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Et Urvoas condamna Georges Ibrahim Abdallah à la peine de mort carcérale

Ainsi pour le nouveau Garde des Sceaux Georges Ibrahim Abdallah serait un « terroriste » de la même espèce que les salafistes dégénérés de l’Etat islamique, comme il l’a affirmé sans ambages, et même avec véhémence pour souligner combien le gouvernement était mobilisé sur le sujet, lors de la matinale de France Inter le 31 mars dernier.

Pauvre Justice, tu vas être bien gardée avec Urvoas en cerbère. Pauvre Urvoas, sitôt arrivé et déjà dans le reniement le plus absolu de tes postures précédentes.

Par exemple le voilà qui ne se souvient pas de son soutien pourtant apporté il y a à peine quelques semaines, pas même six mois en tous cas, au mouvement BDS, dans une lettre adressée à celle qu’il a depuis lors remplacée. Il lui demandait alors, et cela faisait Justice et avait du sens – et même de la gueule ! - l’abrogation des circulaires scélérates Alliot-Marie, l’encore ancienne Garde des sceaux qui voulait en son temps envoyer des képis français au secours de la dictature Ben Ali lors du « printemps arabe » tunisien.

« L’incitation à punir » le militantisme « des personnes appelant au boycottage des produits israéliens en provenance des territoires occupés » par Israël au mépris des palestiniens et du droit international, « constitue une atteinte à la démocratie et aux libertés fondamentales » écrivait-il alors fin novembre 2015 à Taubira.

On était ainsi en droit (pour un Ministre de la Justice, c’est le minimum...) d’attendre d’Urvoas qu’il prenne dès son arrivée en fonction une contre-circulaire abrogative, rétablissant la démocratie et la liberté d’expression. Or qu’a-t-il fait depuis sa prise de fonction ? rien. Que va-t-il faire désormais ? rien encore. Il faut dire que depuis, outre avoir pris ses quartiers douillets place Vendôme, Urvoas dîne désormais au CRIF. Et la soupe y est sans doute si bonne qu’on se prosternerait pour avoir du rabe ...

Alors plutôt que de mener à terme son engagement pour les gazaouis et le mouvement BDS, le voilà qui préfère cracher sur l’un de ses combattants les plus emblématiques : Georges Ibrahim Abdallah. Et sur les ondes de France Inter, de le qualifier de « terroriste » et de le condamner à la mort carcérale. Il faut se pincer pour le croire : à peine a-t-il endossé son costume de Ministre de la Justice hollandaise, qu’Urvoas réinstaure une sorte de peine capitale en condamnant Georges Ibrahim Abdallah à demeurer « en prison en France sans avoir de perspective de sortie » (sic). (http://www.franceinter.fr/emission-invite-de-7h50-jean-jacques-urvoas-la-justice-francaise-est-sinistree).

Pauvre de toi, Urvoas. Faut-il lui rappeler que non seulement Georges Ibrahim Abdallah a été condamné pour sa prétendue complicité dans l’assassinat de deux agents secrets étrangers, l’un de la CIA, l’autre du Mossad, sans que l’on ne sache encore aujourd’hui qui a perpétré les faits ? Faut-il lui rappeler encore que son procès avait mis en lumière une manipulation grossière des preuves à charge, qu’un jury populaire aurait écartée d’un revers de main mais dont la Cour d’assises fera sa religion, celle qui pour la première fois dans les annales judiciaires sera spécialement composée de magistrats professionnels, particulièrement triés pour l’occasion... ?

L’histoire a depuis lors absout Georges Ibrahim Abdallah mais la Justice reste sourde. Même Yves Bonnet, ancien directeur de la DST au moment de son arrestation, a dénoncé le scandale de sa détention désormais abusive. Quant aux faits, ou plutôt l’absence de faits qui ont conduits à la condamnation d’Abdallah, Urvoas devrait se rappeler de ces policiers exemplaires qui avaient fait mine d’avoir retrouvé une valise contenant l’arme utilisée pour tirer sur les deux agents américain et israélien, dans laquelle, oh miracle judiciaire, une bouteille de « Corrector » portant l’empreinte du libanais sera retrouvée, mais aussi - acte manqué ou délibéré de la barbouze en service ? - un Parisien Libéré postérieur en date à celle des crimes...

