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Auteur : Emir SADER

Nouvelle année : Bolsonaro ou Lopez Obrador ? (Rebelion)

Emir SADER

2018 le panorama est modifié en Amérique Latine. Parmi les changements les plus importants, le Brésil a élu un président d'extrême droite et le Mexique un président démocratique et progressiste. 2019, à son tour, présentera de nouveaux défis : des présidentielles en Bolivie, en Uruguay et en Argentine, dans les trois cas en octobre, entre autres élections.

Grâce à toutes les intrigues et embûches que nous savons, la droite brésilienne a réussi à empêcher, sans aucune base juridique, Lula d'être candidat, et après avoir mené une campagne basée sur la diffusion de fake-news gérés par des robots, a réussi à élire à la présidence un homme politique d'extrême droite, non seulement en phase avec des tendances visibles ailleurs dans le monde, mais dans sa version la plus radicale et pathétique. Il faut en tenir compte, parce que c'était une campagne qui montre avec quelles méthodes la nouvelle droite mondiale agit : la judiciarisation, le droit, les fake-news, qui font partie de la guerre hybride avec laquelle l'Empire et les droits dans chaque pays agissent pour essayer de prolonger un modèle économique basé sur la guerre aux pauvres et à la démocratie. Au Mexique, après presque un quart de siècle de lutte pour vaincre une oligarchie qui gouvernait depuis près d'un siècle, López Obrador a remporté l'élection : un triomphe écrasant qui (…) Lire la suite »

Elections en Amérique latine : droits sociaux Vs monopoles médiatiques (La Jornada)

Emir SADER
Les scénarios électoraux se répètent et se ressemblent beaucoup dans les pays d’Amérique latine qui ont franchi l’étape postcoloniale : aux candidatures des gouvernements en place s’opposent toujours des adversaires de droite. Les premières s’appuient sur des politiques sociales redistributives et prétendent améliorer les conditions de vie des masses, les seconde s’appuient sur les monopoles médiatiques privés et tentent de manipuler ces mêmes masses. Il n’y a pas de doute : les gouvernements vénézuélien, brésilien, argentin, uruguayen, bolivien et équatorien ont amélioré substantiellement les conditions de vie de leurs populations. La redistribution de la rente, la diminution des inégalités, l’augmentation des possibilités pour les personnes de trouver des moyens dignes de subvenir à leurs besoins : même l’opposition ne pas plus nier ces avancées. Mais personne ne peut non plus nier le rôle des médias de communication privés, qui sont devenus, depuis longtemps, un parti (…) Lire la suite »

Le néo-colonialisme intellectuel de la gauche européenne

Emir SADER

La gauche européenne a toujours eu de grandes difficultés à comprendre le nationalisme et le libéralisme dans des régions comme l’Amérique Latine. Elle développe des attitudes encore mues par le paternalisme de l’eurocentrisme et se tourne vers l’Amérique Latine non pour apprendre mais avec une posture de professeurs, comme s’ils étaient porteurs de l’ensemble de la connaissance et des expériences victorieuses, à partir desquelles ils donneraient un cours magistral sur nos processus.

La gauche européenne a été essentiellement socialiste – ou social-démocrate – et communiste. Elle avait comme composantes essentielles les syndicats et les partis politiques – avec une représentation parlementaire, participant aux des élections, alliés entre eux. Et des groupes plus radicaux, en général trotskistes qui faisaient partie du même scénario politique et idéologique. Une de ses composantes – qui allait devenir problématique – à savoir le nationalisme, fut classé comme une idéologie de droite à cause de son caractère chauviniste en Europe. La responsabilité attribuée aux nationalismes dans les deux guerres mondiales a renforcé cette classification. Sur d’autres continents, particulièrement en Amérique Latine, cette classification apparaissait comme schématique, mécanique. L’inadéquation est devenue de plus en plus claire alors que surgissaient des forces et des leaderships nationalistes. En Europe, l’idéologie de la bourgeoisie montante fut le libéralisme, par (…) Lire la suite »
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Brésil : l’État, la corruption et le marché (Rede Brasil Atual)

Emir SADER

Le discours de la droite contre la corruption cherche à disqualifier le rôle de l’État et le mouvement de transformation démocratique de la société ; Pendant ce temps, le marché favorise les crises internationales.

