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Le Monde Diplomatique (avril 2015)

Ce n’est pas tous les jours qu’on lit dans la grande presse un « éloge des syndicats » (Serge Halimi) :

Puisque chacun prétend se soucier de l’envol des inégalités, pourquoi cette analyse du Fonds monétaire international (FMI) est-elle passée à ce point inaperçue (1) ? En raison de ses conclusions ? Dans une étude présentée en mars dernier, deux économistes issues de ce temple du libéralisme relèvent « l’existence d’un lien entre la baisse du taux de syndicalisation et l’augmentation de la part des revenus les plus élevés dans les pays avancés durant la période 1980-2010 ». Comment expliquent-elles ce lien ? « En réduisant l’influence des salariés sur les décisions des entreprises », l’affaiblissement des syndicats a permis d’« augmenter la part des revenus constitués par les rémunérations de la haute direction et des actionnaires ».

Selon ces économistes du FMI, « une moitié environ » du creusement des inégalités que les libéraux préfèrent traditionnellement attribuer à des facteurs impersonnels (mondialisation, technologies, etc.) découlerait du déclin des organisations de salariés. Doit-on s’en étonner ? Quand le syndicalisme, point d’appui historique de la plupart des avancées émancipatrices, s’efface, tout se dégrade, tout se déplace. Son anémie ne peut qu’aiguiser l’appétit des détenteurs du capital. Et son absence, libérer une place qu’envahissent aussitôt l’extrême droite et l’intégrisme religieux, s’employant l’une comme l’autre à diviser des groupes sociaux dont l’intérêt serait de se montrer solidaires. »

Pour la bonne bouche, je me permets de renvoyer à mon article publié il y a sept ans dans Le Grand Soir.

Dans un remarquable article de synthèse, Martine Bulard fait le procès de la Loi Macron, le choix du « toujours moins ».

On ne change pas une politique qui perd. Ni la déroute subie lors des élections départementales, ni l’ancrage de l’extrême droite, ni la montée du chômage ne calment les ardeurs libérales du président François Hollande et de son premier ministre Manuel Valls. En témoigne le projet de loi de M. Emmanuel Macron.

Pierre Daum enquête sur « ces harkis restés en Algérie » :

Abandonnés par le gouvernement français, des milliers de supplétifs de l’armée furent assassinés dans les mois qui suivirent l’indépendance. Pourtant, la plupart des harkis continuèrent à vivre en Algérie avec leurs familles. Depuis cinquante ans, ces témoins d’une histoire coloniale plus compliquée que les schémas acceptés sur les deux rives de la Méditerranée sont victimes d’une relégation sociale quasi institutionnalisée.

Pour Pierre Rimbert, le Dr Folamour est à Athènes :

Peu après la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro consacrée à la situation financière en Grèce, le 20 mars, la chancelière allemande Angela Merkel définissait la marge de manœuvre dont disposait le premier ministre Alexis Tsipras par rapport au programme présenté en décembre dernier par son prédécesseur de droite : « Le gouvernement grec a la possibilité de choisir différentes réformes en suspens depuis le 10 décembre et de les remplacer par d’autres dès lors qu’elles ont le même effet. » Mais quel « effet », justement ?

Du taux de suicides ascensionnel (+ 35 % après les mesures d’austérité de juin 2011) aux malades mourant faute de médicaments, les résultats du traitement infligé par les eurocrates au peuple grec évoquent une expérimentation de dislocation sociale menée à grande échelle. Ce tableau crépusculaire s’est enrichi de nouveaux détails grâce à une étude publiée le 19 mars par la Fondation Hans-Böckler, proche de la Confédération allemande des syndicats. Conduite par deux professeurs d’économie, elle dresse le bilan de cinq années d’austérité sur les revenus d’un échantillon de deux cent soixante mille ménages grecs.

Razmig Keucheyan nous rappelle que les démocraties sont périssables :
Selon une conception largement répandue, l’instauration du suffrage universel constitue l’aboutissement du processus démocratique : tout retour en arrière serait impossible. Pourtant, envisagée au niveau mondial, la conquête du droit de vote est loin d’être linéaire. Faite de fréquents reculs, elle a nécessité des mobilisations populaires d’autant plus vigoureuses qu’elle pouvait infléchir le destin collectif.

