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Syrie : Foyer de la lutte contre le terrorisme ou foyer d’une confrontation militaire mondiale

25 ans après l’effondrement de l’Union Soviétique, il est évident, aujourd’hui, que cet
événement, loin d’apporter sécurité et démocratie comme le prétendaient les puissances occidentales, a inscrit l’humanité dans un 21° siècle de guerres régionales d’un nouveau type. Des guerres dont la caractéristique principale est la remise en cause de l’intégrité territoriale des Etats souverains. Les exemples ne manquent pas:Somalie, Yougoslavie, Irak , Syrie, Libye, Géorgie, Ukraine...En Chine, avec les velléités séparatistes des musulmans du Xin Jang...

Sous couvert de Droits de l’homme et de ’’Responsabilité de protéger’’ , « l’Occident oublie que les droits de l’homme, dans le contexte des sociétés multinationales d’Europe centre-orientale, signifient en réalité les droits des communautés ethno-nationales. » (1) Pour préciser sa pensée, Sergio Romano, ancien Ambassadeur d’Italie à Moscou ajoute : « il croit défendre la démocratie et il souffle involontairement le vent du nationalisme. » (1)

Si un tel propos a le mérite de souligner la responsabilité des puissances occidentales dans la déstabilisation du monde, l’ Ambassadeur l’atténue en jugeant que les conséquences désastreuses sont à mettre au compte de l’ « Oubli » ou de la méconnaissance ou mieux encore, ils ont été crée « involontairement ». En somme, des dommages collatéraux diplomatiques des Droits de l’Homme. Puisque c’est l’Axe du ’’Bien’’ qui agît, il ne peut en être autrement.

Pourtant la réalité est tout autre, le 20° siècle finissant avec la mort de l’U.R.S.S, a accouché d’un 21°siècle sous le signe de l’Impérialo-sionisme planétaire. La décomposition de la Yougoslavie pour affaiblir l’Europe orthodoxe, autrement dit la Russie, est devenue un cas d’école de cette nouvelle stratégie. Pour faire court, l’ambition de Impérialisme-sionisme est d’être maître, sans partage, de la mondialisation économique sous le règne du néo-libéralisme. Une telle domination n’est possible qu’à trois conditions.

1°) Détruire ou affaiblir les Etats-Nations, susceptibles de prétendre à la souveraineté pleine et entière, synonyme d’émancipation.

2°) Main mise sur les ressources des sous sols dont les hydrocarbures.

3°) Contenir les puissances régionales ou mondiales comme la Chine, la Russie ou l’Iran.

S’agissant de l’ émancipation des peuples, il faut noter qu’ elle ne peut être réelle, que si elle s’inscrit dans un rythme qu’impose le passé et c’est aux femmes et aux hommes qui portent ce passé de le libérer des ignorances et des traditions rétrogrades. C’est un long et difficile chemin qui ne peut-être construit sous les bombes comme le prétendaient et continuent de le prétendre les démocrates occidentaux tels les Bernard Kouchner, les BHL...Qui voulaient libérer la femme afghane de sa burka...Résultat : les ’’Talibans’’ n’ont pas disparu et la burka se vend à Paris.

Avec un bras économique et financier, en l’occurrence la Banque Mondiale et le FMI, et un bras militaire, l’Otan, la mondialisation néo-libérale, afin d’étendre le marché libre sans entraves, a besoin d’une humanité ’’tribalisée’’ sur des bases ethniques ou religieuses sous la houlette d’ Etats réduits à la gestion du temps présent. Et nul besoin d’être expert pour constater que les zones de conflits sont des zones qui abritent des sous sols riches en ressources dont les hydrocarbures.

C’est ce qui fait de l’Eurasie, ’’l’Etranger proche’’ de la Russie, du Moyen-orient, en allant jusqu’au Xin Jang chinois, la ’’route de la soie du 21° siècle’’.

C’est dire que les balivernes démocratiques occidentales, comme, hier, les missions civilisatrices, ne sont que pure hypocrisie. L’enjeu n’est nullement le bien être et l’émancipation des peuples mais bel et bien leurs soumission sous le règne idéologique et économique du capital financier.

