Au grand soir
Je vous cite
"Tous les pays colonisateurs raisonnent ainsi : Je t’apporte ce que tu n’as pas et je te prends tout ce que tu as.
C’est inaudible et inadmissible. L’Histoire a tranché sur ce point-là et "colonialiste" n’est pas un compliment.
Quant au "transfert des richesses" allemandes en Grèce, hum, hum !"
Mon argument consistait à dire que le principe même de l’Euro ( et de l’UE ) amène mécaniquement les nations les plus puissantes du continent à se comporter en puissances impériales. Pointer du doigt la responsabilité de l’Allemagne et de ses dirigeants est stérile.
C’est un problème de structure, pas de personnes.
Or qui cherche à maintenir à tout prix ce château de cartes qu’est l’UE sinon les Etats-Unis.
J’ai rappelé aussi la dépendance militaire de l’Allemagne par rapport aux Etats-Unis. Ce qui est plus que suffisant pour parler de rapport vassal-suzerain. Si l’Allemagne était pleinement souveraine elle serait partie depuis longtemps de l’UE et a fortiori de l’Euro. Mais comme elle ne le peut pas, alors elle joue comme elle peut suivant ces intérêts avec les cartes que le croupier américain veut bien lui donner. L’Allemagne fait partie des grands vassaux ( avec la France, la Grande-Bretagne et d’autres dans le monde comme l’Arabie saoudite ou la Turquie, je simplifie je sais mais je ne veux pas trop m’éloigner du sujet ) , et en tant que grands vassal elle a une marge de manoeuvre suffisante pour faire valoir certains de ses intérêts quand ceux- là ne heurtent pas les intérêts du suzerain mais seulement les intérêts de petits vassaux comme la Grèce.
Les dirigeants allemands considèrent que répondre favorablement aux demandes grecs va à l’encontre des intérêts de l’Allemagne.
Ont-ils tort ? Sans doute. Mais ce n’est pas moi ni vous qu’il faut convaincre, mais le peuple allemand. Or celui-ci, y compris à gauche ( voir l’article de Lordon sur les 53 % des sympathisants de Die Linke qui approuvent la position de Merkel à l’Eurogroupe ) soutiennent le gouvernement de la CDU sur ce point.
L’auteur de l’article conclue que l’Euro est irréformable. J’adhère à cette idée. Mais il estime , comme beaucoup, que l’irréformabilité de l’Euro vient de la folie des dirigeants allemands. Laissant entendre ( implicitement ) que si l’Allemagne avait d’autres dirigeants ( mettons Die Linke ) les choses seraient différentes et on pourrait faire une Europe sociale ou tout simplement un euro qui pourrait être dévalué pour éviter la casse des salaires et des services publics.
C’est faux ! Et c’est très problématique car nous risquons encore d’éviter le vrai débat qui est de savoir si oui ou non l’Euro et la construction européenne sont des projets viables par nature.
Et ma réponse est que non.
Le choix que les dirigeants allemands ont est le suivant : mener une politique européenne contraire aux intérêts ( selon eux ) et au désir du peuple allemand ( qui soutient largement Merkel ) , ou bien mener une politique européenne contraire aux intérêts et au désir du peuple grec.
On ne peut pas penser sincèrement qu’un gouvernement allemand pourrait un jour choisir la première option. Et si cela devait arriver, ce gouvernement serait chassé du pouvoir et l’on retournerait à la case départ.
Ce n’est donc pas les dirigeants européens qu’il faut accuser pour leurs décisions récentes, car celles-ci sont le résultat de la non-viabilité par nature de l’UE et a fortiori de l’Euro. Ceux qui parlent du personnel politique s’égarent et ne voient pas que c’est les différences fondamentales entre les peuples et l’absence de peuple européen qui amènent à ces situations antidémocratiques.
Mais au moins l’auteur arrive à la conclusion que l’euro doit être abandonné. Je m’en contente, c’est déjà un pas dans ce que je crois être la bonne direction c’est-à-dire l’abandon de tout projet de construction européenne qui ne peut que être par nature antidémocratique.