São Paulo est à sec (Anne Vigna) :

Les manifestations se multiplient dans les grandes villes du Brésil. Aux marches organisées par l’opposition de droite s’ajoutent les protestations des déçus du Parti des travailleurs (au pouvoir depuis 2003). Dans l’Etat de São Paulo, c’est la question de l’eau qui cristallise le mécontentement : la région connaît l’une des plus graves pénuries de l’histoire du pays. Les coupures peuvent durer plusieurs jours...

Toujours au Brésil, le Parti des travailleurs a opéré un virage à droite (Breno Altman) :
Corruption, contexte économique défavorable, popularité en berne… Confrontée à de multiples difficultés, la présidente brésilienne Dilma Rousseff aurait pu choisir l’audace. Elle a préféré céder aux aux exigences de la finance. exigences de la finance.

Un article intéressant sur le conglomérat indien Tata (Jyotsna Saksena) :
En Lorraine, où il produit des rails d’acier à Hayange, l’indien Tata fait figure de « gentil » face à son compatriote Mittal, qui a brutalement fermé les deux derniers hauts-fourneaux. Cela ne l’a pas empêché de se retirer en vendant sa filiale. En Inde aussi, la course à la rentabilité secoue la multinationale, qui a jusqu’à présent réussi à combiner paternalisme, nationalisme et capitalisme.

Les Africains en sont-ils réduits à « Taper sur un monde creux pour le faire résonner » (Jacques Denis) :

Du 16 au 18 mars, cinq jeunes Sénégalais du mouvement Y en a marre (YEAM) ont été détenus à Kinshasa, où ils étaient venus promouvoir la démocratie. Expulsés, ils sont rentrés à Dakar, d’où YEAM secoue la vie politique depuis 2011 et inspire les pays voisins, du Burkina au Nigeria.

David Commeillas a été le témoin d’un coup de Balai citoyen au Burkina Faso :
Non violent, animé par des jeunes, le Balai citoyen incite les Burkinabés à s’engager. En octobre 2014, il a joué un rôle décisif dans la chute du président Blaise Compaoré.
« C’est trop facile de jouer au rebelle dans les clips, mais de ne pas se mouiller quand se présente concrètement l’occasion d’améliorer la situation du pays, martèle le rappeur Serge Bambara, alias Smockey. Nous n’avions pas d’autre choix que de nous impliquer, car ce sont les gens, le public lui-même qui nous a demandé d’aller parler en son nom. » Si ce musicien de 43 ans, auteur de plusieurs tubes dénonçant la corruption politique en Afrique. s’exprime à la première personne du pluriel, c’est qu’il n’est pas seul. En compagnie du chanteur de reggae Sams’K Le Jah, il a fondé l’association Le Balai citoyen en 2013. Ce collectif a joué un rôle essentiel lors des manifestations qui ont abouti à la démission forcée du président du Burkina Faso, M. Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014, après vingt-sept ans de règne.

Tandis qu’au Nigéria, les internautes donnent de la voix (Alain Vicky) :

Dans un pays qui, comme le Nigeria, compte soixante-cinq millions d’internautes, il n’est pas rare que les réseaux sociaux s’agitent. Comme ce samedi 7 février, vers midi, quand la Toile relaie une nouvelle transmise par l’agence Reuters depuis Dakar (Sénégal) : prévues pour le 22 février, les élections présidentielle et parlementaires, qui se résument à un duel opposant le président sortant, M. Goodluck Jonathan, au général à la retraite et ancien dictateur Muhammadu Buhari, sont repoussées au 28 mars. La Commission électorale nationale indépendante estime que l’armée, aux prises avec Boko Haram dans le nord du pays. n’est pas en mesure d’assurer la sécurité du scrutin. « Depuis ce report, confie la chanteuse et militante Aduke Ayobamidele Aladekomo, je commence à avoir peur. Des messages de plus en plus violents envahissent les réseaux sociaux. »

Pour Patrick Haimzadeh, En Libye, ce n’est pas le chaos, c’est la guerre :

Dans un contexte de violences entre factions rivales, l’offensive du général Khalifa Haftar contre les islamistes aggrave les fractures qui divisent les Libyens. Si les négociations entamées sous la houlette des Nations unies se poursuivent, la présence de groupes affiliés à l’Organisation de l’Etat islamique renforce l’éventualité d’une intervention étrangère, aux conséquences plus qu’incertaines.