En ce sens, la naissance des Bricks,( Brésil ,Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud et récemment l’Iran) est une sorte de virus dans le logiciel de cette mondialisation néo-libérale. Un bloc d’Etats-Nations dont la souveraineté politique et économique est la caractéristique principale et qui s’oppose ainsi à une géopolitique impériale avec la complicité de vassaux régionaux. Des vassaux dont l’existence est suspendue à leurs utilités financières et idéologiques du moment.

Au Moyen-orient, cela se traduit par une confrontation mondiale qui ne dit pas son nom. L’ Irak, la Syrie et le Yémen en sont les foyers centraux.

L’avenir des peuples arabes passe par Damas

Dans cette confrontation, il est nécessaire de décrire, modestement et succintement, les forces en présence et leurs buts politiques ?

1°) l’Etat souverain Syrien. Sous couvert de ’’printemps arabe’’, les Monarchies wahhabites et leur maître états-unien ont armé et financé des organisations pour abattre cet Etat, comme ce fut le cas en Libye. Isoler la Syrie de l’Iran, quitte à la morceler. Mais en fait dès 2006, Etat syrien et Hezbollah, alliés indéfectibles de l’Iran, étaient les cibles toutes désignées des Etats-Unis, d’Israël et de l’Arabie saoudite. (2)

2°) L’Iran. La première ’’faute’’ de cet Etat n’est nullement d’être chiite mais de défendre l’intégrité et la souveraineté régionale, libérée de l’emprise impérialo-sioniste. (3)

3°) L’Irak. Pays, victime de deux guerres de destruction sous la direction des Etats-Unis, bénies et financées, entre autre, par l’Arabie Saoudite. Deux guerres qui ont ramené l’Irak, le plus développé à l’époque du monde arabe, à ’’l’ère pré-industrielle’’.

4°) Le Hezbollah. La Résistance libanaise, toutes confessions confondues, incarne la résistance face aux agressions et aux visées régionales de l’Etat d’Israël.

Et enfin, depuis le 30 septembre 2015, consciente que la sécurité et l’indépendance de son ’’Etranger proche’’se joue au Moyen-Orient, la Russie a intégré de manière directe la zone de confrontation.

Elle complète l’Axe Téhéran, Bagdad, Damas et Hezbollah. Le but politique de cette Alliance, en ajoutant la Chine, est clair : la sauvegarde de l’intégrité territoriale de la souveraineté de l’Irak, de la Syrie et du Liban. D’où la lutte sans complaisance contre les organisations terroristes : l’Organisation de l’Etat islamique (l’OIE ou Daech), le Front El Nosra et leurs satellites, des ’’modérés’’ aux yeux des occidentaux.

A cet Axe de Défense de l’Intégrité et de la Souveraineté du Moyen-Orient s’oppose l’Axe du ’’Bien’’, constitué par les puissances occidentales et entouré de la Turquie, des Monarchies wahhabites et en arrière plan, d’Israël. Un véritable ’’Club de pyromanes’’ : Conglomérat de forces militaires et financières dont les enjeux géopolitiques sont à géométrie variable. Ils ont un point commun : le néo-libéralisme avec son marché libre et sans entrave.

En voici une liste incomplète de ce Club.

1°) Le Président du Club : les Etats-Unis.

Les documents déclassifiés de la C.I.A et les déclarations d’anciens responsables politiques et militaires états-uniens ont levé tout doute sur l’implication directe des Etats-Unis dans la fabrication d’ organisations à des fins de déstabilisation, voire de dislocation, des Etats : Afghanistan et El Qaïda, l’Irak et les deux guerres du Golfe avec en prime la création de l’OIE, la Syrie et le Front El Nosra, filiale d’El Qaïda et ses satellites ’’fréquentables’’, la Libye, une autre Somalie, le Soudan, le Nigéria...
Mais pour mettre en œuvre un tel chaos créateur, le Chef suprême a besoin d’un serviteur hors norme, lié par le Pacte du Quincy (4). Un pacte qu’il n’a pas oublié de renouveler en 2005.

2°) Les vassaux : les Monarchies wahhabites.

