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Ô niçois qui mal y pense

Je reviens de Nice et je fais acte de contrition. Je l’avoue...J’avais des tas d’a priori et même de b-priori, de c-priori...22 heures de train plus tard, l’équivalent d’un vol Paris-Caracas, je m’essaie à un premier bilan, globalement positif.

Ô les transversales ferroviaires et leur exotisme garanti ! Ô le chant des portables dans un wagon bondé ! Ô les confidences confiées à tous, les réflexions ontologiques : « je suis à Sète, la mer est bleue, ne laisse pas sortir le chat » ! Ô le confinement prolongé qui infantilise et solidarise peu ! Ô les inimitables sandwichs du rail !

17h et plus...Arrivée en gare de Nice valise pleine de clichés. Conférence débat sur le pouvoir populaire dans les processus révolutionnaires en Amérique du sud...

18h30, l’amphi est bourré comme un déneigeur. Le « nouveau monde » fait recette. Va-t-on y demander l’asile ? Non !! selon le conférencier, la solidarité la plus efficace passe par « le combat contre le capitalisme, ici et maintenant ». Les amphy-trions (« Les Amis de la liberté ») font un remarquable boulot de reconquête idéologique (« Nous avons été battus, donc... ») et d’éducation populaire. Débat riche, vif, original, coloré... et avec l’assent.

22 heures : restaurant : le choix entre pâtes et pâtes. Le menu est traduit en russe .« Ne chante pas "Ay Carmela", ici cela pourrait indisposer ». Louis, l’ancien maire de la Trinité a gardé (l’animal !), la fourchette d’un premier magistrat... Magistrat aussi et avocat international, ex doyen universitaire, le rouge (aux cheveux blancs) Robert, qui a "l’éméritat" universitaire...et le mérite.

On m’impose démocratiquement le « dessert unique », comme jadis... le tiramisu maison de maison (à déconseiller pour maigrir). La place Garibaldi et son style sarde me fascinent. Au milieu, la statue de Giuseppe (Joseph) le révolutionnaire Garibaldi, patriote, bandit, personnage romanesque, libertador de l’Italie... Exilé de 1835 à 1848 au Brésil, en Uruguay, en Argentine ; il prend part aux combats libérateurs... On dit même qu’il acheta pour ses hommes un lot de tuniques-gilets, rouges, initialement destiné aux ouvriers des abattoirs de Buenos Aires... Des « chemises rouges » pour que le sang, moins voyant, n’impressionne pas.

Le lendemain matin, je prends le maquis avec « Enrico » , et je vais de claque en claque. D’abord : la toponymie des rues : Virgile Barrel (député communiste de 1936 aux années 1970), place Max Barrel (fils de Virgile, massacré à Lyon par Klaus Barbie). Et le Jardin Soumy, du nom de guerre du chef des FTP, ouvrier aux usines Michel... La ville s’est libérée (seule) le 28 août 194. Et puis le boulevard Pierre Sémar... Tous, tous, communistes, et de belle mémoire... Ô qu’ils sont petits à côté de ces grandes figures les « bébés Médecin », les UM-Péistes estrosistes qui maintiennent le cap !

On se bouche le nez et les oreilles et on prend le « chemin des forestiers », à la conquête du Mont Alban (clin d’œil à Manuel !) et d’une vision panoramique de baies, rades, corniches, collines rocheuses qui descendent vers la mer, de bateaux de croisière de 300m de long, et d’une forêt de yachts....

Et le port : un magnifique écrin, préservé grâce à la lutte des communistes. Cette ville blanche fut aussi rouge...Aujourd’hui, les Niçois d’origine n’y sont que 17%. Des milliers d’immigrés (des bons ceux-là !), plus de 80 nationalités, avec ou sans papiers, mais très-très friqués, « célèbres pipeuls », ont fait main basse sur la ville, séquestré son urbanisme, son immobilier, ses prix, son passé, sa beauté. La Baie des Anges, du nom (déformé) d’un poisson, m’a-thon- assuré, ne déploie plus ses ailes.

Manuel, si tu me lis, ne touche surtout pas aux riches. Ils savent si bien préserver le patrimoine, magouiller en toute impunité, se reproduire entre eux, cajoler et ouvrir les bras à tous les convertis au veau d’or, à tous les apostats (toi, tu n’en es pas, tu as toujours lorgné à droite). Tu as raison : entre la richesse de droite (ou de gauche), entre l’austérité de droite (ou de gauche), il n’y a plus de clivages. Soyons réalistes : le monde va comme il va. La résignation est une vertu pragmatique et moderne, de gauche version nouvelle droite.

Ô qu’ils valsent bien les bateleurs (politiques) de la foire aux affaires ! Ô qu’à force de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas... un jour, nous les ferons valser vite, très vite ; à leur donner le tournis de classe.

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