La dénonciation de la corruption est un thème récurrent de la droite. Mais son objectif n’est pas la moralisation de la politique, car quand elle gouverna selon son bon plaisir – pendant la dictature et les gouvernements Collor et de Fernando Henrique Cardoso – elle oublia cette question, justement au moment où celle-ci se pratiquait d’une manière débridée dans le pays.
L’objectif de la droite est de disqualifier l’État et la gauche qui valorise l’État comme instrument de transformation démocratique de la société. Le caractère sélectif des dénonciations est évident lorsque le seul sujet des médias sont les plaintes au sujet de la Petrobras, tandis que HSBC et le cas appelé Zélotes [1] (énorme scandale de fraude fiscale impliquant de grandes entreprises NdT) sont complètement occultés.
Quelle est la différence ? C’est que la première dénonciation implique l’État, en tentant de montrer que c’est l’État qui est à la source de la corruption, avec tous ses organes et ses tentacules – parlements, ministères, entreprises publiques, etc. ; tandis que les envois de fonds à l’étranger et la corruption des agents du fisc, qui sont des cas de fraude privée, représentent un montant infiniment plus important que la première.
Dans ces cas, ce sont les entreprises et les entrepreneurs, tant salués comme les agents dynamiques de l’économie – et comme protagonistes des campagnes contre le gouvernement, y compris les magnats des médias, parmi eux, la Folha de S. Paulo, Globo, Bandeirantes, RBS, qui sont impliqués dans des circonstances des plus compromettantes.
Pratiquant la fraude, l’achat de fonctionnaires pour ne pas payer d’impôts, l’envoi illégal de fonds à l’étranger – bref, contournant l’État, les lois, les obligations fiscales, tout en critiquant la corruption du gouvernement, la fiscalité excessive, et ceux qui ne respectent pas la loi.
Le centre de tout ceci est le débat sur l’État – et le plus souvent, bien qu’occulté, le débat sur le marché. Comme la droite ne peut pas faire l’éloge du marché – qui est responsable de la crise internationale du capitalisme – elle tente de discréditer l’État. Elle suit ainsi la proposition de Ronald Reagan selon laquelle la période historique de l’État en tant que solution devait cesser, car il s’était, en fait, transformé en problème.
L’État était devenu un problème car il pouvait bloquer la libre circulation des capitaux, réglementer les relations sociales en imposant des limites, empêcher que le marché et les capitaux circulent librement. La disqualification de l’État était un moyen indispensable pour que s’imposent la libre circulation des capitaux et le modèle néolibéral.
La diabolisation de l’État était la condition indispensable pour ouvrir le chemin au modèle néolibéral. Le disqualifier comme inefficace, expropriant les gens par sa fiscalité, qui est bureaucrate et corrompu.
Les entreprises publiques – comme la Petrobras – ne peuvent pas réussir. Les programmes sociaux ne peuvent pas fonctionner correctement. Les impôts sont excessifs. La corruption affectent tout ceux et tout ce qui a à voir avec l’État.
En contrepartie, l’entreprise est censée incarner toutes les vertus : l’efficacité, le dynamisme, la génération de cadres compétents, un fonctionnement parfait. Les grands entrepreneurs devraient être les nouveaux héros, comme un contrepoint aux techniciens des entreprises étatiques.
Mais lorsque ces mêmes personnages se révèlent de grands fraudeurs, corrupteurs, exportateurs illégaux de capitaux – tout bascule cul par-dessus tête. D’où la censure par les médias des scandales privés dans lesquels l’État n’a pas de rôle central.
[1] La Police Fédérale démantèle un réseau de fraude fiscale qui pourrait avoir détourné 19 milliards de reals (O Cafezinho)
Traduit par Lucien pour Si le Brésil m’était traduit...