Le président français
est critiqué pour avoir décoré
en catimini le patron de Qatar Airways,
la compagnie
qui fait peur
à Air France.
Le Qatar s’est de nouveau fait épingler. Mais cette fois, ce n’est pas par une organisation humanitaire, des journalistes ou un parti politique, mais par le président de la République française en personne.
Doha, pourtant prompte à dénoncer un Qatar bashing ambiant ou à attaquer en diffamation, n’a pas protesté. Au contraire. La compagnie aérienne Qatar Airways a fait savoir le 6 juin que, la veille, son PDG Akbar Al Baker avait été élevé par François Hollande au rang d’officier de la Légion d’honneur. Une promotion pour cette figure du transport aérien qui avait déjà reçu le grade de chevalier en 2004, sous Jacques Chirac.
La cérémonie, qui n’avait pas été programmée à l’agenda officiel du président de la République, s’est déroulée en catimini et en comité restreint à l’Élysée, dans le salon des Ambassadeurs. Akbar Al Baker a été mis à l’honneur pour « avoir fait de Qatar Airways une compagnie aérienne mondiale de premier plan ».
Mais personne n’est dupe, il a été récompensé pour avoir doté la compagnie du Qatar d’une flotte de 134... Airbus. Et sans doute pour remercier le Qatar d’avoir acheté pour son armée 24 avions Rafale.
Déjà, en 2013, Tony Fernandes, le patron d’Air Asia, une flotte malaisienne composée, elle aussi, uniquement d’Airbus, avait eu droit à sa Légion d’honneur, qui est en train de devenir à la République ce que sont les cartes de fidélité dans les supermarchés.
Si François Hollande a tenu à rester discret, ce n’est pas seulement à cause de la réputation sulfureuse de la monarchie pétrolière mais aussi parce que le Syndicat national de pilotes de ligne d’Air France (SNPL) craint que l’arrivée prochaine de Qatar Airways à Nice et Lyon ne signifie la « mort à terme » de la compagnie aérienne.
Pour vendre ses Rafale, Paris aurait décidé de sacrifier Air France. La décoration du PDG de Qatar Airways ne risque pas de dissiper les craintes du personnel d’Air France, qui, lui, ne veut pas être remercié.