Pétrole et Gaz, Argent et une idéologie, à savoir le wahhabisme, sont les trois armes qui , bien combinées, ont permis aux Etats-Unis, à l’Angleterre et à Israël, de mettre en pratique le fameux ’Chaos créateur. Mais on ne dit jamais assez que le financier et idéologue des organisations terroristes est également un déstabilisateur culturel et social des sociétés arabo- sunnites du Machrek au Maghreb. Car pour combattre un chiisme, somme toute, réformateur, il fallait bien un sunnisme réactionnaire, en l’espèce, le Wahhabisme. C’est pour toutes ses raisons que les Monarchies wahhabites ont été et demeurent les alliés intouchables des puissances occidentales...Jusqu’à quand ?

3°) Le ’’Nouveau Sultanat’’ : la Turquie.

Depuis que la Turquie a été rejeté par l’Europe, le frère musulman Erdogan, membre de l’Otan, a misé sur un changement de cap. Un retour aux sources en quelque sorte : construire une Turquie ottomane sur les cendres de la Syrie et du démantèlement de l’Irak, tout en empêchant l’émergence d’un Kurdistan indépendant. Pour arriver à ses fins, le nouveau ’’Sultan’’ est au centre d’un cartel militaire et financier allant de l’Arabie saoudite à Israël en passant par Daech. Un cartel qui relègue le devenir du peuple palestinien à une question subsidiaire.

4°) Un cheval de Troie au Moyen-Orient ? L’Etat français.

« Nos politiques militantes, européistes et moralisatrices ont entraîné le chaos moyen-oriental de l’Irak à la Syrie en passant par les autres pays. » (5) C’est ainsi que l’ancien juge anti-terroriste, le député A.Marsaud, définit sans langue de bois, la géopolitique occidentale et française, en particulier. Et il ajoute avec un brin d’optimisme, « nous assistons à une recomposition de la ligne de conduite de la diplomatie française, qui comprend aujourd’hui qu’elle s’est fourvoyé dans sa politique syrienne ». Ainsi l’Etat français porte une lourde responsabilité, dans l’extension du terrorisme, ’’fréquentable’’à ses yeux ! Et si on ajoute l’épisode de « la taupe du quai d’Orsay » pendant les négociations sur le nucléaire iranien, on imagine sans peine que l’Etat français doit faire beaucoup plus pour convaincre, l’Iran et la Russie, de la réalité de son « changement de ligne de conduite ». En effet, l’Iran n’a pas tardé à manifester sa méfiance en des termes crus : « la France doit prouver qu’elle est sérieuse dans la lutte contre le terrorisme. » (6) Et il faut faire un vrai effort politique pour persuader le Président Poutine du sérieux de cette nouvelle conduite car il est conscient que « les années qui arrivent seront déterminantes pour les prochaines décennies du destin de la Russie. » (7)

5°) L’électron libre : l’Etat d’Israël.

Il annexe, occupe et réprime le peuple palestinien et bombarde où bon lui semble sans autre forme de procès. A l’occasion, il aide le Front El Nosra et l’Armée syrienne Libre (ASL). Par ailleurs, cet Etat participe à une guerre illégale au Yémen au côté d’une coalition américano- saoudienne et soutenue tacitement par Paris. Ainsi le Moyen-Orient est devenu le lieu de convergence d’une confrontation mondiale entre deux Axes, à savoir, l’Axe de l’Intégrité et de la Souveraineté des Nations et l’Axe du Chaos... Un chaos à l’image de l’hétérogénéité des Etats qui le constituent.

Vers une solution politique ou nouvelle phase militaire ?

