RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
14 

Quand Emmanuel Macron prend une averse

Dans les grandes banques d’affaires, comme celles des Rothschild, presque tout est rédigé en sabir anglo-américain, donc on pense en sabir anglo-américain.

Malgré de longues études dans un lycée de jésuites bien français, le surdoué Macron n’a pas échappé à la règle.

Invité dans une réunion de patrons (où l’on reconnaît Madame de Menthon, née Sophie-Marie-Clarisse-Anne-Bernadette Turpin), et même en tant que Secrétaire Général adjoint à la Présidence de la République, il ne peut s’empêcher de produire ce charabia de colonisé dans sa tête :

"Nous sommes une société mature mais averse au risque où l’entreprenariat est insuffisamment considéré et où règne l’anarcho-syndicalisme."

Je passe rapidement sur la référence à l’anarcho-syndicalisme qui témoigne soit d’une singulière bêtise politique, soit plutôt (car l’homme n’est pas bête) du désir de plaire à ses bons maîtres. D’autant qu’il vient de concéder que "les normes sociales et autres" (notez le mépris de "et autres" et l’utilisation de "normes" à la place de "lois"), "les Français y sont attachés et on ne peut pas spontanément tout faire basculer." En d’autres termes, il faudra un peu de vaseline pour imposer la dictature, pardon l’hégémonie totale, du CAC 40. J’ajouterai que, malgré une pratique syndicale de près de 50 ans, j’ai croisé un maximum de trois pelés et un tondu anarcho-syndicaliste dans notre pays.

Je ne sais pas trop ce qu’est une société "mature", mais je devine. En revanche, l’expression "une société averse au risque" me scandalise. Voilà un exécrable exemple d’anglais en français. L’expression "averse à" n’existe pas dans la langue des jésuites français. En revanche "to be averse to doing" signifie "répugner à faire". "I am not averse to an occasional drink" signifie "j’aime bien boire un petit coup de temps en temps".

Si je voulais pinailler, je terminerais en signalant que "l’entreprenariat est insuffisamment considéré" est un calque de l’anglais ("entrepreneurship is insufficiently considered"), avec l’utilisation de la voix passive, et aussi dans la mesure où les verbes "to consider" et "considérer" ne sont pas parfaitement superposables.

Alors comme ça, ce jeune homme a épousé sa prof de français et il est toujours aussi approximatif dans sa langue maternelle ! C’est bien triste. Mais quand on pense dans une langue autre que la sienne, on pense mal.

Bernard Gensane

URL de cet article 26817
   
Même Auteur
En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le prix à payer pour être présenté par les média comme un candidat "responsable et sérieux" est généralement d’être en accord avec la distribution actuelle de la richesse et du pouvoir.

Michael Lerner

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.