Farce improbable ? Non, preuve absolue pour la Cour d’assises décidément bien spéciale, et Abdallah est fait sur la foi d’une barbouzerie bien française. Mais davantage encore, les services baignant à la piscine des Tourelles (1) ne s’arrêteront pas en si bon chemin et fourniront à Abdallah un avocat qui s’avèrera en fait un de leurs maîtres-nageurs (2) ...

Lors du procès, l’Avocat Général, conscient de la chose et bien gêné aux entournures, va alors « supplier » (3) la Cour, pour atténuer l’erreur judiciaire évidente, de ne pas prononcer une peine supérieure à 10 ans... Peine perdue, avec les Yankees et Israël au banc des parties civiles poussant à la vindicte au mépris du Juste et de la Justice, voilà Abdallah condamné à la perpétuité.

La perpétuité pour une preuve inventée au corrector. Mais depuis lors, pas de corrector pour effacer cette immondice judiciaire. Car depuis, la Justice reste sourde. Il faut dire que l’injonction de Washington et d’Israël est claire et constante depuis trente ans : Georges Ibrahim Abdallah doit mourir en prison, parce qu’il est un militant marxiste intolérable pour le premier, et un combattant de la liberté des peuples Libanais et Palestinien, et donc diabolique pour le second.

Alors qu’il est libérable depuis 1999, que nombre de juges des tribunaux d’application des peines et de conseillers de Cour d’appel de Paris en 2013, ont jugé qu’il devait être élargi, l’Etat se refuse à signer son bon de sortie. Et Urvoas de mentir piteusement, en prêtant à ces juges le contraire de ce qu’ils ont statué, alors que c’est bien l’Etat français, aux ordres de l’odieuse Hillary Clinton, qui le garde emmuré en refusant de signer son renvoi au Liban.

Confondant Abdallah avec les fous de dieu, lui qui les a toujours combattus, Urvoas verse en sus dans l’amalgame pour le faire passer comme une sorte de précurseur de ces nouveaux fascistes Daechiens de guerre. Quelle honte, quelle amnésie, quel reniement.

Lorsque l’on sait que pour complicité de crime contre l’humanité, il n’avait été requis contre Papon que 10 ans de prison, mais qu’à la différence d’Abdallah, non seulement son dossier était accablant (l’avocat général Henri Desclaux fera valoir que « Maurice Papon, dès les premières opérations menées contre les juifs, a acquis la certitude que leur arrestation, leur séquestration et leur déportation vers l’Est les conduisaient inéluctablement à la mort »), mais les juges suivront sans ciller ces réquisitions infimes. 10 ans pour des milliers de déportés hommes, femmes et enfants juifs.

Papon a fini dans son lit. Pas de peine de mort carcérale pour celui qui sera la honte de la Vème République après avoir incarné celle de Vichy. Avec Urvoas en Ministre de l’injustice, on sait désormais que Georges Ibrahim Abdallah ne reverra jamais le sien, ni sa terre natale.

Liberté pour Georges Ibrahim Abdallah.

MaxKo

NbP

1 La Piscine des Tourelles est en face du siège de la DGSE anciennement SDECE.
2 Me Jean Paul MAZURIER qui se nommera lui-même l’AGENT NOIR, avait été recruté par les services secrets français, pour défendre Georges Ibrahim Abdallah.
3 "Je crois, dans l’intérêt de tous, pouvoir vous demander, vous conjurer, vous supplier de ne pas prononcer à l’encontre de l’accusé une peine de réclusion criminelle supérieure à dix ans", déclara-t-il.

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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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