Au lendemain de l’intervention russe en Syrie, le Ministre des Affaires étrangères qatari, Khaled Ben Mohamed al- Atiyyah déclara à CNN qu ’« aucun effort avec les Saoudiens et le Turcs ne sera épargné, au cas où l‘intervention militaire protégera le peuple syrien. » (8) L’Arabie saoudite vient de concrétiser ses propos par la création d’une coalition militaire terrestre pour intervenir en Syrie. Cependant cette ’’armée ’’ ne tient compte ni de l’armée syrienne ni de la résistance iranienne et encore moins du Hezbollah puisque la Jordanie a voulu l’inscrire comme faisant partie des organisations terroristes à combattre en Syrie. Au même moment, Washington a pris de nouvelles mesures contre la Résistance libanaise. Evidemment, toutes ses préparations militaires se font avec la bénédiction de l’Union Internationale des Oulémas musulmans sous contrôle saoudien qui a appelé à « refuser l’intervention russe en Syrie en apportant un soutien moral, politique et militaire à la révolution du peuple syrien. » (9)

Parallèlement, les Etats-Unis, tout en affirmant qu’il n’ont pas été mis au courant de l’ initiative saoudienne, ont envoyé, courant décembre, 200 soldats en Irak où se trouvent déjà un contingent turc aux alentours de Moussoul. Pour compléter ces préparatifs militaires, il faut rappeler que, d’une part, la Bulgarie, membre de l’ Otan, a été la source d’alimentation de l’OIE en armes et matériels militaires,via l’Arabie saoudite et d’autre part, des ’’erreurs calculées’’ de bombardement américain sur l’armée irakienne près de Falloujah ont été commises. A partir de ces données, on conclut qu’en Irak et en Syrie, Etats-Unis et alliés régionaux mènent, pour le moins, un double jeu dont les conséquences risquent de rendre la Résolution onusienne du 18 décembre 2015, déjà fragile, un vœu pieux. Ceci d’autant plus qu’ on ne peut pas faire abstraction d’une grande inconnue, à savoir, l’attitude de l’Etat d’Israël. A commencer par l’attitude de son armée face à la réponse militaire à venir du Hezbollah, (Communiqué N°2), suite à l’assassinat du célèbre combattant, Samir Kantar. Sur ce point, il n’est pas anodin de souligner que cet assassinat perpétré par l’Etat d’Israël, fut endossé, contre toute évidence, par l’Armée Syrienne Libre (ASL).

D’où l’ interrogation suivante : cette Résolution onusienne est-elle l’expression d’une véritable volonté internationale pour apporter une solution politique respectant la souveraineté syrienne ou n’est-elle qu’une gesticulation diplomatique masquant la mise en place d’une nouvelle phase dans cette confrontation mondiale qui ne dit pas son nom ?

Pendant ce temps, l’ Etat d’Israël...

M El Bachir

(1) http://www.strategicsinternational.com/useurasie.htm

(2) http://www.mondialisation.ca/liban-guerre-civile-ou-d-flagration-r-gionale/20537

(3) http://www.legrandsoir.info/wahhabisme-et-sionisme-une-sainte-alliance-contre-l-iran.html

(4) http://www.mondialisation.ca/arabie-saoudite-le-pacte-de-quincy-une-relation-sp-ciale-mais-de-vassalit/21107

(5) https://blogs.mediapart.fr/danyves/blog/211215/exclusif-alain-marsaud-l-etat-francais-facilite-les-actions-d-al-nosra-la-majorite-refuse-toute-enquete

(6) http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=269279&cid=86&fromval=1

(7) Michel Eltchaninoff : Dans la tête de Vladimir Poutine. Essai. Actes Sud. Février 2015.

(8) Le Qatar envisage d’intervenir militairement en Syrie

(9) http://iumsonline.org/portal/fr-FR/page-principale/82/


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La face cachée de Reporters sans frontières - de la CIA aux faucons du Pentagone.
Maxime VIVAS
Des années de travail et d’investigations (menées ici et sur le continent américain) portant sur 5 ans de fonctionnement de RSF (2002 à novembre 2007) et le livre est là . Le 6 avril 2006, parce que j’avais, au détour d’une phrase, évoqué ses sources de financements US, RSF m’avait menacé dans le journal Métro : " Reporters sans frontières se réserve le droit de poursuivre Maxime Vivas en justice". Au nom de la liberté d’expression ? m’étonné-je. Quoi qu’il en soit, j’offre aujourd’hui (…)
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Je définirais la mondialisation comme la liberté pour mon groupe d’investir où il veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possibles en matière de droit du travail et de conventions sociales.

P.Barnevick, ancien président de la multinationale ABB.

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