un discours de 30 minutes. Obama n’est plus président, mais il est devenu une vedette et, comme le sont les vedettes, adulé. Le discours aurait été payé près d’un demi million de dollars. Ce qui a fait dire à un chroniqueur humoristique que la venue d’Obama se résumait en un "Yes We Cash" ( Oui, nous encaissons).

***

Dès son entrée au pouvoir à la maison blanche, on attendait d’Obama qu’il soit en quelque sorte le messie attendu qui allait révolutionner l’Amérique ? Le règne fut particulièrement drabe [canadianisme : banal monotone, LGS], sans caractère.

 Quant au discours, (ici sur You Tube) qualifié par certains commentateurs (ou d’adulateurs) de speech puissant, articulé, provocateur (en terme de pensée), ce ne fut, au final, qu’un chapelet de clichés d’une philosophie politique de surface, étriquée, vantant les mérites du monde occidental depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Un discours touffu de "bonnes intentions", et sirupeux à souhait. Il a su trouver les formules et les concepts pour que les chats ronronnent. Entre autres, l’annonce d’un bel avenir... Le même qu’on nous annonçait il y a 20 ou 30 ans. Le discoureur s’est transformé en une sorte de Confucius politique pour enfants de chœur.

Obama s’est montré un homme de principe, idéaliste à la limite des promesses d’un père Noël. Il parlera d’ un monde meilleur avec le même système qui a créé un monde d’horreurs. Toujours sans grande conviction, touchant, mais malhabile – taxé de sexy – il fera l’éloge de l’Amérique, Canada et ÉU.

"Des gens sont prêts à traverser des déserts et embarquer sur des radeaux, à tout risquer, pour venir vivre au Canada ou aux États-Unis pour avoir la même qualité de vie que nous avons et que nous prenons parfois pour acquis." - Barack Obama

C’est sans doute là le prix de la paupérisation flagrante du reste du monde, même celle de des pays en question. Une amabilité flatteuse qui était, somme toute, la ligne directrice du discours. L’homme entreprend une analyse (sic) de l’histoire de la mondialisation, de la robotisation, bref, des grands changements, davantage provoqués par le libre marché , avec un aperçu de la belle lumière au bout du tunnel. L’avenir est lumineux, sauf le petit passage quasi poétique : "Nous ne vaincrons pas le terrorisme en une nuit".

L’invention des nuages 

 Obama crée un futur nébuleux en écrivain d’anticipation balourd et dénué de talent pour l’inventivité : demain sera meilleur qu’aujourd’hui " en luttant ensemble". Qui veut donc, aux États-Unis, "lutter ensemble" ? Un philosophe parlerait davantage d’hégémonie persistante, de protectionniste de l’actuel Président. On peut toujours rêver, et c’est sans doute là la seule "force " de ses propos de surface : faire rêver.

Obama, le magicien d’Oz 

En 2009, j’avais écrit un petit article dubitatif devant ce nouvel arrivant qui secouait les foules avec son "Yes, We Can". Au sortir d’une crise économique qui secouait la planète et provoquée par les joueurs de Wall Street, ce fut le peuple des États-Unis qui renfloua les banques, et les autres "investisseurs" qui avalèrent leurs pertes avec amertume. C’était tout un défi pour un noir ( quel belle représentativité de l’hypocrisie du pays ! ) élu à la présidence d’affronter une telle crise. Un défi qui se résolut dans les coulisses, en mode feutré, afin de sauver les apparences d’un système de fourberies étatisées.

Si vous ne connaissez pas Le magicien d’Oz.et sa célèbre chanson , Somewhere Over the Rainbow, il vaut la peine de revoir l’histoire de cette crise économique et et de l’espoir (toujours pécuniaire) de ce roman pour enfants truffé d’allégories :

Entre 1883 et 1897, à la fin du Gilded Age [Âge doré, LGS], il y eut aux États-Unis une dépression. Les agriculteurs de l’Ouest s’endettèrent lourdement. L’étalon-or avait alors cours et certains économistes préconisaient d’utiliser également l’argent. Cela aurait permis d’augmenter la quantité de monnaie, aurait entraîné l’inflation et réduit le poids réel de l’endettement des agriculteurs. Cette question fut cruciale lors de l’élection présidentielle de 1896. William Jennings Bryan attaqua alors l’étalon-or. Mais ce fut William McKinley, républicain et défenseur de l’étalon-or qui devint Président. L. Frank Baum, originaire de l’Ouest, prit fait et cause pour les agriculteurs. Les personnages du livre symbolisent diverses figures ou événements de l’époque.

  • Dorothée : l’américain moyen
  • Toto : le parti prohibitionniste (son surnom était Teetotaler)
  • Le Bûcheron en Fer Blanc : les ouvriers
  • L’Épouvantail : les agriculteurs
  • Le Lion Peureux : William Jennings Bryan
  • Munchkins : les habitants de la côte Est
  • Le Magicien : Marcus Hanna, leader du Parti Républicain
  • La méchante sorcière de l’Ouest : William McKinley
  • La sorcière de l’Est : Grover Cleveland, Président démocrate jusqu’en 1896, qui fut battu aux primaires par Bryan
  • Le cyclone : la dépression
  • Oz : l’once (unité de poids des métaux précieux « troy ounce »).
  • Les pantoufles d’argent : L’argent qui permettra, en touchant le chemin doré, de revenir au double étalon or – argent

Source : Wikipedia

***

Le cyclope chantant 

Si le monde se porte mal, il ne suffit pas de théoriciens ou de vedettes-veaux-d’or aux discours attendrissants et émouvants pour simplement le modifier. Obama, vu comme un magicien du changement s’est transformé (ou est demeuré) le prince charmant qui écrira avec la première dame un livre qui leur rapportera  60$ millions. À ce prix-là, et après un tel discours, les sujets du Président risquent d’être autant caviardés que les enquêtes sur les OVNIS. Sans jeu de mots et sans acrimonie, le règne d’Obama semble s’être transformé en une fable de Jean de La Fontaine, le Corbeau et le Renard. 

L’idéalisme séducteur de l’ex-président sera désormais transmis en mots et restera des mots. Mais on continuera de l’aimer comme on aime un totem. On peut voir dans ledit totémisme cette appartenance à un clan dont parlait Lévy-Strauss. Ici, on parlera d’un clan G. Et le clan occidental, le monocle à l’œil, "se regarde regarder" le reste du monde, les cultures différentes, les idéologies diverses comme des erreurs de parcours pour la réussite d’une finalité heureuse et réussie des habitants d’une planète. La même erreur que firent les colonisateurs de l’Amérique – y compris les autorités canadiennes qui déracinèrent les enfants amérindiens, pour les désauvager, – voulant à tout prix aplanir les cultures riches et diverses en une seule : la leur. Cette chère liberté étasunienne n’est pas octroyée à tous. Et qui sait si les racines d’un nouvel esclavage, cette fois systémique et mondialisé, n’est pas né de cette grande nation ? 

Et c’est peut-être la raison pour laquelle les citoyens de ce monde rament autant pour apporter toujours plus d’argent, de sueurs, de misères pour le maintenir à flot pendant que les obsédés du 1% remettent de l’eau dans le navire (la dette) pour nous soumettre à un ordre-désordre du monde dans lequel l’homme est marchandisé et les richesses violées à une vitesse fulgurante.

On meurt à petits vœux... Mais il y aura toujours des fidèles pour applaudir et payer 1000$ pour se refaire une beauté d’un discours-botox.

Gaëtan Pelletier

»» https://gaetanpelletier.wordpress.com/2017/06/11/obamania-yes-we-cash/
URL de cet article 31982
  
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