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Le PIB de Chine devant celui des États-Unis : un signal symbolique

Le rapport du FMI[1] publié en mois d’octobre de l’année en cours a corroboré les prévisions d’économistes ayant prédit le classement de la Chine en première position devant les Etats-Unis d’Amérique en termes de produit intérieur brut (PIB), calculé en parité de pouvoir d’achat (PPA). En effet, pour cette année 2014, le PIB de la Chine atteindra les 17.632 milliards de dollars, tandis que celui des EU 17.416 milliards de dollars, soit respectivement un poids de 16,5% et 16, 3% dans le PIB mondial. L’institution de Bretton Woods prévoit un creusement de cet écart à l’horizon de l’année 2019, où le PIB de la Chine passera à 26500 milliards USD, contre seulement 22000 milliards de dollars pour les EU.

Il est fort de constater que la vitesse de kérosène de la machine de croissance économique de la Chine a été enregistrée depuis le début des années 2000, notamment à l’occasion de son adhésion à l’organisation mondiale du commerce (OMC), en novembre 2001. Faut-t-il rappeler que durant cette période le PIB (exprimé en PPA) des EU était trois fois plus important que celui de la Chine. L’écart a été réduit presque de 50% en 2004, soit 13774 milliards de dollars pour les EU et 7466 milliards de dollars pour la Chine. Cependant, la croissance économique chinoise a été perturbée par la crise de 2008. Elle reste vulnérable aux chocs extérieurs puisque elle est tirée à hauteur de 70% par les exportations. D’où l’impératif de développer un marché national intégré et de multiplier les partenaires régionaux.

Il est vrai que cet indicateur de mesure reste quantitatif et ne reflétant pas réellement la vraie richesse d’un pays ou la prospérité de ses habitants, d’ailleurs la Chine est très mal classée en termes de PIB par habitant (89eme place en 2013), néanmoins, il sert à comparer et à classer l’évolution de la création de la valeur ajoutée par les pays. Cet indicateur est fort symbolique dans le classement des poids économiques des pays dans le monde. La Chine a donc déclassé ne serait-ce que symboliquement les Etas Unis d’Amérique. C’est un signal pas des moindres qui intervient dans un contexte non seulement agité par des guerres larvées des monnaies, des technologies et de contrôle des ressources énergétiques, mais aussi de bouleversement géopolitique actionné par les puissances occidentales et visant à freiner l’émergence spectaculaire des pays communément appelés les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

La Chine, locomotive des BRICS a, pour sa part, élargi son action géoéconomique en direction de 20 pays asiatiques, à travers la création d’une banque régionale, dotée d’un capital de 50 milliards de dollars et localisée à Pékin, spécialisée dans le financement des infrastructures. Cette banque est considérée par les économistes comme rivale de la banque mondiale. A noter aussi que les BRICS ont créé en juillet 2014 deux institutions financières, une banque de développement et un fonds de réserve visant à soutenir et stabiliser financièrement leurs économies, et constituer une marge de protection à l’égard des chocs provoqués par la vulnérabilité du système financier international.

La Chine, consciente de l’importance des accords économiques bilatéraux et multilatéraux, ne cesse, pour soutenir ses exportations qui conditionnent sa croissance économique, de diversifier et actionner sa diplomatie économique en faisant de l’action commerciale non pas une finalité mais un moyen lui permettant d’établir des relations économiques et politiques durables avec les pays en voie de développement notamment africains. Les échanges entre l’Afrique et la Chine sont passé de 10 milliards de dollars en 2000 à presque 200 milliards de dollars en 2013. Contrairement, à ce qu’on pourrait habituellement imaginer, l’avantage de ces échanges a bel et bien profité à l’Afrique en lui permettant d’exporter vers la Chine environs 113 milliards de dollars, contre 85 milliards d’exportations chinoises. « Lors du 5e Forum sur la coopération sino-africaine (FSCA), tenu à Pékin en 2012, la Chine avait annoncé la mise en œuvre du « plan spécial pour le commerce avec l’Afrique »[2].

Lors de ce Forum, Pékin a accordé des exemptions douanières et un régime tarifaire très avantageux pour les 35 pays africains avec lesquels elle a signé des accords bilatéraux. Pékin a lancé un programme de formation de 30000 Africains répartis sur plusieurs secteurs, offrir 18000 bourses aux étudiants et faire dépêcher 1500 praticiens de la santé pour des personnes malades de cataracte. La promotion du tourisme en Afrique bénéfice à son tour de l’aide chinoise. Ainsi, l’Afrique est devenue une destination de plus d’un millions de Chinois chaque année.

Cette politique chinoise en Afrique continue à intéresser et fidéliser les pays africains et par voie de conséquence à faire peur aux puissances occidentales, notamment la France et les Etats Unis d’Amérique.

C’est une stratégie bien réfléchie par Pékin, visant à construire des relations durables avec l’Afrique, sans pour autant reproduire la politique de domination économique pratiquée durant des décennies par les anciens colonisateurs. La Chine voit loin, elle est en train de construire une offensive économique à partir de l’Europe contre les États-Unis.

ACHIR Mohamed
Enseignant Chercheur
Université de Tizi-Ouzou

[1] http://www.imf.org/external/ns/cs.aspx?id=29

[2] Voir l’article publié dans le Jeune Afrique, « la chine présente sa nouvelle stratégie en Afrique », 30 Août 2013.

»» http://www.libre-algerie.com/le-pib...
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