Vicken Cheterian évoque Le génocide arménien et ses vies ultérieures :

L’arrestation et l’exécution des élites intellectuelles arméniennes d’Istanbul dans la nuit du 24 au 25 avril 1915 marquent le début du génocide. En quelques mois, les deux tiers des Arméniens de l’Empire ottoman, soit environ un million trois cent mille personnes, disparaissent. Depuis cent ans, toutes les minorités de Turquie payent le prix de l’impunité et des dénégations de l’Etat.

Peut-on en finir vraiment avec le terrorisme (Alain Gresh) ? :

Les attentats de Tunis et de Sanaa viennent de confirmer que les pays musulmans sont les plus touchés par les actions djihadistes contre les populations civiles. Le dernier numéro de « Manière de voir » rappelle également que, si elle permet de mobiliser l’opinion, la « guerre contre le terrorisme » contribue à l’aggravation des problèmes politiques sous-jacents, notamment au Proche-Orient.

Frédéric Lordon propose une critique sévère du dernier livre de Thomas Piketty qui n’a pas lu – c’est lui qui le dit – Le Capital :

Un ouvrage d’économie exigeant et long ne peut s’écouler par centaines de milliers aux Etats-Unis, en Europe ou en Chine sans réussir à capter l’esprit d’une époque. C’est le cas du « Capital au XXIe siècle », de Thomas Piketty, consacré à la montée des inégalités. L’analyse autant que la solution proposée refléteraient-elles la myopie du regard que nous portons sur le monde économique ?

Éric Dupin pense que les écologistes ont tout raté :

Même si les thèmes liés à l’environnement occupent largement la scène publique, les partis qui placent ces questions au cœur de leur engagement ne passent pas la rampe électorale. Idéologiquement et tactiquement divisés, les écologistes français, qui viennent d’essuyer un désaveu lors des scrutins départementaux, semblent se préparer à une nouvelle scission.

Le Monde Diplomatique reprend un texte de Roger Vaillant sur « la politique au village » :

Romancier, essayiste et dramaturge, Roger Vailland (1907-1965) a également connu une longue carrière de journaliste. Jusqu’à sa mort, cet homme d’engagement, grande figure de dandy rouge, a écrit sur de nombreux sujets. Le Temps des cerises publie le recueil de ses articles (« Sacré Métier ! Roger Vailland, journaliste »), qui sort le 23 avril. L’un d’eux, paru dans l’hebdomadaire communiste « Action » le 28 septembre 1945, relate la transformation d’un village français.

Les AMD ne sont pas des amis comme les autres (Clea Chakraverty) : Depuis sa création en 1996, l’association des Amis du « Monde diplomatique » (AMD) contribue à l’indépendance du mensuel dont elle est actionnaire. Regroupant plusieurs milliers de lecteurs motivés, elle constitue aussi un réseau actif de diffusion informelle des analyses et des valeurs du journal. Plongée dans un collectif militant.

Johan Popelard analyse l’imaginaire monumental des milliardaires :

Voilier, oiseau, rêve aérien, les bâtiments conçus par Frank Gehry suscitent une admiration sincère que l’architecture contemporaine rencontre assez rarement. Mais si son esthétique s’inscrit si aisément dans l’air du temps, c’est également parce qu’elle transpose idéalement les valeurs de la modernité telles que les énonce le libéralisme d’aujourd’hui.

En dernière page, Pierre Rimbert associe Pétrole et paranoïa :

Et l’éclair vint au génie. C’est en pensant très fort à l’Iran et au Venezuela que l’éditorialiste du New York Times Thomas Friedman conçut en 2009 la « Première Loi Pétropolitique » — exigez les majuscules : « Dans les Etats riches en pétrole, le prix du brut et les libertés varient toujours en sens inverse. » Attention, précise Friedman, une physique particulière s’applique aux gentils pays où ses livres s’écoulent par brouettées. « Le Royaume-Uni, la Norvège, les Etats-Unis, par exemple, échappent à la Première Loi Pétropolitique. »

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Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

William Blum

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