La dénonciation de la corruption est un thème récurrent de la droite. Mais son objectif n'est pas la moralisation de la politique, car quand elle gouverna selon son bon plaisir – pendant la dictature et les gouvernements Collor et de Fernando Henrique Cardoso – elle oublia cette question, justement au moment où celle-ci se pratiquait d'une manière débridée dans le pays. L'objectif de la droite est de disqualifier l'État et la gauche qui valorise l'État comme instrument de transformation démocratique de la société. Le caractère sélectif des dénonciations est évident lorsque le seul sujet des médias sont les plaintes au sujet de la Petrobras, tandis que HSBC et le cas appelé Zélotes [1] (énorme scandale de fraude fiscale impliquant de grandes entreprises NdT) sont complètement occultés. Quelle est la différence ? C'est que la première dénonciation implique l'État, en tentant de montrer que c'est l'État qui est à la source de la corruption, avec tous ses organes et ses tentacules (…) Lire la suite »

Nous sommes tous Cristina (Carta Maior)

Emir SADER

Nous sommes tous Cristina parce que tous nos pays sont victimes de manipulations odieuses du genre de celle dont est aujourd'hui la cible Cristina Kirchner et la démocratie argentine.

Cadavres exquis, le célèbre film du réalisateur italien Francesco Rosi, récemment décédé, se déroulait en Sicile et soulignait déjà la manipulation de cadavres dans des circonstances politiques. Si nous étudions l'histoire politique de l'Amérique latine, nous sommes souvent confrontés à ce mélange macabre de morts et de politique. La propre victoire électorale de Salvador Allende en 1970 au Chili, a été compromise par l'apparition, mort, du commandant en chef des forces armées dans une tentative désespérée des golpistes pour empêcher la prise de fonctions du président socialiste. Plus récemment, sur le parcours vers la victoire de Dilma dans le premier tour des élections présidentielles, un accident d'avion aux causes à ce jour peu éclaircies causa la mort d'un candidat et son remplacement par un autre dans la course à la présidence, redistribuant les cartes dans le jeu et conduisant presque à la victoire de la droite (au Brésil, mort d'Eduardo Campos et son remplacement par (…) Lire la suite »

Brésil : Marina Silva ne laisse aucun doute sur son projet (Pagina 12)

Emir SADER

(Marina Silva est ex-membre du Parti des travailleurs (PT) et a été sénatrice avant de devenir ministre de l'Environnement du gouvernement Lula de 2003 à 2008. Candidate à l'élection présidentielle de 2010 pour le Parti vert du Brésil, elle arrive troisième avec près de 20% des voix. Après avoir échoué à créer son propre parti, elle rejoint en 2013 le Parti socialiste brésilien (PSB) et aurait occupé le poste de vice-présidente en cas de victoire du candidat Eduardo Campos pour l'élection présidentielle de 2014. Après la mort de ce dernier dans un accident d'avion le 13 août 2014, elle est désignée candidate du PSB.)

Il y a quelques semaines, Marina Silva a lancé sa candidature à la présidence du Brésil. Dans son programme, trois points se distinguent par leur importance : l’indépendance de la Banque centrale, une importance moindre donnée au Pré-sal et au Mercosur, ce dernier étant remplacé par des accords bilatéraux. Ces trois points ne sauraient être plus plus significatifs, car ils entrent directement en conflit avec les orientations des gouvernements de Lula et de Dilma. Les trois, ensemble, pointent sur un projet d'orientation nettement néolibérale. L'autonomie de la Banque centrale est l'une des thèses les plus préconisées par les recettes néolibérales. Elle provoque l'affaiblissement de l'État et le renforcement du centralisme du marché, alors que cette indépendance de la politique monétaire est normalement l’oeuvre du gouvernement, qu’il applique à un modèle de développement économique inextricablement lié à la répartition du revenu. Retirer au gouvernement son contrôle de la (…) Lire la suite »

La révolution latino-américaine doit produire sa propre théorie

Emir SADER

Il manque encore à l’Amérique latine, continent de révolutions et de contre-révolutions, une pensée stratégique capable d’orienter des processus politiques riches et diversifiés, et qui soit à la hauteur des défis à relever. Malgré une forte capacité analytique, d’importants processus de transformation et des dirigeants révolutionnaires emblématiques, le continent n’a pas produit la théorie de sa propre pratique.

Les trois stratégies historiques de la gauche ont pu compter sur des forces à la direction vigoureuse - partis socialistes et communistes, mouvements nationalistes, groupes de guérilla - et ont mené des expériences de profonde signification politique : la Révolution cubaine, le gouvernement d'Allende, la victoire sandiniste, les gouvernements post-néolibéraux au Venezuela, en Bolivie et en Equateur, la construction de pouvoirs locaux comme au Chiapas, et les pratiques de budgets participatifs, dont la plus importante eut lieu à Porto Alegre. Cependant, il n'existe pas de grande synthèse stratégique qui nous permette d'utiliser les bilans de chacune de ces stratégies, ni un ensemble de réflexions qui puisse favoriser la formulation de nouvelles propositions. Le fait même que ces trois stratégies aient été développées par des forces politiques distinctes a empêché la formation de processus communs d'accumulation, de réflexion et de synthèse. Tant que les partis communistes eurent (…) Lire la suite »
Entretien avec Emir Sader (l’Humanité)

« Démarchandiser pour avancer vers le socialisme »

Emir SADER

Sociologue et philosophe brésilien, il est l’un des fondateurs du Forum social mondial. Il analyse les facteurs qui ont contribué aux victoires de la gauche en Amérique latine.

L'élection d'Hugo Chavez en 1998 au Venezuela date un basculement quasi général du continent à gauche. Quels sont les facteurs à même d'expliquer ces victoires à répétition ? Emir Sader. Apparemment ces facteurs sont contradictoires mais, d'un point de vue dialectique, la racine fondamentale est le rejet du néolibéralisme. Durant les années 1990, l'Amérique latine n'a pas été seulement le berceau du néolibéralisme mais son paradis. A cette époque, le continent a la gueule de bois. La réaction épidermique des mouvements radicaux contre le néolibéralisme a conduit à déloger du pouvoir les gouvernements de cette mouvance. On assiste à une réaction populaire contre la politique de la concentration de la rente et de l'exclusion sociale. Comment ce continent est-il devenu le laboratoire du modèle hégémonique ? Emir Sader. Les dictatures militaires et les gouvernements de droite ont cassé la capacité de résistance du mouvement populaire. C'est sur cette brisure qu'ils ont construit (…) Lire la suite »

Etapes dans la lutte contre le néolibéralisme

Emir SADER
La lutte contre le néolibéralisme a déjà toute une Histoire derrière elle. Elle est passée par plusieurs étapes (de la résistance, à l'élaboration d'alternatives) et doit aujourd'hui affronter la violente contre-attaque de la droite. L'année où fut inauguré le Traité de Libre Echange d'Amérique du Nord (ALENA ndt) -1994-, les zapatistes avaient appelé à la résistance contre cette nouvelle vague hégémonique. Ignacio Ramonet lançait quant à lui, dans un editorial du Le Monde Diplomatique -1997-, un appel à la lutte contre la « pensée unique » et contre le consensus de Washington. Le Forum Mondial -2001- appelait pour sa part à la construction d'un « possible nouveau monde ». Quant aux manifestations contre l'Organisation Mondiale du Commece (OMC), qui avait commencé à Seattle en 2001, elles révélaient autant l'ampleur du malaise provoqué par ce nouveau modèle hégémonique qu'elles constituaient une véritable démonstration de force des mobilisations populaires. Il s'agissait-là d'une (…) Lire la suite »